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"Le Premier ministre d'Israël a beaucoup plus d'influence sur la politique étrangère des Etats-Unis au Moyen-Orient qu'il n'en a dans son propre pays."
Paul Findley, They dare to speak out, p. 92.
Comment de tels mythes ont-ils pu susciter des croyances difficilement déracinables chez des millions de gens de bonne foi?
-- Par la création de tout puissants "lobbies" capables d'infléchir l'action des politiques et de conditionner les opinions publiques. Les modes d'action sont adaptés selon les pays.
Aux Etats-Unis, où vivent 6 millions de Juifs, le "vote juif" peut être déterminant, car la majorité électorale (en raison du nombre élevé des abstentions et de l'absence de projets globaux différents entre les 2 partis) dépend de peu de chose, et la victoire peut être emportée avec peu d'écart.
En outre, la volatilité de l'opinion qui dépend pour une large part du "look" du candidat ou de l'habileté de ses prestations télévisées, est fonction des budgets de ses comités et des possibilités de son "marketing" politique. "En 1988, les élections américaines aux postes de membres du Sénat exigent un budget publicitaire de 500 millions de dollars"
Source: Alain Cotta. Le capitalisme dans tous ses états. Ed. Fayard. 1991. p. 158.
Le lobby le plus puissant officiellement accrédité au Capitole est le A.I.P.A.C. ("American Israeli Public Affairs Commitee")
La puissance des sionistes aux Etats-Unis était telle déjà en 1942 qu'à l'Hôtel Biltmore, à New York, une Convention maximaliste décide qu'il faut passer du "Foyer juif en Palestine" (promis par Balfour: la colonisation lente par achats de terre, sous protectorat britannique ou américain), à la création d'un Etat juif souverain.
La duplicité qui caractérise toute l'histoire du sionisme, s'exprime dans les "interprétations" de ce qui fut l'aboutissement des efforts de Herzl: la "Déclaration Balfour" (en 1917). La formule de "foyer national juif" est reprise du Congrès de Bâle. Lord Rothschild avait préparé un projet de déclaration préconisant "le principe national du peuple juif". La déclaration finale de Balfour ne parle plus de toute la Palestine, mais seulement de "l'établissement en Palestine d'un Foyer national pour le peuple juif". En fait tout le monde dit "foyer" comme s'il s'agissait d'un centre spirituel et culturel, et pense, en réalité: Etat. Comme Herzl lui-même. Lloyd George écrit dans son livre: The Truth about the Peace treaties, (Ed. Gollancz, 1938, vol.? p. 1138-39): "Il ne saurait y avoir de doute sur ce que les membres du Cabinet avaient à l'époque en tête... La Palestine deviendrait un Etat indépendant." Il est significatif que le Général Smuts, membre du Cabinet de guerre, déclarait à Johannesburg, le 3 novembre 1915: "Au cours des générations à venir, vous allez voir se lever là-bas (en Palestine) une fois de plus un grand Etat Juif."
Dès le 26 janvier 1919 Lord Curzon écrivait: "Pendant que Weizmann vous dit quelque chose, et que vous pensez "foyer national juif", il a en vue quelque chose de tout à fait différent. Il envisage un Etat juif, et une population arabe soumise, gouvernée par les juifs. Il cherche à réaliser cela derrière l'écran et la protection de la garantie britannique."
Weizmann avait clairement expliqué au gouvernement britannique que l'objectif du sionisme était de créer un "Etat juif" (avec quatre ou cinq millions de juifs). Lloyd George et Balfour lui donnèrent l'assurance "qu'en usant du terme "foyer national", dans la Déclaration Balfour, nous entendions bien par là un Etat juif".
Le 14 mai 1948, Ben Gourion proclame à Tel-Aviv l'indépendance: "L'Etat juif en Palestine s'appellera: Israël".
Malgré la divergence entre ceux qui, comme Ben Gourion, considéraient comme un devoir pour chaque Juif dans le monde de venir vivre dans cet Etat, et ceux qui pensaient que l'action des Juifs aux Etats-Unis était plus importante, dans l'intérêt même d'Israël, cette dernière tendance l'emporta: sur 35.000 Américains ou Canadiens qui immigrèrent en Israël, 5.400 seulement s'y fixèrent.
Source: Melvin I. Wrofsky: We are one! American Jewry and Israël. New York, 1978, Ed. Ander Press-Doubleday, p. 265-6.
L'Etat d'Israël fut admis aux Nations Unies grâce aux pressions éhontées du lobby.
Eisenhower ne voulait pas s'aliéner les pays pétroliers arabes: "Une prodigieuse source de puissance stratégique et l'une des plus grandes richesses de l'histoire du monde." disait-il.
Source: Bick, Ethnic linkage and Foreign policy. p. 81.
Truman balaya ses scrupules pour des raisons électorales, et il en fut ainsi de ses successeurs.
Sur la puissance du lobby sioniste et du "vote juif", le Président Truman lui-même avait, devant un groupe de diplomates, déclaré en 1946: "Je regrette Messieurs, mais je dois répondre à des centaines de milliers de gens qui attendent le succès du sionisme. Je n'ai pas des milliers d'Arabes parmi mes électeurs."
Source: Willian Eddy, F.D. Roosevelt and Ibn Saoud. N.Y. "American friends of the Middle East", 1954, p. 31.
L'ancien Premier ministre britanique Clement Atlee apporte ce témoignage: "La politique des Etats-Unis en Palestine était modelée par le vote juif et par les subventions de plusieurs grandes firmes juives."
Source: Clement Atlee. A Prime Minister Remember. Ed. Heinemann. Londres 1961 p. 181.
Eisenhover avait, en accord avec les soviétiques, stoppé en 1956 l'agression israélienne (appuyée par les dirigeants anglais et français) contre le canal de Suez.
Le Sénateur J.F. Kennedy n'avait, en cette affaire, montré aucun enthousiasme.
En 1958, la "Conférence des Présidents" des associations juives charge son Président Klutznik, de contacter Kennedy, candidat possible. Il lui déclara crûment: "Si vous dites ce que vous devez dire, vous pouvez compter sur moi. Sinon je ne serai pas le seul à vous tourner le dos".
Ce qu'il devait dire, Klutznik le lui résuma: l'attitude d'Eisenhower dans l'affaire de Suez était mauvaise alors qu'en 48 Truman était dans la bonne voie... Kennedy suivit ce "conseil" en 1960, lorsqu'il fut désigné par la Convention démocrate comme candidat. Après ses déclarations à New-York, devant des personnalités juives, il reçut 500.000 dollars pour sa campagne, Klutznik comme conseiller, et 80 % du vote juif.
Source: Melvin I. Wrofsky, op. cit., p. 265-6 et 271 à 80.
Lors de sa première rencontre avec Ben Gourion, à l'hôtel Waldorf Astoria de New York, au printemps de 1961, John F. Kennedy lui dit: "Je sais que j'ai été élu grâce aux votes des juifs américains. Je leur dois mon élection. Dites-moi ce que je dois faire pour le peuple juif."
Source: Edward Tivnan, The lobby. p. 56 (citant le biographe de Ben Gourion, Michel Bar Zohar)
Après Kennedy, Lyndon Johnson alla plus loin encore. Un diplomate israélien écrivait: "Nous avons perdu un grand ami. Mais nous en avons trouvé un meilleur... Johnson est le meilleur des amis que l'Etat juif ait eu à la Maison-Blanche".
Source: I.L. Kenan. Israël's Defense Line, Buffalo. Prometheus book. 1981. p. 66-67.
Johnson appuya en effet puissamment la "guerre des Six jours" en 1967. Désormais 99% des juifs américains défendirent le sionisme israélien. "Etre juif aujourd'hui signifie: être lié à Israël."
Source: Schlomo Avineri: The Making of Modern Sionism. N.Y. Basic Books, 1981, p. 219.
La résolution 242 des Nations Unies, en novembre 1967, exigeant l'évacuation des territoires occupés pendant la guerre, De Gaulle, après cette agression, prononça l'embargo sur les armes à destination d'Israël. Le Parlement américain suivit. Mais Johnson, en décembre, le fit lever et, sous la pression de l'A.I.P.A.C., livra les avions Phantom commandés par Israël.
Source: Bick, op. cit. p. 65 et 66.
En conséquence de quoi, Israël ne critiqua pas la guerre au Viêt-Nam.
Source: Abba Eban. Autobiographie. p. 460.
Lorsqu'en 1979, Golda Meir vint aux E.U., Nixon la compara à la "Deborah biblique" et la couvrit d'éloges sur la prospérité (boom) d'Israël.
Source: Steven L. S. Spiegel: The other Arab-Israeli Conflict University of Chicago Press. 1985, p. 185.
Le "Plan Rogers" reprenant l'essentiel de la résolution 262 de l'O.N.U., fut rejeté par Golda Meir.
Source: Kenan. op. cit. p. 239.
Nixon livra à Israël 45 Phantoms de plus, et rajouta 80 bombardiers Skyhawk.
Nasser mourut le 8 septembre 1970 et Sadate proposa la paix avec Israël. Moshé Dayan, ministre de la Défense, refusa, malgré le ministre des Affaires étrangères, Abba Eban.
Sadate, le 6 octobre 1973, lança alors l'offensive qui reçut le nom de guerre du Yom Kippour et détruisit la réputation de Madame Golda Meir qui dut démissionner le 10 avril 1974, ainsi que Moshé Dayan.
Néanmoins, le lobby juif du Capitole remporta à Washington un grand succès pour le réarmement accéléré d'Israël: 2 milliards de dollars, sous prétexte de combattre un lobby arabe concurrent.
Source: Neff, Warriors of Jerusalem, p. 217.
L'argent des banques juives de Wall Street s'ajouta à l'aide gouvernementale.
Source: Bick. op. cit. p. 65. et Abba Eban. op. cit. p. 460.
Sur les 21 personnes qui ont versé plus de 100.000 dollars pour le Sénateur Hubert Humphrey, 15 étaient juives, aux premiers rangs desquelles les maîtres de la "mafia juive d'Hollywood" comme Lew Wasserman. D'une manière générale ils apportaient plus de 30% des fonds électoraux du Parti Démocrate.
Source: Stephen D. Isaacs. Jews and American politics. N.Y. Ed. Doubleday. 1974. chapitre 8.
L'A.I.P.A.C se mobilisa de nouveau et obtint en trois semaines, le 21 mai 1975, la signature de 76 sénateurs demandant au Président Ford d'appuyer comme eux Israël.
Source: Texte intégral dans Shechan. "Arabis Israelis, and Kissinger". Reader's digest press, p. l75.
La voie de Jimmy Carter était tracée: à la Synagogue d'Elisabeth, dans le New Jersey, revêtu de la toge de velours bleu, il proclama:
"J'honore le même Dieu que vous. Nous (les baptistes) étudions la même Bible que vous." Et il conclut: "La survie d'Israël ne relève pas de la politique. C'est un devoir moral."
Source: Time du 21 juin 1976.
C'était l'époque où Begin et les partis religieux avaient, en Israël, enlevé le pouvoir aux travaillistes: "Begin se considérait plus comme juif que comme israélien", écrit son biographe.
Source: Silver, Begin: The haunted prophet, p. 164.
En novembre 1976, Nahum Goldman, Président du Congrès juif mondial, vint à Washington voir le Président, et ses conseillers, Vance et Brzezinski. Il donna à l'administration Carter ce conseil inattendu: "Briser le lobby sioniste aux Etats-Unis."
Source: Stern. New York. 24 avril 1978.
Goldman avait consacré sa vie au sionisme et joué un rôle de premier plan dans le "lobby" depuis l'époque Truman, et il disait aujourd'hui, que sa propre création, la Conférence des Présidents, était une "force destructive" et "un obstacle majeur" à la paix au Moyen-Orient.
Begin était au pouvoir et Goldman était décidé à miner sa politique, fût-ce en détruisant son propre groupe de pression.
Six ans plus tard, Cyrus Vance, l'un des interlocuteurs de cette rencontre, confirme les propos de Goldman: "Goldman nous a suggéré de briser le lobby, mais le Président et le Secrétaire d'Etat répondirent qu'ils n'en avaient pas le pouvoir, et que d'ailleurs cela aurait pu ouvrir la porte à l'antisémitisme."
Source: Interview de Cyrus Vance à Edward Tivnan: The Lobby. Ed. Simon and Schuster.1987 p. 123.
Begin, partageant le pouvoir avec les travaillistes, désigna Moshé Dayan comme Ministre des Affaires étrangères à la place de Shimon Peres. Le Président de la Conférence des Présidents juifs aux Etats-Unis, Schindler, fit accepter ce tournant en faveur des extrémistes et souligna le pragmatisme de Dayan. Begin, pour un temps, ne se soucia guère des sionistes américains, qu'il considérait comme les soutiens des travaillistes.
Mais les hommes d'affaires américains constatant l'influence des rabbins sur Begin et surtout l'attachement de celui-ci à la "libre entreprise" (contrairement aux interventions étatiques des travaillistes), saluèrent les accords de Camp David (septembre 1978). Sadate, faisant une paix séparée avec Israël, ne touchait pas à la Cisjordanie (Judée et Samarie, terres "bibliques" selon Begin) et ne retenait que le Sinaï qui, pour Begin, n'était pas "terre biblique".
Source: Stephan D. Isaacs: Jews and American Policy. Doubleday, 1974, p. 122.
En 1976, Carter avait recueilli 68% du vote juif; en 1980 il n'en obtint que 45%, ayant, dans l'intervalle, vendu des avions F 15 à l'Egypte et des "Awacs" à l'Arabie Saoudite, en assurant pourtant que cela ne servirait jamais contre Israël puisque l'armée américaine en contrôlait et en dirigeait toutes les données au sol.
Il fut néanmoins battu par Reagan en 1980, qui, au contraire, accorda 600 millions de dollars de crédits militaires pour les 2 années suivantes.
Begin assuré, après Camp David, de n'être pas attaqué à revers par l'Egypte, et rassuré par le fait que les Awacs vendus à l'Arabie Saoudite étaient entièrement sous contrôle américain, put montrer aux Américains son pouvoir par une guerre préventive en procédant (comme les Japonais à Pearl Harbour et les Israéliens pour l'aviation égyptienne lors de la guerre des Six jours) à une destruction, sans déclaration de guerre, de la centrale nucléaire irakienne d'Ozirak, construite par les Français. Begin invoquant toujours le même mythe sacré:
"Il n'y aura jamais plus un autre Holocauste."
Source: Washington Post. 10 juin 1981.
Encouragé par la faiblesse de la protestation américaine craignant une aggravation de la situation au Moyen-Orient, Begin, un mois plus tard, le 17 juillet 1981, bombardait l'Ouest de Beyrouth pour y détruire, disait-il, des bases de l'O. L. P
Reagan annonça alors le projet de vendre pour 8 milliards et demi d'Awacs à l'Arabie Saoudite, et d'autres missiles, toujours dans des conditions qui ne menaçaient en rien Israël car le contrôle américain était total.
Si bien qu'une majorité au Sénat accepta cette bonne affaire économique et ce renforcement de l'emprise américaine dans le Golfe. (Les Saoudiens s'étaient engagés à ne survoler ni la Syrie ni la Jordanie, et donc pas Israël.)
Source: Facts and files. 20 septembre 1981, p. 705.
Begin, toujours possédé par la vision du "grand Israël" de la légende biblique, poursuivit l'implantation de colonies israéliennes en Cisjordanie (commencée par les travaillistes) que Carter avait déclarées "illégales" et contraires aux résolutions 242 et 338 des Nations Unies. Mais Reagan voyait en Israël un moyen de bloquer les visées de l'Union Soviétique sur les pétroles du Golfe. En novembre 1981, Ariel Sharon, Ministre de la guerre de Begin, rencontra son homologue américain Caspar Weinberger, et élabora avec lui un plan de "coopération stratégique" pour dissuader toute menace soviétique dans la région.
Source: N.Y. Times, 1er décembre 1981.
Le 14 décembre, Begin annexe le Golan. Reagan proteste contre cette nouvelle violation de la résolution 242. Begin s'insurge: "Sommes-nous une république bananière? Un Etat vassal du vôtre?"
Source: Steven Emerson, "Dutton of Arabia" in New Republic du 16 juin 1982.
L'année suivante Begin envahissait le Liban. Le général Haig, dirigeant le département d'Etat, donne le feu vert à cette invasion destinée à imposer un gouvernement chrétien à Beyrouth.
Source: Ze'ev Shiff et Ehud Ya'ari: Israël's Lebanon War. N.Y., Simon and Schuster, 1984.
Peu d'Américains critiquèrent cette invasion comme peu d'Israéliens avaient critiqué celle du Viêt-Nam. Mais les massacres de Sabra et de Chatila, sous les yeux de Sharon et d'Eytan, et avec leur complicité, et les images qui en furent données à la télévision, obligeaient le lobby juif à rompre le silence.
Le Vice-Président au congrès juif mondial, Hertzberg, et bon nombre de rabbins, critiquèrent Begin en octobre 1982. Begin reprocha au rabbin Schindler, qui avait fait cette critique à la télévision, d'être "plus américain que juif" et l'un de ses adjoints le dénonça comme "traître".
Source: Michael Kremer: "American Jews and Israel. The schism", N.Y., 18 octobre 1982.
Un porte-parole de A.I.P.A.C. expliqua la stratégie de ceux qui, comme lui, approuvaient l'invasion:
"Nous voulons renforcer notre soutien d'Israël vers la droite -- avec les gens qui ne se soucient pas de ce qui se passe sur la "west bank" mais qui visent l'Union Soviétique."
Source: Interview recueillie par Tivnan (op. cit.) p. 181.
A cette occasion les chrétiens sionistes soutinrent l'agression israélienne et leur chef Jerry Falwell, que Begin appelait "l'homme qui représente 60 millions de chrétiens américains" dans un pays où il n'y a que 6 millions de juifs reçut la plus haute distinction sioniste: le prix Jabotinski pour services rendus à Israël, plus 100 millions de dollars de l'Etat israélien et 140 millions de dollars de la donation Swaggert.
Source: Time "Power, glory, politics". 17 février 1986.
La puissance financière et, par conséquent, politique, dans un monde où tout s'achète et se vend, devint de plus en plus déterminante.
Depuis 1948 les Etats-Unis ont fourni à Israël 28 milliards d'aide économique et militaire.
Source: Time Magazine de juin 1994.
Confortés par le flux financier qui, du dehors, déferlait sur Israël:
1 -- Par les "réparations" allemandes et autrichiennes;
2 -- Par les libéralités inconditionnelles des Etats-Unis;
3 -- Par les versements de la "Diaspora";
les dirigeants israéliens pouvaient concevoir, en politique extérieure, les visées les plus ambitieuses d'un "grand Israël".
Un témoignage précis nous en est fourni par un article de la revue Kivounim (Orientations) publié à Jérusalem par L'Organisation sioniste mondiale sur "les plans stratégiques d'Israël pour les années 80":
"En tant que corps centralisé, l'Egypte est déjà un cadavre, surtout si l'on tient compte de l'affrontement de plus en plus dur entre musulmans et chrétiens. Sa division en provinces géographiques distinctes doit être notre objectif politique pour les années 1990, sur le front occidental.
Une fois l'Egypte ainsi disloquée et privée de pouvoir central, des pays comme la Libye, le Soudan, et d'autres plus éloignés, connaîtront la même dissolution. La formation d'un Etat copte en Haute-Egypte, et celle de petites entités régionales de faible importance, est la clef d'un développement historique actuellement retardé par l'accord de paix, mais inéluctable à long terme.
En dépit des apparences, le front Ouest présente moins de problèmes que celui de l'Est. La partition du Liban en cinq provinces... préfigure ce qui se passera dans l'ensemble du monde arabe. L'éclatement de la Syrie et de l'Irak en régions déterminées sur la base de critères ethniques ou religieux doit être, à long terme, un but prioritaire pour Israël, la première étape étant la destruction de la puissance militaire de ces Etats.
Les structures ethniques de la Syrie l'exposent à un démantèlement qui pourrait aboutir à la création d'un Etat chi'ite le long de la côte, d'un Etat sunnite dans la région d'Alep, d'un autre à Damas, et d'une entité druze qui pourrait souhaiter constituer son propre Etat -- peut-être sur notre Golan -- en tout cas avec l'Houran et le nord de la Jordanie... Un tel Etat serait, à long terme, une garantie de paix et de sécurité pour la région. C'est un objectif qui est déjà à notre portée.
Riche en pétrole, et en proie à des luttes intestines, l'Irak est dans la ligne de mire israélienne. Sa dissolution serait, pour nous, plus importante que celle de la Syrie, car c'est lui qui représente, à court terme, la plus sérieuse menace pour Israël."
Source: Kivounim, Jérusalem, No 14, février 1982, pages 49 à 59.
(Le texte intégral, dans son original hébreu, est reproduit dans mon livre: Palestine, terre des messages divins. Ed. Albatros. Paris 1986, p. 377 à 387, et dans sa traduction française à partir de la page 315.)
Pour la réalisation de ce vaste programme, les dirigeants israéliens disposaient d'une aide américaine sans restriction. Sur les 507 avions dont ils disposaient à la veille de l'invasion du Liban, 457 venaient des Etats-Unis grâce aux dons et prêts consentis par Washington. Le lobby américain se chargeait d'obtenir les moyens nécessaires, fût-ce, sous la pression du "lobby" sioniste, contre les intérêts nationaux.
Lorsque les objectifs du plan Kivounim étaient trop éloignés, et l'affrontement trop risqué, le lobby israélien réussissait à faire réaliser l'opération par les Etats-Unis. La guerre contre l'Irak en est un exemple saisissant.
"Deux puissants groupes de pression poussent les Etats-Unis au déclenchement du conflit.
1 -- Le "lobby juif" parce que l'élimination de Sadam Hussein écarterait la menace du pays arabe le plus puissant... Les Juifs américains jouent dans le système médiatique d'outre Atlantique un rôle essentiel. Le compromis permanent entre le Président et le Congrès amène la Maison Blanche à tenir le plus grand compte de leurs instances.
2 -- Le "lobby des affaires"... en est venu à penser que la guerre pouvait relancer l'économie. La Seconde guerre mondiale, et les énormes commandes qu'elle a valu aux Etats-Unis, n'a-t-elle pas mis fin à la crise de 1929 dont ils n'étaient vraiment jamais sortis? La guerre de Corée n'a-t-elle pas provoqué un nouveau boom?
Bienheureuse guerre qui ramènerait la prospérité en Amérique..."
Source: Alain Peyrefitte: Le Figaro du 5 novembre 1990.
"Il est difficile de surestimer l'influence politique de l'American Israeli Public Affairs Committee (A.I.P.A.C.)... disposant d'un budget qui a quadruplé de 1982 à 1988 (1.600.000 dollars en 1982; 6.900.000 dollars en 1988)"
Source: Wall Street Journal du 24 juin 1987.
Les dirigeants sionistes ne cachaient pas ce rôle de leur lobby. Ben Gourion déclarait clairement: "Quand un Juif, en Amérique ou en Afrique du Sud, parle à ses compagnons juifs de "notre" gouvernement, il entend le gouvernement d'Israël."
Source: Rebirth and Destiny of Israël, 1954, p. 489.
Au 23ème Congrès de l'organisation sioniste mondiale il précise à propos des devoirs d'un Juif à l'étranger, que: "l'obligation collective de toutes les organisations sionistes de diverses nations d'aider l'Etat jiuif en toute corconstance est inconditionnelle, même si une telle attiude entre en contradiction avec les autorités de leurs nations respectives.
Source: Ben Gourion: "Tasks and character of a modern Zionist", Jerusalem Post, du 17 août 1952 et Jewish TelegraphicAgency du 8 août 1951. (16)
Cette confusion du judaïsme comme religion (respectable comme toute autre) avec le sionisme politique comportant allégeance inconditionnelle à l'Etat d'Israël se substituant au Dieu d'Israël, ne saurait en effet que nourrir l'antisémitisme.
Le Département d'Etat fut contraint de réagir. Dans une lettre adressée au "Conseil américain pour le judaïsme", rendue publique par celui-ci le 7 mai 1964, le Secrétaire d'Etat Talbot, se référant aux principes mêmes de la Constitution américaine, à l'égard desquels les exigences des dirigeants sionistes constituaient un défi, rappelait que son pays "reconnaît l'Etat d'Israël en tant qu'Etat souverain, et la citoyenneté de l'Etat d'Israël. Il ne reconnaît aucune autre souveraineté ou citoyenneté à cet égard. Il ne reconnaît pas de relations politico-légales fondées sur une identification religieuse de citoyens américains. Il ne fait aucune discrimination entre les citoyens américains en ce qui concerne leur religion. En conséquence, il devrait être clair que le Département d'Etat ne considère pas le concept de "peuple juif" comme étant un concept de droit international."
Source: Cité par Georges Friedman dans Fin du peuple juif, Gallimard 1956, Idées poche, p. 292.
Déclaration purement platonique d'ailleurs car cet évident rappel juridique ne fut suivi d'aucune mesure contre le lobby.
L'affaire Pollard en fournit un exemple.
En novembre 1985, un militant sioniste américain Jonathan Pollard, analyste à l'état-major de la marine, est arrêté alors qu'il transporte chez lui quelques documents secrets. Interrogé par le F.B.I., il reconnaît avoir reçu 50.000 dollars depuis le début 1984 pour transmettre ces documents à Israël.
"L'affaire Pollard n'a pas surgi brusquement, à partir de rien. Elle s'inscrit dans le système actuel -- de plus en plus malsain -- des relations américano-israéliennes, caractérisées par une dépendance excessive qui favorise des attitudes imprudentes.
Cette situation a été créée en 1981, lorsque l'Administration Reagan a donné à Israël ce qui a été interprété comme une "carte blanche" à son aventurisme militaire, sous prétexte d'autodéfense... Le premier résultat en a été l'invasion du Liban.
... Il était prévisible qu'une telle complaisance de Washington encourage l'arrogance de Jérusalem.. Il est bien connu que des liens d'étroite dépendance sécrètent du ressentiment et de l'agressivité... De la part d'Israël, ce ressentiment prend des formes inconsidérées, le raid sur Tunis en est une, il se pourrait que l'affaire Pollard en soit une autre."
Source: Washington Post, 5 décembre 1985.
"Depuis des décennies, les Juifs américains s'efforcent de convaincre l'opinion publique américaine que leur soutien inconditionnel à Israël ne porte pas atteinte à leur loyalisme à l'égard des Etats-Unis. Il semble maintenant qu'il sera difficile de leur faire confiance sur ce point, et ceux qui parlent de "double allégeance" vont trouver des oreilles complaisantes."
Source: Haaretz, 1er décembre 1985.
Les exemples ne manquent pas où le lobby israélo-sioniste réussit à imposer aux Etats-Unis une attitude contraire aux intérêts américains mais utile pour la politique d'Israël.
En voici quelques exemples.
Le Président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat, le Sénateur Fulbright, décida de faire comparaître les principaux dirigeants sionistes devant un Comité qui mit à jour leurs activités souterraines. Il résumait les résultats de son enquête dans une interview "Face à la nation" à la C.B.S. du 7 octobre 1973: "Les Israéliens contrôlent la politique du Congrès et du Sénat", et ajoutait: "Nos collègues du Sénat, environ 70 % d'entre eux, se déterminent plus sous la pression d'un lobby que sur leur propre vision de ce qu'ils considèrent comme des principes de liberté et de droit."
Aux élections suivantes, Fulbright perdit son siège de Sénateur.
Depuis l'enquête du Sénateur Fulbright, le "lobby" sioniste n'a cessé d'accroître son emprise sur la politique américaine. Dans son livre: They dare to speak out ("Ils ont osé parler") publié en 1985 par Lawrence Hill and Company, Paul Findley, qui fut, pendant vingt-deux ans, député au Congrès des Etats-Unis, a décrit le fonctionnement actuel du "lobby" sioniste et sa puissance. Cette véritable "succursale du gouvernement israélien" contrôle le Congrès et le Sénat, la Présidence de la République, le "State department" et le Pentagone, de même que les "médias", et exerce son influence dans les Universités comme dans les Eglises.
Les preuves et les exemples abondent montrant comment les exigences des Israéliens passent avant les intérêts des Etats-Unis: le 3 octobre 1984, la Chambre des représentants, à une majorité de plus de 98%, abroge toute limitation aux échanges entre Israël et les Etats-Unis, malgré le rapport défavorable du Ministère du Commerce et de tous les syndicats (p. 31). Chaque année, quelles que soient les restrictions de tous les autres chapitres du budget, les crédits pour Israël sont augmentés. L'espionnage est tel que les dossiers les plus secrets sont aux mains du gouvernement israélien. Adlaï Stevenson (ancien candidat à la Présidence des Etats-Unis) écrit dans le numéro de l'hiver 75-76 de Foreign Affairs: "Pratiquement aucune décision concernant Israël ne peut être prise, ou même discutée, au niveau de l'Exécutif, sans être aussitôt connue du gouvernement israélien." (p. 126). Malgré le refus du Secrétaire d'Etat à la Défense, fondé sur la loi américaine, de livrer à Israël, en pleine agression au Liban, des bombes à fragmentation, arme dirigée contre les civils, les Israéliens l'obtiennent de Reagan et s'en servent à deux reprises à Beyrouth pour massacrer la population (p. 143).
En 1973, l'Amiral américain Thomas Moorer (chef d'état-major interarmes, témoigne: l'attaché militaire israélien à Washington, Mordecaï Gur (futur commandant en chef des forces israéliennes), demande aux Etats-Unis des avions armés d'un missile très sophistiqué (appelé: Maverick). L'Amiral Moorer rappelle qu'il a dit à Gur: "Je ne peux pas vous livrer ces avions. Nous n'en avons qu'une seule escadrille. Et nous avons juré devant le Congrès que nous en avions besoin. Gur m'a dit: Donnez-nous les avions. Quant au Congrès, je m'en charge. C'est ainsi, ajoute l'Amiral, que la seule escadrille équipée de Mavericks est allée à Israël." (p. 161).
Le 8 juin 1967, l'aviation et la marine de guerre israéliennes bombardent le navire américain "Liberty", équipé de détecteurs très sophistiqués, pour empêcher qu'il ne décèle leurs plans d'invasion au Golan. 34 marins sont tués et 171 blessés. Le navire est survolé pendant 6 heures, et bombardé pendant 70 minutes. Le gouvernement israélien s'excuse de cette "erreur" et l'affaire est classée. C'est seulement en 1980 que l'un des témoins oculaires, Ennes, officier de pont sur le "Liberty", peut rétablir la vérité, détruisant la version officielle de "l'erreur", entérinée par la Commission d'enquête de l'époque, présidée par l'Amiral Isaac Kid. Ennes prouve que l'attaque était délibérée et qu'il s'agissait d'un meurtre. L'Amiral Thomas L. Moorer, alors que le livre de Ennes était étouffé par les soins du "lobby" sioniste, explique pourquoi ce crime a été passé sous silence: "Le Président Johnson craignait les réactions de l'électorat juif...". L'Amiral ajoute: "Le peuple américain deviendrait fou s'il savait ce qui se passe." (p. 179).
En 1980, Adlaï Stevenson ayant patronné un amendement demandant une réduction de 10% de l'aide militaire apportée à Israël pour exiger qu'il ne continue pas à installer des colonies dans les territoires occupés, rappelait que 43% de l'aide américaine allait à Israël (3 millions d'habitants), pour son armement, au détriment de 3 milliards d'habitants affamés du globe.
Adlaï Stevenson conclut; "Le Premier Ministre d'Israël a beaucoup plus d'influence sur la politique étrangère des Etats-Unis au Moyen-Orient qu'il n'en a dans son propre pays." (p. 92).
Les exemples abondent:
"M. Rabin, qui a abandonnné depuis longtemps la tactique d'annexion rampante chère au parti travailliste israélien depuis 1967 ("dunan après dunan, chévre après chévre"...) a cru le moment venu d'accélérer la colonisation et la judaïsation de la Ville, en confiscant 53 hectares de plus dans le secteur de Jérusalem-est (dont Israël s'est déjà approprié le tiers depuis 1967, à usage exclusif des Juifs) le but étant de créer une situation telle que, lors des négotiations prévues en 1996, "il n'y ait plus rien à négocier".
Cette nouvelle provocation suscita de vives protestations des pays arabes ulcérés par ailleurs par la proposition du sénateur Dole (le même qui, en 1990, traitait Israël "d'enfant gaté") de transférer l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem. La ligue arabe demanda une réunion urgente du Conseil de sécurité -- comme la France le fit de son coté le 2 mai. A l'issue de cette session, 14 des 15 Etats-membres votèrent une résolution demandant à Rabin de revenir sur ce projet de confiscation, et les U.S.A. décidèrent alors, pour la 30· fois depuis 1972, de faire usage de leur droit de veto, pour soutenir Israël...
Cet isolement américain inquiéta certains représentants du lobby aux U.S.A., comme Monsieur Thomas Friedman: "La question cruciale n'est pas celle du statut de Jérusalem, qui restera capitale d'Israël de toute façon... c'est celle de la crédibilité des Etats-Unis comme seul médiateur dans le conflit israélo-arabe et celle de la conduite des négotiations avec les Palestiniens?" (N. Y Times, 15/5/95).
Source: Dany Rubinstein, Haaretz, mai 1995.
Lors du Meeting de annuel de l'A.I.P.A.C. auquel il avait été invité, le Président Clinton a souligné l'ampleur de l'aide militaire des Etats-Unis à Israël:
"Les Etats-Unis ont tenu leurs promesses: la puissance militaire d'Israël est aujourd'hui plus "pointue" que jamais. Nous avons donné notre accord à la vente de F 15 Is, le meilleur appareil du monde à long rayon d'action. Nous avons poursuivi la livraison, commencée à la suite de la guerre du Golfe, de 200 avions et Hélicoptères de combat. Nous nous sommes engagés à participer pour 350 millions de $ à la production du Arrow, qui doit protéger Israël de toute nouvelle attaque par des missiles. Nous lui avons livré un système ultra-moderne de lanceur multiple de roquettes...
"... Pour augmenter ses capacités de haute technologie, nous lui avons fourni des super-ordinateurs, et nous lui avons donné accès, ce qui est sans précédent de la part des Etats-Unis, aux marché américain de lanceurs d'engins dans l'espace.
"... Notre coopération en matière de stratégie et de renseignements n'a jamais été aussi étroite. Nous avons mené, cette année, des manoeuvres conjointes de grande envergure, et nous prévoyons une extension de nos installations de stockage de matériel militaire en Israël. Le pentagone a signé des contrats pour plud de 3 millions de $ pour acheter du matériel de haute technologie à des compagnies israéliennnes..."
Source: reproduit par Middle East International 26-05-1995
Tous les moyens sont bons pour le "lobby" sioniste: depuis la pression financière jusqu'au chantage moral, en passant par boycott des médias et des éditeurs, et à la menace de mort.
Paul Findley concluait,: "Quiconque critique la politique d'Israël doit s'attendre à de douloureuses et incessantes représailles, et même à la perte de ses moyens d'existence par les pressions du "lobby" israélien. Le Président en a peur. Le Congrès cède à toutes ses exigences. Les plus prestigieuses universités veillent, dans leurs programmes, à écarter tout ce qui s'oppose à lui: les géants des médias et les chefs militaires cèdent à ses pressions." (p. 315).
Source: Hearings. Part 9. 23 mai 1963.
"Il existe en France un puissant lobby pro-israélien exerçant notamment son influence dans les milieux d'information." Général de Gaulle
En France, le Général de Gaulle a seul osé déclaré "qu'il existait en France un puissant lobby pro-israélien exerçant notamment son influence dans les milieux d'information . Cette affirmation, à l'époque, fit scandale. Elle contient pourtant une part de vérité qui est toujours d'actualité."
Source: Philippe Alexandre. "Le préjugé pro-israélien", Le Parisien Libéré du 29 février 1988.
Depuis lors il n'est aucun candidat à la Présidence de la République française, à quelque parti qu'il appartienne, de Michel Rocard à Jacques Chirac, en passant par Mitterand, qui ne soit allé en Israël pour en obtenir l'investiture médiatique.
La puissance médiatique du lobby, dont le centre dirigeant, aujourd'hui constitué par la "L.I.C.R.A." (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), est telle qu'elle peut manipuler l'opinion à son gré: alors que la population juive, en France, constitue environ 2% du peuple français, le sionisme règne sur la majorité des décideurs politiques des médias, à la télévision et à la radio, dans la presse écrite, qu'il s'agisse des quotidiens ou des hebdos, le cinéma -- surtout avec l'invasion d'Hollywood -- et même l'édition (par les comités de lecture où ils peuvent imposer leur veto) sont entre leurs mains, tout comme la publicité, régente financière des "médias".
La preuve en est l'alignement quasi général des médias, lorsqu'il s'agit d'inverser, en faveur d'Israël, le sens des événements: on appelle "terrorisme", la violence des faibles et "lutte contre le terrorisme" la violence des forts.
Un juif infirme est jeté par dessus bord sur "l'Achille Lauro" par un renégat de l'O.L.P. C'est incontestablement du terrorisme. Mais lorsque, par représailles, un bombardement israélien sur Tunis fait 50 morts, dont plusieurs enfants, cela s'appelle: "lutte contre le terrorisme, et défense de la loi et de l'ordre".
Comme sous la baguette d'un chef d'orchestre clandestin, l'on entend la même musique dans tous les "médias", qu'il s'agisse des attentats contre la Synagogue de la rue Copernic, ou des profanations du cimetière de Carpentras, de l'invasion du Liban ou de la destruction de l'Irak.
Je peux apporter mon témoignage
personnel: jusqu'en 1982, j'avais librement accès aux plus
grandes maisons d'édition, à la télévision,
à la radio, dans la grande presse.
Au moment de l'invasion et des massacres du Liban, dans le journal
Le Monde du 17 juin 1982, j'ai obtenu du Directeur Jacques
Fauvet, la publication d'une page entière, payée,
où, avec le Père Michel Lelong et le Pasteur Matthiot,
nous dégagions "après les massacres du Liban,
le sens de l'agression israélienne".
Nous montrions qu'il ne s'agissait pas d'une bavure, mais de la logique interne du sionisme politique sur lequel est fondé l'Etat d'Israël.
Je reçois, par lettres anonymes et par téléphone, neuf menaces de mort.
La L.I.C.R.A. nous intente un procès pour "antisémitisme et provocation à la discrimination raciale".
L'avocat de Jacques Fauvet rappelle qu'on ne peut confondre avec la communauté juive, et moins encore avec sa foi, l'Etat d'Israël, dont les exactions au Liban ont été dénoncées par de hautes personnalités juives telles que Mendès France et Nahum Goldman.
Notre défense, celle du Père Lelong, du pasteur Matthiot et la mienne, émane du texte lui-même: nous rappelons ce que nos vies doivent à la foi des prophètes juifs.
Mais le sionisme politique a remplacé le Dieu d'Israël par l'Etat d'Israël.
Son comportement, au Liban et en Palestine, en créant d'odieux amalgames, déshonore le judaïsme aux yeux du monde. Notre lutte contre le sionisme politique est donc inséparable de notre lutte contre l'antisémitisme.
Pour ma part, je reprends, devant le tribunal, les analyses de mon étude La Palestine, terre des messages divins: le sionisme politique, fondé par Théodor Herzl (et condamné alors par tous les rabbins du monde comme trahison de la foi juive), découle, non de la foi juive, mais du nationalisme et du colonialisme européens du XIXe siècle.
Les dernières survivances du colonialisme de peuplement, en Palestine comme en Afrique du Sud, se heurtent, par leur racisme (officiellement dénoncé par l'O.N.U.), à la résistance des autochtones à l'occupant colonial.
Comme dans tout colonialisme et tout régime d'occupation (nous l'avons vécu en France sous Hitler), la répression s'appelle "maintien de l'ordre", et la résistance "terrorisme".
Ecoutant l'avocat de la L.I.C.R.A. qui tente de brosser, contre moi, un portrait d'antisémite, je me revois, à Jérusalem, accompagné, au Mur des lamentations, par le ministre israélien Barzilaï, en 1967, et puis dans la maison de Nahum Goldman, alors président du Congrès juif mondial.
Je me revois, au camp de concentration, avec mon ami Bernard Lecache, fondateur de la L.I.C.A. (qui deviendra L.I.C.R.A.), qui m'aidait à préparer mes cours à nos camarades déportés comme nous, sur "Les Prophètes d'Israël."
Je revoyais ce vieux militant communiste et athée du Tarn, nous disant, après une lecture d'Amos par Bernard et moi: "Ça donne un renforcement de courage!"
La domination quasi totale des médias d'Amérique et de France par le sionisme israélien impose au monde cette subversion du sens: un diplomate israélien est agressé à Londres (Mme Thatcher elle-même prouve, à la Chambre des communes, que l'auteur de l'attentat ne relève pas de l'O.L.P.), c'est du "terrorisme". L'armée israélienne envahit le Liban et y fait des milliers de morts: l'opération s'appelle "Paix en Galilée"!
Le 1er janvier 1989, j'entends à la télévision le bilan de "la révolte des pierres": 327 tués chez les Palestiniens (la plupart des enfants, jetant des cailloux), et 8 du côté israélien (la plupart des soldats, tirant à balle). Le même jour un ministre israélien déclare: "La négociation ne sera possible que lorsque les Palestiniens renonceront à la violence." Est-ce moi qui rêve? Ou bien cette anesthésie de l'esprit critique est-elle un cauchemar collectif? le triomphe du non-sens!
Déjà, en 1969, le Général de Gaulle dénonçait "l'influence excessive" du lobby sioniste dans tous les médias: de la presse à la télévision, du cinéma à l'édition. Aujourd'hui, cette "influence excessive" a réussi à opérer une inversion totale du sens, appelant "terrorisme" la résistance artisanale des faibles et "lutte contre le terrorisme" la violence infiniment plus meurtrière des forts.
Nous avions eu le tort, le Père Lelong, le pasteur Mathiot et moi, de dénoncer le mensonge de cette subversion du sens. Le tribunal de grande instance de Paris, par arrêté du 24 mars 1983, "considérant qu'il s'agit de la critique licite de la politique d'un Etat et de l'idéologie qui l'inspire, et non de provocation raciale... déboute la L.I.C.R.A. de toutes ses demandes et la condamne aux dépens".
La L.I.C.R.A. s'acharne et fait appel. Le 11 janvier 1984, la Haute Chambre de la Cour de Paris prononce son jugement.
La Cour d'appel cite un passage de notre article où nous accusons l'Etat d'Israël de racisme.
La Cour, "considérant que l'opinion émise par les signataires ne concerne que la définition restrictive de la judaïcité retenue par la législation israélienne... confirme le jugement déféré en ce qu'il a débouté la L.I.C.R.A. de ses demandes et condamne la L.I.C.R.A. aux dépens".
La L.I.C.R.A. se pourvoit en cassation. L'arrêté de la Cour de cassation du 4 novembre 1987 enlève tout espoir aux sionistes de nous déshonorer légalement: la Cour "rejette le pourvoi et condamne aux dépens la demanderesse".
L'opération de l'étouffement se poursuit au-delà du juridique. Le "lobby" sioniste en a les moyens. Si nous avions été condamnés, nous aurions eu droit à la Une de toute la presse pour nous clouer au pilori comme antisémites. Par contre, la condamnation de la L.I.C.R.A. par les tribunaux a été systématiquement passée sous silence: même Le Monde, dont l'ancien directeur, Fauvet, était impliqué avec nous dans ce combat, s'est contenté d'un articulet incolore.
Par contre le blocus de mon espérance a été magistralement réalisé. Lors de la parution de la page du Monde sur la logique du colonialisme sioniste, j'ai ajouté deux lignes appelant les lecteurs à souscrire pour payer les frais d'insertion. Le panneau a coûté cinq millions de centimes. J'en ai reçu sept, par des centaines de petits chèques. Parmi les donateurs, près d'un tiers de juifs, dont deux rabbins.
Mais, à partir de là, commence l'asphyxie médiatique: plus d'accès à la télévision, mes articles refusés. J'avais publié quarante livres dans toutes les grandes maisons d'édition, de Gallimard au Seuil, de Plon à Grasset et à Laffont. Ils avaient été traduits en vingt-sept langues. Désormais sont fermées toutes les grandes portes: l'un de mes plus grands éditeurs s'entend dire, à son conseil d'administration: "Si vous publiez un livre de Garaudy, vous n'aurez plus les droits de traduction d'ouvrages américains.". M'accepter eût été faire exploser sa maison. Un autre "grand", pour un autre ouvrage, dit à sa directrice littéraire qui, passionnée par le livre, a travaillé trois mois pour m'aider à le mettre au point: "Je ne veux pas de Garaudy dans la maison."
Telle est l'histoire de l'emmurement d'un homme.
Nos réseaux de résistance au non-sens sont condamnés à la clandestinité. Et moi-même à la mort littéraire. Pour délit d'espérance.
Ce n'est là qu'un exemple dont je puis personnellement témoigner sur "l'inversion du sens" par le sionisme.
Nous pourrions multiplier les exemples, mais chacun en est chaque jour témoin: c'est le sens même du crime hitlérien contre l'humanité tout entière qui est perverti par la propagande sioniste, qui réduit ce crime contre l'humanité à un vaste pogrom dont les Juifs auraient été les seules victimes.
Un pas de plus sera franchi lorsque ces "oukases" seront imposés par la loi, faisant des magistrats les juges de la vérité historique en dépit des lois antérieures sur la liberté de la presse.
Le délit d'opinion est désormais légalisé par la loi Fabius (n· 43) dite "loi Gayssot", du nom du député communiste qui a accepté la paternité de cette loi scélérate), en mai 1990.
Elle consiste à insérer dans la loi de la liberté de la presse de 1881, un article 24 bis, disant:
"Seront punis des peines prévues par le 6ème alinéa de l'article 24, ceux qui auront contesté... l'existence d'un ou plusieurs crimes contre l'humanité tels qu'ils sont définis par l'article 6 du statut du Tribunal militaire international annexé à l'accord de Londres du 8 août 1945."
Source: Proposition de loi adoptée par l'Assemblée Nationale, transmise par Mr le Président de l'A.N. à Mr le Président du Sénat, n· 278, annexe au procès-verbal de la séance du 3 mai 1990.
Le rapport de M. Asensi (député) précisait (p. 21): il vous est demandé de créer une nouvelle incrimination concernant le "révisionnisme".
En outre, il préconisait d'"élargir les possibilités données aux associations de se porter partie civile en cas d'infraction." (article 7).
Dès son introduction, le rapporteur définissait le but poursuivi: "compléter l'arsenal répressif existant, de tendre à ce que la loi pénale... joue pleinement son rôle d'intimidation et de répression." (p. 5).
Source: Rapport n· 1296, annexe au procès verbal de la séance du 26 avril l990.
Le Tribunal de Nuremberg, nous l'avons montré, mérite, moins que tout autre, de faire jurisprudence.
Un an après, un amendement était proposé, en vain, à la loi par M. Toubon:
"L'article 24 bis de la loi du 29 juillet 1881, sur la liberté de la presse est abrogé." Ce qui annulait la répression proposée par M. Gayssot contre les historiens "révisionnistes"", et refusait de mettre la critique historique sur le même plan que le racisme ou l'apologie de Hitler.
Voici quelle était son argumentation:
"Lorsque nous en avons discuté en 1990, sur la base d'une proposition de loi du groupe communiste, dont le premier signataire était M. Gayssot, j'avais contesté -- je n'étais pas le seul -- le principe de ce texte, qui consiste à fixer la vérité historique par la loi au lieu de la laisser dire par l'histoire.
Certains objectent que si c'est bien l'histoire qui fait la vérité ce n'est pas à la loi de l'imposer. Certains propos vont trop loin et il ne faut pas permettre de les exprimer. Mais c'est glisser insensiblement vers le délit politique et vers le délit d'opinion.
L'article 24 bis représente, à mon avis, une très grave erreur politique et juridique. Il constitue en réalité une loi de circonstance, et je le regrette beaucoup. Une année s'est écoulée. Nous ne sommes pas à un mois des événements de Carpentras. Nous n'avons pas à examiner un texte que la conférence des présidents avait, je le rappelle, inscrit à l'ordre du jour, en toute hâte, quarante huit heures après son dépôt, et qui avait été discuté immédiatement parce que le Président de l'Assemblée M. Fabius avait décidé personnellement son inscription. Un an après, à froid, nous pouvons, comme je viens de le faire, examiner la validité de cette loi, la validité de ce délit de révisionnisme prévu par l'article 24 bis et conclure, avec Simone Veil, que ce délit est inopportun."
Source: Journal officiel du 22 juin 1991, p. 3571. Débats parlementaires, 2ème séance du 21 juin 1991.
Il était en effet interdit désormais à tout historien de mettre en cause les conclusions du Tribunal de Nuremberg dont le Président américain avait pourtant reconnu loyalement qu'il s'agissait "du dernier acte de la guerre" et qu'il "n'était donc pas tenu aux règles juridiques des tribunaux ordinaires en matière de preuve ni de condamnation."
Dans la foulée de cette loi scélérate, la déclaration de Jacques Chirac du dimanche 16 juillet 1995 marque un moment important de notre histoire: celui de la rupture avec l'unité de la nation, au profit de la collusion des renoncements: Lorsque le Président de la République proclame que "la folie criminelle de l'occupant a été secondée par les Français et par l'Etat français" il commet un double crime contre la France:
d'abord en parlant de Vichy comme d'un Etat français, lui redonnant ainsi une légitimité;
ensuite en avilissant le peuple français en le confondant avec les dirigeants serviles qui servaient l'occupant.
Ainsi était officialisée la conception sioniste défendue par Bernard-Henri Lévy, dans son livre: L'idéologie française où il écrit: "C'est toute la culture française... ce sont nos plus chères traditions françaises qui une à une, témoignent de notre ancienneté dans l'abjection".
Il appelle à traquer ce "vieux fond de purulence" dissimulé "au coeur de la pensée française", qui fait de la France "la patrie du national-socialisme en général".
Source: Bernard-Henri Levy. L'idéologie française Grasset, 1981, p. 61, 92 et 125.
Le couronnement de l'affaire c'est que la cérémonie était présidée par le Grand Rabbin de France, Sitruk, qui, le 8 juillet 1990, déclarait en Israël, à Itzac Shamir (celui-là même qui avait offert ses services à Hitler et dont la politique, celle de l'Etat qu'il a présidé, n'a cessé de violer la loi internationale et de ne tenir aucun compte des décisions de l'O.N.U.): "Chaque juif français est un représentant d'Israël... Soyez assuré que chaque juif, en France est un défenseur de ce que vous défendez."
"sans pour autant, disait-il à son retour, songer à "une double allégeance"."
Source: Le Monde du 9 juillet 1990.
De tels propos à l'égard de Shamir, qui proposait son alliance à Hitler, lui auraient plus justement assigné sa place parmi les pénitents que parmi les présidents.
Bien entendu cet abaissement du peuple français était salué avec enthousiasme par les dirigeants du C.R.I.F. (Conseil représentatif des institutions juives en France) exprimant "son intense satisfaction de voir reconnaître enfin, par la plus haute autorité française, la continuité de l'Etat français entre 1940 et 1944."
La honte c'est que les dirigeants de tous les partis français, dans les organes publics, du "Figaro" à l'"Humanité", aient approuvé ce reniement de Chirac.
C'est le reniement de la tradition d'unité française et de la résistance de tout un peuple.
De Gaulle n'a jamais considéré Vichy comme un Etat. "Hitler, disait-il, a créé Vichy" (Mémoires I, 389) et parlait des "figurants de Vichy" (I, ibidem p. 130).
"J'ai proclamé l'illégitimité d'un régime qui était à la discrétion de l'ennemi" (I, p. 107). "Il n'existe pas de gouvernement proprement français." (I, p. 388, à Brazzaville).
Se référant à l'accord du 28 mars 1940 avec l'Angleterre excluant toute suspension d'armes séparée (I, p. 74), il disait clairement: "L'organisme sis à Vichy, et qui prétend porter ce nom (Etat), est inconstitutionnel et soumis à l'envahisseur... Cet organisme ne peut être et n'est en effet qu'un instrument utilisé par les ennemis de la France." (I, p. 342)
De Gaulle maintint cette attitude pendant toute la guerre. Le 23 septembre 1941, par ordonnance créant le Comité National français, il proclamait:
"Vu nos ordonnances des 27 octobre et 12 novembre 1940, ensemble notre déclaration organique du 16 novembre 1940;
Considérant que la situation résultant de l'état de guerre continue à empêcher toute réunion et toute expression libre de la représentation nationale;
Considérant que la Constitution et les lois de la République française ont été et demeurent violées sur tout le territoire métropolitain et dans l'Empire, tant par l'action de l'ennemi que par l'usurpation des autorités qui collaborent avec lui;
Considérant que de multiples preuves établissent que l'immense majorité de la Nation française, loin d'accepter un régime imposé par la violence et la trahison, voit dans l'autorité de la France Libre l'expression de ses voeux et de ses volontés.?"
Source: Mémoires I, p. 394.
Il désolidarisait ainsi le peuple français de la servilité de ses dirigeants.
"La condamnation de Vichy dans la personne de ses dirigeants désolidarisait la France d'une politique qui avait été celle du renoncement national." (III, p. 301).
Evoquant la levée du peuple de Paris, il écrit:
"Nul n'ignora, ni chez l'ennemi, ni chez nos amis, que quatre années d'oppression n'avaient pas pu réduire l'âme de la capitale, que la trahison n'était qu'une écume ignoble à la surface d'un corps resté sain, que les rues, les maisons, les usines, les ateliers, les bureaux, les chantiers de Paris avaient vu s'accomplir, au prix des fusillades, des tortures, des emprisonnements, les actes héroïques de la Résistance."
Source: (III, p. 442)
"Fût-ce aux pires moments, notre peuple n'a jamais renoncé à lui-même." (III, p. 494).
Voilà ce que Chirac, en quelques mots, a renié pour ménager le pouvoir médiatique des dirigeants sionistes, et, par là-même, la vassalité à l'égard des Etats-Unis, proie du lobby sioniste, qui lui a fait déjà abandonner son opposition à Maastricht, ruine de la France, et confirmer sa soumission aux diktats américains du G.A.T.T. (rebaptisé "Accords internationaux sur le commerce") qui détruisent les possibilités d'indépendance et de renouveau de la France par le changement radical de ses rapports avec le Tiers Monde.
Le sionisme a aussi toujours agité l'épouvantail antisémite pour faire croire à une menace permanente contre Israël et à la nécessité d'accourir à son secours. De récentes provocations, destinées à masquer les exactions d'Israël, ne manquent pas. La méthode est toujours la même. Au moment des massacres de Sabra et de Chatila, l'écrivain Tahar Ben Jelloun écrivait:
"Il est des coïncidences qui, à force de se répéter, finissent par devenir un indice majeur. A présent on sait à quoi sert un attentat antisémite en Europe, et à qui profite le crime: il sert à couvrir un massacre délibéré des populations civiles palestiniennes et libanaises. On peut constater que ces attentats ont précédé, suivi, ou coïncidé avec un bain de sang à Beyrouth. Ces opérations terroristes sont montées de telle manière et exécutées avec une telle perfection qu'elles ont jusqu'à présent rempli directement ou indirectement l'objectif politique poursuivi: dévier l'attention à chaque fois que la question palestinienne acquiert un peu plus de compréhension, voire de sympathie. Ne s'agit-il pas de renverser systématiquement la situation pour faire des victimes des bourreaux et des terroristes? En faisant des Palestiniens des "terroristes", on les expulse de l'histoire, et par conséquent du droit.
La tuerie de la rue des Rosiers, le 9 août, n'a-t-elle pas précédé de quelques heures le déluge de bombes en tout genre sur Beyrouth?
L'assassinat de Bechir Gemayel n'a-t-il pas été suivi, deux heures après, par l'entrée à Beyrouth-ouest de l'armée israélienne (ce qui, du même coup, éclipsa la visite historique de Yasser Arafat au Pape)?
L'explosion de la voiture piégée rue Cardinet, et la fusillade, le lendemain, devant la synagogue de Bruxelles, n'ont-elles pas coïncidé avec le massacre sans précédent des camps palestiniens de Sabra et Chatila?"
Source: Le Monde, mercredi 22 septembre 1982, p. 2.
Il est des précédents historiques dont nous devrions tirer des leçons: un effort systématique pour modeler l'opinion, en la saturant d'une "information" d'inspiration ethnocentrique, nourrit l'antisémitisme.
""A Berlin, le théâtre, le journalisme, etc.. c'était une affaire juive. Le "Berliner Tageblatt" était le journal allemand le plus important, et, après lui le "Vosiche Zeitung". Le premier appartenait à Mossé, le second à Ulstein, tous les deux juifs. Le Directeur du "Vorwärtz" principal journal socio-démocrate, était juif. Quand les Allemands accusaient la presse d'être juive, "Judenpresse", c'était la pure vérité."
Source: Y. Leibowitz: Israël et judaïsme Desclée de Brouwer. 1993. p. 113.
L'exemple le plus récent de ces manoeuvres et de leur exploitation médiatique est celui de Carpentras.
En mai 1990, au cimetière juif de Carpentras, des tombes étaient profanées. Le cadavre de l'un des morts était empalé et transporté sur une autre tombe.
Le Ministre de l'Intérieur, Pierre Joxe, déclarait aussitôt: "Il n'y a pas besoin d'enquête policière pour savoir qui sont les criminels, coupables de cette "abomination raciste"". Pourtant, cinq ans après, et malgré l'envoi de dizaines d'enquêteurs, magistrats ou policiers, personne ne peut aujourd'hui dire avec certitude quels sont les coupables de cette infamie.
Tout ce que l'on sait c'est qu'il y a eu profanation du cimetière juif, qu'il y a eu un "montage", car le cadavre de Monsieur Germon n'avait pas été empalé, comme l'ont reconnu les enquêteurs quelques jours après. L'on peut alors se demander par qui? Pourquoi? Qui avait intérêt à ce "montage" pour accroître l'horreur de l'événement et exciter la haine de l'opinion publique?
La méthode fut pratiquée à Timisoara où l'on sortit de la morgue des cadavres pour que les photographies répandues dans le monde entier déchaînent plus d'indignation et de haine contre de prétendus massacres massifs.
Jean Marie Domenach (ancien directeur de la revue Esprit) écrivait dans Le Monde du mercredi 31 octobre 1990, sous le titre "Silence sur Carpentras": "Voici près de six mois qu'a eu lieu la profanation du cimetière juif de Carpentras... Six mois plus tard on ne sait toujours pas qui sont les criminels. Chose encore plus troublante: les médias écrits et audiovisuels qui avaient fait de cet abominable événement un scandale qui jeta dans les rues des centaines de milliers de manifestants et ternit à l'étranger la réputation de la France n'ont pas cherché à prendre le relais de l'enquête et se taisent. Nul parlementaire, nulle autorité morale ou intellectuelle n'ose interpeller le gouvernement. Carpentras semble être entré définitivement dans la légende noire de la nation sans qu'on connaisse les coupables et sans qu'on sache exactement ce qu'il s'est passé. Nul ne peut, ou n'ose, dire encore la vérité sur Carpentras."
L'étrange "silence sur Carpentras", dénoncé par Jean-Marie Domenach, contraste avec le vacarme médiatique des premiers jours.
Lors de la manifestation organisée le 14 mai 1990, quatre vingt mille personnes selon la police, 200.000 selon les organisateurs, avaient défilé dans Paris. Le bourdon de Notre-Dame avait sonné en leur honneur.
En réalité, personne ne savait quels étaient les auteurs de l'infamie de Carpentras. Alors, contre qui manifestait on?
Contre qui? L'enquête seule aurait pu le dire et ne l'a pas dit.
Mais au profit de qui?
La chose était évidente: le drapeau d'Israël resplendissait en tête de la manifestation.
Cette étrange "Union Nationale", au cours de cette Manifestation où Georges Marchais serrait ostensiblement la main de François Léotard, permettait de lancer une attaque globale contre quiconque mettait en doute les dogmes plaçant Israël au-dessus de toute loi internationale. Le grand Rabbin Sitruk, qui prononçait l'allocution définissant le sens de la manifestation, pouvait s'écrier: "Ne laissons pas dire n'importe quoi. Aux professeurs "révisionnistes", aux hommes politiques irresponsables, donnons la leçon".
Source: Le Méridional. Lundi 14 mai 1990.
La vérité sur la profanation de Carpentras n'est pourtant toujours pas établie parce que de toutes les pistes suggérées aux enquêteurs, une seule a été exclue, qui est pourtant la plus vraisemblable.
Pourquoi le silence fut-il ordonné à ceux qui auraient pu être les témoins les plus nécessaires?
"Le gardien de la synagogue de Carpentras et détenteur de la clé du cimetière, M. Kouhana, qui avait été l'un des premiers à découvrir le corps de Félix Germon, refuse de nous parler: "Même si vous aviez été le Préfet, j'ai reçu la consigne de ne rien dire." Le Président du consistoire lui a interdit de s'exprimer "car il aurait dit n'importe quoi à la télé", justifie le docteur Freddy Haddad, lui-même très réticent pour évoquer la profanation, tout comme le Rabbin Amar."
Source: Var Matin magazine, du lundi 15 avril 1995, Article des reporters Michel Letereux et Michel Brault.
Pourquoi le Rabbin de Carpentras, à qui l'on demandait si l'on ne resanctifierait pas les lieux répondit-il: "Ce n'est pas de mon ressort!", le Président du Consistoire: "Çà n'a aucune raison d'être!". Et le Maire: "On ne m'a rien demandé."
Source: même article de Var Matin, du lundi 15 avril 1995.
Pourquoi aucun journal français n'a-t-il évoqué le précédent -- exactement semblable -- d'une telle "profanation" qui s'était produite dans le cimetière israélien de Rishon Letzion, près de Tel-Aviv, dans la nuit du 2 mars 1984: le corps d'une femme y avait été déterré et jeté hors du cimetière juif. "Acte barbare d'antisémitisme", proclamèrent aussitôt les communautés juives du monde entier. Quelques jours plus tard la police israélienne, après enquête, révélait le sens véritable de cette abjection: le cadavre aussi honteusement traité était celui de Madame Teresa Engelowicz, épouse d'un juif, mais d'origine chrétienne. Les intégristes juifs considéraient sa présence dans le cimetière juif comme souillant la pureté des lieux et le Rabbin de Rishon Letzion avait déjà réclamé son exhumation.
Pourquoi aucun journal français n'a évoqué le parallélisme? Monsieur Germon, dont le cadavre avait été lui aussi exhumé dans la nuit et avait fait l'objet du sinistre "montage" de l'empalement, était, lui aussi "coupable" d'avoir épousé une chrétienne, et son cadavre fut transporté sur une tombe voisine, celle de Madame Emma Ullma, coupable, elle aussi d'avoir épousé un catholique.
Pourquoi personne n'a-t-il rappelé qu'en Israël, pour convaincre qu'avant Israël, la Palestine était un "désert", des centaines de villages ont été rasés au bulldozer avec leurs maisons, leurs clôtures, leurs cimetières et leurs tombes?
Source: Israël Shahak, Le racisme de l'Etat d'Israël p. 152 et suivantes.
Au lendemain de la "Journée de la démocratie" à l'Université hébraïque de Jérusalem des étudiants juifs ont posé la vraie question:
"Pourquoi ne pas protester quand vous savez que la rue Agron de Jérusalem et l'Hôtel Hilton de Tel-Aviv sont construits sur des cimetières musulmans détruits?"
Source: "Les étudiants de l'Organisation socialiste israélienne: Matzpen", P.O.B. 2234. Jérusalem.
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