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UNE ALLUMETTE SUR LA BANQUISE

(1993)

par Serge Thion

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Chapitre six

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On s'étonne de voir un homme qui a pris des positions si marginales, si extrêmes, par rapport à son milieu israélien, entonner des antiennes si typiques de l'establishment juif conservateur, genre LICRA, relayées par Le Nouvel Observateur et autres organes de la presse du coeur. Ilan Halévi parle d'un nouveau "discours de la guerre" dont on ne voit pas très bien de quoi il s'agit, en dehors d'une allusion obscure au premier livre du pâle Glucksmann, du temps qu'il était le protégé de Raymond Aron, avant sa première éruption de maoïsme. S'agit-il du discours raciste? Dans ce cas, il n'aurait rien de très nouveau. Il existe, et d'autant plus virulent qu'il est interdit d'expression. Quoi qu'il en soit, ce prétendu nouveau "discours" serait "complexe chez Jacques Vergès ou Serge Thion, grossier, comme il se doit chez Le Pen" et il "tourne autour d'un axe unique: banaliser, relativiser l'horreur nazie, en la remettant "dans le contexte"". La "banalisation", je suppose, consisterait à dire que les juifs, qui sont des hommes comme les autres, ont souffert sous les Allemands, qui sont aussi des hommes comme les autres, et que toute cette histoire horrible, pleine de souffrances et de mort, est une histoire terriblement humaine parce que le Mal est en l'homme. Si l'on refuse ce point de vue, celui de la stricte humanité des bourreaux et des victimes, il faut alors que les uns la transcendent vers le Mal absolu et que les autres fassent un chemin inverse. Si l'on n'est pas dans cette "banalisation"-là, on est dans la théologie. Je ne dis pas que la théologie est illégitime, elle est la conséquence inévitable de toute croyance en la divinité qu'elle suppose nécessairement.

Or cette critique de la "banalisation" se trouve chez des gens qui ne défendent aucune croyance de ce genre. Ces agnostiques ne peuvent qu'impliquer une transcendance spécifique au peuple juif sans pouvoir ni l'articuler sur une élection divine, ni la revendiquer autrement que par une distorsion de l'histoire qui serait "unique" et "spécifique" du "peuple juif". Mais chaque histoire est unique. C'est l'interaction de ces unicités qui fait l'universel. C'est pourquoi jamais personne ne peut expliquer en quoi consiste précisément ce crime de "banalisation", sauf à imposer de manière terroriste le tabou. C'est le discours typiquement lanzmannien, que reprend ici sans même s'en rendre compte Ilan Halévi (qui semble assez dégoûté par les productions de Lanzmann). Voilà ce qu'il en coûte d'aller chercher ses idées dans les poubelles des rédactions, idées on ne peut plus "banales" en elles-mêmes. Ce nouveau discours, qui est donc lanzmanniquement banalisateur, "s'oppose, mais ce faisant, plus que toute autre chose, il alimente le discours dont il est la négation". Le piège qu'Ilan Halévi a creusé par négligence et manque de rigueur se referme donc sur lui: si les révisionnistes sont des négateurs, ils sont donc les inverses, symétriquement opposés, de ceux qu'ils combattent, ou qui les combattent. Jeu de miroirs. Mais la réalité est autre. Cette idée de "négation" est essentiellement un artefact inventé par ceux qu'Halévi dénonce justement comme "ceux qui embrigadent les morts au service de politiques inhumaines". S'il fallait s'en tenir étroitement à ce qui est le noyau de la polémique, la question des chambres à gaz, le discours révisionniste n'est pas un discours de négation; il dit que la réalité a été différente de la représentation que nous en avons. Il dit que certaines choses auxquelles nous avons cru, par des informations ou des témoignages qui se sont révélés erronés, n'ont pas existé, ce qui n'empêche nullement que d'autres choses, aussi horribles ou même davantage, aient existé, sur la foi de documents et de témoignages vérifiables. Dans ce sens là, tous les historiens et même les témoins les plus douteux ont fait aussi du révisionnisme à leurs heures.

Je ne prendrai qu'un exemple, celui d'un écrivain soviétique, juif, peu connu ici de son vivant, mais qui s'est taillé après sa mort une fort respectable gloire littéraire, Vassili Grossmann, avec son superbe roman Vie et Destin [(10)]. Or on a publié de lui, en 1945, chez Arthaud, qui l'a réédité en 1966, L'Enfer de Treblinka, où il explique, témoins à l'appui (probablement ceux qui ont parlé à Lanzmann trente ans plus tard), qu'à Treblinka on tuait avec des pompes à vide. On mettait les gens dans une pièce hermétique et une pompe en extrayait l'air. Il n'a d'ailleurs pas été le seul à produire cette affirmation. Cette fable a disparu de tous les ouvrages contemporains. Il faut bien une certaine dose de révisionnisme pour faire passer ainsi à la trappe le témoignage circonstancié d'un homme qui, après tout, est arrivé à Treblinka avec les troupes soviétiques bien avant tous les autres. Seulement ce révisonnisme là est honteux, caché, on évacue Grossmann en douce, on ne lui en veut pas, c'est un homme respectable qui se sera trompé. Grossmann témoin disparaît sans laisser de trace il ne reste que le grand romancier. C'est là tout le mal que l'on pourrait souhaiter aux Filip Muller, et autres Vrba (dont Nicole Zand, rendant compte dans Le Monde de la Nième version de ses mémoires dit que plus le temps passe, plus sa mémoire devient précise; un vrai miracle).

Ce qui est le plus étrange, ce n'est pas que Ilan Halévi reprenne le grossier discours des adversaires d'un révisionnisme qu'ils n'ont pas lu (et qui croient en toute innocence qu'il a été "réfuté" par les tours de passe-passe d'un Vidal-Naquet qu'ils n'ont probablement pas lu non plus, je veux dire lu avec un oeil critique) mais qu'il tienne simultanément des propos qui sont le fondement même de la nécessité du révisionnisme actuel: "Dans ce débat truqué, les chambres à gaz, dont Faurisson nie l'existence, sont devenues le symbole absolu: leur existence même, aux yeux des gardiens de l'horreur, prouve l'unicité de la barbarie nazie et l'unicité du martyre juif. Non pas un détail, mais le détail qui change tout, qui fait basculer cette horreur particulière dans une catégorie unique et solitaire à nulle autre inhumanité pareille. Telle est désormais la vérité à laquelle les gardiens du cimetière voudraient donner force de loi et, grâce à Le Pen, ils ne sont pas loin d'y parvenir". Je peux contresigner ce paragraphe. Vergès et moi pourrions signer une phrase qui vient bientôt après: "Car on n'a pas encore vu de scandales ni de condamnations pour négation ou banalisation du génocide des Africains dans la traite ou des indigènes américains dans la colonisation". Qu'est-ce qu'une analyse comme celle de Halévi qui alterne un phrase à la Faurisson avec une phrase à la Lanzmann, suivie d'une phrase à la Vergès? C'est un hybride typique, une chimère improbable née du confusionnisme contemporain: la pensée-tourniquet. Elle tourne comme un alternateur, touchant chaque pôle en suivant, tournant sans fin, produisant une sorte de bruit indistinct où tout et son contraire se mêlent sans que l'on puisse plus rien identifier. Nous vivons une époque terrible, où l'effondrement des dogmatismes, le dégel des pensées monolithiques ne laissent après eux qu'une soupe gluante, dans laquelle marchent les imprudents.

L'article de Halévi continue en tourniquant. Ce qu'il dénonçait à l'instant chez les révisionnistes, il le reprend à son compte: le discours de Nuremberg-- "discours d'Etats, avides de légitimité... qui tend, bien évidemment, à projeter sur le nazisme vaincu une nature absolument démoniaque, et à la limite absolument a-historique". "Le procès Barbie... spectacle édifiant... histoire censurée et confisquée... torchon, oripeau à s'arracher... aubaine pour les sionistes... occasion pour les Vergès, Faurisson et autres Thion de réentonner la chanson de la négation." Le tourniquet devient fou

Dans un paragraphe dont le sous-titre cherche délibérément à être insultant ("Faurisson piège à Thions" j'avoue que je trouvais plus amusant le "protocole des sages de Thion" d'un ectoplasme déjà ancien dont j'ai oublié le nom), Ilan Halévi nous fait un nouveau conte arabe. Il dit que, dans la préface à l'édition arabe du livre de Kapeliouk sur Sabra et Chatila, un certain Mahjoub Omar, qui se donne pour "militant égyptien du Fatah" révèle "qu'à la fin des années 70, Faurisson et ses amis (?) tentèrent de convaincre les dirigeants de l'OLP d'adopter leurs thèses révisionnistes et se heurtèrent à un refus définitif." Voilà une excellente occasion de mettre les choses au point. Ni Faurisson ni aucun de ses amis, que je sache, n'a tenté de convaincre les dirigeants de l'OLP de quoi que ce soit. Lorsque cette affaire a éclaté, en 1979, il s'est trouvé que certains intellectuels arabes ont voulu savoir de quoi il s'agissait. Nous avons appris ensuite que des personnes qui nous étaient au demeurant parfaitement inconnues avaient proposé à l'Institut d'Etudes palestiniennes à Beyrouth de publier quelque chose à ce sujet. Il y eut un débat qui se termina par un refus motivé essentiellement par le sentiment qu'il ne fallait pas heurter une opinion occidentale massivement pro-israélienne. Ce sont là des considérations politiques qui n'ont évidemment rien à voir avec les questions de fond. Cependant, la presse arabe n'ignorait pas certains développements de l'affaire.

Quelques personnes décidèrent que le débat pouvait bien être présenté à un public arabe supposé capable de juger par lui-même. Un éditeur de Beyrouth, "proche du Fatah", comme on dit, décida de publier une traduction arabe de Vérité historique ou vérité politique? Non seulement l'éditeur, la maison Dar al Kalima, proposait un contrat d'édition commercial de type courant, mais par une lettre du 15 décembre 1981, il m'invitait à Beyrouth pour "mettre la dernière main à la traduction", ce qui voulait dire que je devais fournir un chapitre complémentaire, pour amener la chronique de l'affaire Faurisson jusqu'à la fin de 1981, et une préface, que j'avais moi-même proposé de rajouter pour préciser ce que devait être, à mon avis, le bon usage de cette affaire dans le contexte arabe. Commencée en France, la rédaction de ces deux textes s'acheva à Beyrouth en janvier 1982. On sait que l'invasion israélienne a rendu cette publication impossible[(11)]. Pendant mon séjour, des portions de traduction arabe devaient déjà circuler. Je reçus donc la visite d'un secrétaire particulier de Yasser Arafat qui m'exprima l'intérêt que ce dernier portait à cette question, ainsi que son désir d'en discuter un jour avec moi. Les circonstances étaient telles que cette rencontre ne pouvait avoir lieu sur le champ et qu'on pouvait penser à la prévoir à mon prochain passage dans la région, que j'envisageais alors pour l'été. Les événements allaient en décider autrement. Il s'agissait à l'évidence de répondre à la curiosité suscitée par l'affaire chez quelqu'un qui souhaitait s'en informer et nullement de "convaincre" qui que ce soit de prendre quelque position que ce soit.

C'est aux Palestiniens de juger, selon leurs vues politiques-- qui sont évidemment très variées selon des tendances qui vont de l'extrême-gauche à l'extrême-droite-- de la position qu'ils auront à prendre. La chose arrivera un jour, c'est inévitable. Que la plupart de ceux qui vivent en Occident, conscients de ce que Ilan Halévi appelle "la toute-puissance institutionnalisée du discours judéophile", préfèrent une image de marque peaufinée qui distinguerait soigneusement entre la politique expansionniste et brutale d'Israel et le sionisme diffus d'une opinion publique que les Palestiniens doivent se gagner s'ils veulent réellement faire pression sur Israel, on le comprend parfaitement. Les considérations tactiques sont loin d'être négligeables. Qu'ils vivent dans la crainte de dire quoi que ce soit que l'appareil de propagande adverse puisse leur reprocher comme relevant de l'antisémistisme est assez ridicule au regard du fait que, quoi qu'ils disent, c'est toujours l'occasion de le leur reprocher en les accusant d'antisémitisme. Concernant des Arabes, c'est un paradoxe qui ne gêne guère ici.

Que certains d'entre eux, ou de leurs alliés, en rajoutent pour se ménager la considération et se faire accepter par une intelligentzia parisienne qui en fait une sorte d'examen d'entrée, on en voit le témoignage dans la façon dont Mohammed Harbi rend compte, dans le même numéro d'Etudes palestieniennes, du livre déjà cité de Vidal-Naquet. Harbi, que j'ai connu autrement radical à Alger pendant l'été 1962, souscrit aussi au lanzmannisme ambiant ("Cette politique [des nazis] distingue ses crimes à l'égard des juifs des autres massacres"). Dire que Vidal-Naquet "a su distinguer en historien scrupuleux la vérité des faits et l'utilisation qu'en font les idéologues" est la preuve manifeste, pour qui connaît les données du problème, que Harbi est en la matière, tout comme Vidal-Naquet, un idéologue qui ignore les faits. De grâce, laissons les historiens de l'antiquité ou ceux du FLN nous parler de l'antiquité ou du FLN, de ce qu'ils connaissent en matière de faits, et qu'ils nous épargnent, dans des domaines difficiles et sensibles, le prurit de paraître bons.

L'idéologie de la crainte et de l'humble désir de reconnaissance sociale apparaît d'ailleurs clairement: "L'écho que peuvent trouver chez certains Arabes les thèses révisionnistes ne nuit pas à l'impérialisme israélien. Elles le confortent dans ses agressions et lui facilitent toutes les analogies, y compris l'assimilation des Arabes aux nazis." Incroyable naiveté! Comme s'il était possible aux Arabes de faire quoi que ce soit qui pourrait interdire à "l'impérialisme israélien" de dire n'importe quoi et d'assimiler qui que ce soit aux nazis... Ce qui est en cause, j'ai peur de le soupçonner, c'est le statut social de l'intellectuel arabe exilé dans une grande métropole occidentale. Il est sans cesse sommé de se justifier, de renier ce qui se passe d'anti-occidental au Moyen-Orient, de se désolidariser des ennemis officiels de l'Occident (Libyens, Iraniens et autres), de montrer à chaque crise qu'il est bien en train de partager nos Grandes Valeurs (Démocratie, Droits de l'Homme, etc.), faute de quoi on le regarderait comme un sauvage, suspect d'incliner au terrorisme. Lorsque Jean Daniel entend sur la radio dans sa voiture que l'on parle de révisionnisme sur une radio libre tenue par des Arabes, il lance une véritable campagne de presse dans son journal, il somme les intellectuels arabes de se démarquer de cette entreprise satanique. Il trouve aussitôt quelques valets arabes de service, pour lui rappeler sans doute les yaouled de sa jeunesse à Blida, lui cirer les pompes, comme Tahar Ben Jelloun, un spécialiste en la matière qui saura toucher le juste prix de son dévouement. L'exil est toujours dur, il faut savoir naviguer, on peut comprendre ces nécessités. Mais comme tous les autres, cet opportunisme-là est vain, et surtout un peu triste. La radio en question, en tout cas, cessera d'émettre.

 

Revenons au tourniquet qui continue son inlassable giration: Halévi dit soudainement de Le Pen le contraire de ce qu'il disait plus haut, à savoir qu'il ne peut pas se démasquer puisqu'il n'a jamais porté de masque. Et puis on passe à l'antisémitisme qui "d'être absolument délégitimé, risque de disparaître, et donc de ne plus fonctionner comme danger", d'où sa manipulation par un sionisme qui a un besoin vital de l'antisémitisme pour se nourrir, au rôle d'écran qu'il joue pour cacher les vrais racismes de la société française, toutes considérations que Ilan Halévi trouverait sous des plumes révisionnistes s'il y avait prêté une quelconque attention. Et puis enfin, nouvelle contradiction: Halévi est hostile à la répression de "l'aberration faurissonienne", à ces projets de loi caressés par Mitterrand et Pasqua (et passés en douce par Chalandon). En ce qui concerne le racisme et la répression de son expression, il propose en revanche une sorte de répression généralisée: "Au lieu de s'irriter du caractère intouchable que revendiquent les juifs pour leur mémoire, leur histoire et leur identité, il vaudrait peut-être mieux réclamer l'extension de l'intouchabilité à la totalité des groupes humains, qu'il s'agisse ou non de groupes raciaux."

On confine là à l'absurde complet. Imaginons un monde où l'on serait continuellement obligé d'approuver tout ce que n'importe quel groupe serait amené à dire de lui-même... A côté de cela, le monde de Kafka paraîtrait d'une enfantine simplicité. (Signalons, à tout hasard, qu'intouchable signifie exclu, répugnant, dans le monde des castes).

Ce qui me frappe, et me paraît un signe marquant du confusionnisme ambiant, c'est la triple jonction mémoire-histoire-identité. Elle est au coeur de la plupart des débats qui agitent notre microcosme. Le plus surprenant est l'extraordinaire et soudaine promotion de la "mémoire" comme dépositaire premier d'une sorte de vérité transhistorique, supérieure à toutes les autres, et à laquelle l'histoire serait en quelque sorte subordonnée, comme une discipline ancillaire. Jusqu'à ces dernières années, c'était l'inverse. L'historien traitait la mémoire avec une grande suspicion, d'abord parce qu'elle est naturellement sélective et biaisée, ensuite parce qu'elle fonctionne toujours comme plaidoyer. Certes, aucun historien ne songe un instant à la rejeter mais il n'a de cesse de la confronter avec des documents du temps, qui n'auraient pas encore subi la lente altération de la mise en mémoire. Or aujourd'hui, de tous côtés-- mais la référence centrale reste évidemment ce qu'il est convenu d'appeler la mémoire juive-- on nous la donne comme le coeur philosophal de l'Histoire. Elle participe, mieux, elle enracine le présent dans le sacré des origines. Le plus curieux c'est que, dans pratiquement tous les cas, les nouveaux prêtres de la mémoire n'ont pas réellement vécu les événements dont ils se font les jalouses vestales.

Ces événements-- la déportation, la disparition-- ont été vécus par leurs parents ou par des connaissances qui, quand ils ont eu la chance de survivre et qu'ils acceptent de se souvenir, en parlent tout autrement, avec des hésitations, des doutes, avec le sentiment que leurs souvenirs sont parfois brumeux, que l'épuisement, la maladie, l'angoisse donnaient parfois à la réalité un aspect bizarre qu'ils ne retrouvent pas toujours quand ils retournent en pèlerinage sur les lieux de leur calvaire. Pour avoir beaucoup parlé avec beaucoup de ceux qui sont revenus, je sais que leur mémoire ne coule pas de source, qu'elle est hérissée de pointes douloureuses, coupée de plages de silence et d'obscurité. C'est la génération d'après qui a verbalisé tout cela, qui s'est efforcée de vivre par procuration ce qu'un cruel coup du sort lui a épargné. Les Lanzmann, les Vidal-Naquet, les Poliakov, les Steiner, les Klarsfeld et même les Jankélévitch, qui n'ont pas vécu la déportation, se sont crus investis d'une mission, celle de témoigner pour ceux qui avaient disparu. Noble tâche, qu'il eût fallu remplir avec autant de respect pour les faits que pour les hommes. Le devoir de vérité a été vite englouti par le désir d'une vengeance d'autant plus facile que l'ennemi était à terre. En outre, la voie était tracée par cent témoins survivants intéressés à refourbir une image que les affreuses nécessités de la vie des camps avaient quelquefois beaucoup ternie. C'est pourquoi Rassinier fut si scandaleux. Cette mémoire qui n'était encore qu'en voie de cristallisation, il en voyait les impuretés.

Mais la mémoire, passant imperceptiblement du souvenir vécu à la foi imaginée, sinon même hallucinée, est un objet de lutte entre détenteurs patentés, toujours tentés par l'amélioration ou la surenchère. Nous assistons à un phénomène typique de coalescence de ce qui se destine à être une foi religieuse. Les Evangiles, rédigés aussi dans les quarante ans qui suivirent l'événement central de leur croyance, portent les traces de ces conflits d'écoles d'interprétations. Ensuite vint l'élaboration d'une doctrine, et plus tard d'une Eglise [(12)]. Les Wiesel, les Klarsfeld, les Poliakov, les Wellers ne peuvent pas se sentir les uns les autres et luttent sournoisement pour imposer leurs propres vues sur les dogmes centraux. Les révisionnistes, dans cette galère, ne sont que des repoussoirs, des affreux paiens dont on règlera le compte quand la nouvelle orthodoxie, encore mal dégagée de sa gangue, sera devenue, dans sa pureté enfin élaborée, la doctrine officielle de l'Empire lui-même.

Le dernier terme de cette nouvelle trinité, mémoire-histoire-identité, est lui aussi le produit d'une promotion récente et fulgurante. Traînant dans les tiroirs d'une sociologie de la connaissance qui ne faisait pas vibrer grand monde, l'identité est devenue la pierre de touche des nouvelles convenances politiques. Le dix-neuvième siècle s'était posé la question de la nation, en avait forgé des conceptions d'ailleurs disparates et avait entrepris de les inscrire, par le fer et par le sang quand il le fallait, sur la carte de l'Europe d'abord et du monde ensuite. Rien n'échappera plus désormais à ce que je ne vois pas comment nommer autrement que la vérole identitaire. La première caractéristique de l'identité, nouvelle manière, est évidemment d'être un fourre-tout, un bric-à-brac idéologique où chacun met ce qu'il veut. Il ne peut pas y avoir de règle en la matière. Les déchets conceptuels du processus de nivellement et d'homogénéisation qui a conduit à la formation des nations modernes trouvent là à s'employer: traditions locales, langues minoritaires, ethnies plus ou moins définies, techniques anciennes de construction et d'outillage, tout ce qui n'est pas dans le fond directement politique peut être engouffré dans l'identité. C'est en partie le retour du refoulé par la pression nationalitaire mais aussi la nostalgie d'une vie sociale se reproduisant au rythme lent des périodes où les bouleversements de l'économie étaient encore localisés, à court rayon. Le plus magnifiquement paradoxal dans cette affaire, c'est que la quête de l'identité ne peut intervenir que chez ceux qui, à proprement parler, n'en ont plus: déracinés de toutes sortes, descendants d'émigrants ou d'esclaves aux Etats-Unis, déracinés des campagnes installés dans les mornes banlieues, déracinés d'Europe centrale ou orientale que les bouleversements de la guerre et du coup de Prague ont empêchés d'évoluer sur place, etc. Toutes ces masses de plus en plus grosses de gens qui n'ont plus comme identité réelle que leur fonction économique, souvent instable et transitoire, sont donc amenés à s'imaginer de ces identités nouvellement fournies par des intellectuels reconvertis. Tel pharmacien parisien se découvrira berrichon et s'efforcera de lire les vieux poètes qui écrivaient dans la langue du Berry, tel photocomposeur apprendra dans une langue qu'il ne parle pas des chants yiddish d'un ghetto disparu, tel avocat new-yorkais partira avec sa famille en pèlerinage à Dublin ou à Palerme à la recherche de ses "racines", complètement fantasmatiques, on le voit.

Mais il ne sera plus un pharmacien, un photocomposeur ou un avocat quelconque. Il aura un passé, forcément auréolé d'un prestige, il entrera dans un cousinage imaginaire avec des inconnus lancés dans la même recherche que lui. Il assiégera les mairies pour se constituer un arbre généalogique qui sente bon le terroir. Il prendra place dans une lignée, dotée de caractéristiques reconnues qui, enfin, le singulariseront. Il y a dans cette activité fébrile une triste compensation au laminage que l'industrie moderne fait subir à ceux qu'elle exploite et qu'elle gave d'objets de consommation, de représentations et d'images. Et si aujourd'hui de doctes assemblées savantes se réunissent pour se poser gravement la question de l'identité de la France, si un Fernand Braudel éprouve le besoin de consacrer ses derniers écrits à cette question apparemment devenue lancinante, c'est bien le signe qu'il est trop tard. Demandez à un villageois du Zaire ou de Birmanie s'il a des problèmes d'identité. Il ne comprendra jamais cette question, dans quelque langue que vous la formuliez. Son identité, il ne la connaît pas, il la vit. Et tout est là. Ce sont les petits peuples minoritaires, au bord de la suffocation, déjà travaillés au coeur par la modernité, qui se raccrochent à ce concept d'identité car elle leur assure un accès à l'opinion majoritaire, où peut se mener la bataille de la reconnaissance politique, liée en général à un statut économique singulier.

L'identité n'est qu'une fabrication de l'idéologie du monde où nous vivons, la production d'un sentiment de différence illusoire pour mieux faire passer une interchangeabilité réelle [(13)]. Son seul avantage est de fournir de nouveaux débouchés aux intellectuels en chômage, particulièrement ceux qui, bariolés d'une mince couche de "science sociale", cherchent un emploi dans le seul domaine où leurs compétences soient directement utilisables, la manipulation sociale. Il y a donc de beaux jours devant ces universitaires, journalistes et "communicateurs" professionnels; ils pourront vivre longtemps de la vérole identitaire, la répandre aux quatre coins du monde, en toute impunité, car on ne sait pas encore la soigner.

On voit que deux termes sur trois dans notre nouvelle trinité relèvent de l'imaginaire dramatisé. L'histoire est elle-même issue du besoin inhérent à tout pouvoir politique de se légitimer, de s'inscrire dans une généalogie qui l'enracine dans le sacré [(14)]. Elle n'est à vrai dire que partiellement laicisée, le carcan nationaliste lui imposant encore un fort champ de contention. Coincée entre une mémoire sacralisatrice et une identité onirique, on ne donnerait pas cher de sa peau si, au-delà de la querelle présente du révisionnisme, ne s'affermissait une sorte de consensus dans une partie de l'opinion pour élever une digue devant les grandes marées de l'irrationalisme. Quelle que soit l'issue, nous aurons pour notre part contribué à ralentir son déferlement. Mais pour l'arrêter, il y faut d'autres forces et d'autres déterminations de garder vivante la tradition de l'esprit critique, continuellement menacée par les pouvoirs et les fausses cultures dont ils s'enrobent pour se faire avaler.

 

 

Je ne voudrais pas terminer ce petit tour de quelques aspects du confusionnisme contemporain, dont Ilan Halévi m'a fourni malgré lui quelques thèmes, sans dire un mot de l'implosion prochaine de quelques cervelles philosophiques qui sont requises d'exprimer une pensée quelconque à propos de Heidegger. Il faut dire que les événements récents sont d'un comique achevé. Toute l'intelligentzia française entre en ébullition parce qu'un livre, au demeurant stupide et malhonnête, dit quelques vérités inextricablement mêlées à beaucoup de jugements de parti-pris, sur la vie d'un penseur qui domine ce siècle. Ces vérités, tous ceux qui avaient à les connaître les connaissaient depuis longtemps, depuis le lendemain de la guerre où tout cela a été dit et répertorié. En tant que penseur, Heidegger a cru pouvoir exercer une action dans son temps et son temps était celui de la montée et de l'installation du nazisme. Ayant quelque chose à voir avec son temps, il a eu à voir avec le nazisme, comme à peu près tous les Allemands de l'époque. En 1945, on comprenait très bien ces choses-là. Il y avait des comptes à régler, certes, et on les régla, sans douceur excessive. Mais, toujours en 1945, on comprenait l'époque puisqu'on venait justement de la vivre. On la savait traversée de courants violents, déchirants, impitoyables, agitée de divergences et de convergences inouies; on saisissait les affrontements et on se classait parmi eux. Dans le domaine de la philosophie, on assistait incontestablement depuis 1929 à l'érection d'un monument comme on en voit quelques-uns jalonnant les siècles. Que l'on se range ou non sous la bannière du maître de Fribourg, on ne pouvoir ignorer sa vaste entreprise. Pour être en désaccord avec elle, encore fallait-il la saisir dans son entier, en relever l'architecture, calculer l'équilibre des poussées des parties qui la composent. Quelques Français s'attelèrent à cette tâche. Des traductions de valeur fort inégale parurent. Certains textes fondamentaux restèrent longtemps hors de portée de ceux qui ne lisent pas l'allemand. En réalité, le travail d'assimilation, qui peut seul justifier l'accord, le rejet, ou un mixte des deux, est encore assez loin d'être terminé en France. Il s'ajoute à cela que l'édition complète des textes de Heidegger est loin d'être terminée en Allemagne, que cette édition même n'est peut-être pas sans poser des problèmes et que, par conséquent, il n'est pas encore possible de visiter le monument dans sa totalité. Il y faudra sans doute encore une génération ou deux.

Mais l'idée que la pensée philosophique contemporaine est en quelque sorte surplombée par ce monument allemand qui, comble de l'horreur, a quelque chose à voir avec le nazisme, cette idée est certainement intolérable pour quiconque voudrait régner sur la pensée ou proposer avec succès sa propre salade aux foules avides de consommation. Il s'est donc constitué une cabale pour produire un ouvrage destiné à mettre le feu aux poudres et signé d'un incertain Farias. Il semblerait qu'on y trouve l'impayable Jean-Pierre Faye, Benny Lévy, le Fantômas des maoistes, devenu successivement homme de peine de Sartre et apprenti-rabbin, Christian Jambet, fleuron des "nouveaux philosophes", imâmiste de pacotille à la suite de son maître disparu Henri Corbin, un vrai philosophe, celui-là, et justement l'un des tout premiers traducteurs en français de Heidegger.[(15)]

La polémique a fait rage immédiatement, et jusque sur les écrans de la télévision. Comme toujours, chaque intellectuel est supposé avoir une opinion sur le sujet, bien que la chose ne soit guère possible. Je n'entrerai pas dans la discussions de ces commentaires, parfois hystériques et rarement sérieux. J'évoquerai à peine celui d'Emmanuel Martineau, un esprit que j'aime bien même au-delà des désaccords, que sa position marginale par rapport à l'heideggerisme "institutionnel" oblige, pour montrer qu'il ne sent pas trop le soufre, à consacrer une bonne partie de son article, non seulement à balancer Heidegger pourvu qu'on sauve la phénoménologie, mais aussi à attaquer Faurisson par des affirmations fausses et inventées [(16)]. Mais le bougre avait reniflé juste, le premier dans la presse: son "maître et ami", Jean Beaufret, avait bien exprimé sa sympathie à Faurisson et à ses recherches, non pas en 1982 quand toute cette affaire était devenue publique, mais en 1978, quand Faurisson cherchait une voie vers l'affirmation publique. Les Annales, dans leur numéro trois, se sont empressées de mettre ce délicieux grain de sel dans la bouche des proférateurs.

La polémique ne peut que croître et embellir. L'implosion menace [(17)]. On attend des suicides. Car il existe une sorte d'impossibilité à résoudre l'équation. On ne peut pas comprendre le désir d'action d'un Heidegger dans l'Allemagne de ce temps-là si on ne comprend pas l'Allemagne de ce temps-là. Et cette compréhension, dont je disais qu'elle était encore possible en 1945, ne l'est plus puisque toute compréhension doit maintenant passer par une réfraction dans le prisme d'Auschwitz. Toute l'histoire allemande, et à sa suite toute l'histoire de la deuxième guerre mondiale, n'étant plus que des chapitres annexes de l'histoire des juifs, doivent passer dans ce prisme pour prendre un sens acceptable par les docteurs de la foi. Or Heidegger a négligé ou méprisé de passer lui-même dans ce prisme. Entre le passé et nous se dresse maintenant une histoire sainte, en voie de couronnement. On ne peut donc plus comprendre directement ce passé et cette Allemagne, donc on ne peut plus comprendre directement la vie de l'Allemand Heidegger, mais il est en même temps à peu près impossible de se débarrasser de sa pensée, au moins pour le moment. On est donc la genèse d'une schizophrénie galopante dont les ravages sont assez prometteurs. Le spectacle ne fait que commencer.

J'en terminerai avec une petit anecdote parisienne mais bien édifiante. J'assistais, en décembre 1987, pour un court moment, à un colloque sur le Viêt-Nam, organisé par des groupes d'extrême-droite, le Comité Tran Van Ba, de Paris, et le Committee to Rethink Vietnam, des Etats-Unis, en conjonction avec le lancement du livre d'Olivier Todd sur la chute de Saigon. A la tribune siégeaient des personnalités américaines et viêtnamiennes qui étaient pour moi de vieilles connaissances, William Colby, ancien patron de la CIA, Robert Komer, ambassadeur adjoint, différents généraux sud-viêtnamiens qui commandaient en chef sur le terrain à l'époque où j'étais moi-même sur place. Faisant un rapide calcul mental, je comptai que cette brochette de chefs devait être créditée de la mort de cent à deux cent mille civils, pour le moins. Les écoutant débattre savamment des causes de leur défaite et des moyens d'éviter qu'elle ne se reproduise la prochaine fois, en Amérique centrale, je me disais que l'affaire Barbie, à côté, c'était vraiment de la petite bière. Barbie, comme d'ailleurs le président Waldheim, n'était à l'époque qu'un lieutenant. Il y avait au-dessus d'eux des pyramides de chefs plus responsables qu'eux. Et là, sous mes yeux, à deux minutes des Champs-Elysées, se trouvaient justement des chefs, des gens qui avaient organisé les massacres, les camps de concentration, qui avaient ordonné les tortures et les assassinats. Ces gens étaient libres de pérorer, choyés, fêtés comme des héros, à qui l'on avait refusé la possibilité d'en faire plus, de massacrer davantage, pour arriver à la victoire.

Il y eut une pause café. Je n'y tins plus. Je n'avais jamais eu la chance, si je puis dire, d'avoir devant moi, en chair et en os, un authentique criminel de guerre, un auteur de crimes contre l'humanité, bien plus considérables sans aucun doute que ceux que l'on reproche aux lampistes du genre Barbie ou Demianjuk. J'avisai William Colby. Il sirotait son café. Cet homme avait conçu et dirigé ce qu'on appelait au Viêt-Nam le programme Phénix qui consistait officiellement à "extirper la VCI", l'infrastructure viêtcông, c'est-à-dire les civils faisant partie de l'appareil politique du Viêtcông, dans le Delta. Il ne s'agissait donc pas des unités militaires mais des militants, organisateurs, collecteurs de fonds, responsables de villages, sympathisants, etc. Ils devaient être éliminés pour permettre le repli américain. Les chiffres sont difficiles à préciser mais Colby lui-même a parlé de soixante mille victimes. Ce qui est absolument hors de doute, c'est que l'opération Phénix a coûté la vie à plusieurs dizaines de milliers de personnes, et souvent dans des conditions de sauvagerie incroyable. Et j'avais devant moi l'homme qui avait dirigé tout cela, avec son oeil dur et son teint rouge brique. "Monsieur Colby, lui dis-je, je voudrais vous poser une question très personnelle. Comment se porte votre conscience? Avec toutes ces tueries?" La main qui tenait ma tasse de café tremblait très légèrement. Chaque fibre de mon être vibrait d'une sorte d'horreur sourde. Je ne me sentais nulle envie de l'étrangler sur place, bien que cette idée se soit présentée un très bref instant. "Tous ces gens sont morts au cours d'actions militaires, répondit-il. J'ai témoigné dans ce sens au Congrès et c'est écrit dans mes Mémoires." Evidemment, ces civils ont été assassinés par des militaires, ils sont donc morts au cours d'opérations militaires, c'est très logique, ce doit être légal. "Mais ce n'est pas vrai, balbutiai-je. On sait ce qui c'est passé. Je ne vous crois pas. J'étais là-bas". "C'est ce que j'ai dit. Ma conscience se porte très bien", et il s'esquiva.

Dans le monde où nous vivons, ce monsieur est un homme très respectable. Qui donc tantôt nous parlait de Nuremberg, des Droits de l'Homme, de génocide ou de je ne sais quoi? Le Mékong n'est pas la Vistule. Tout ça, ce doit être du passé [(18)].

 

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