AAARGH
Comment écrire
ou tenter d'écrire rationnellement sur un sujet quand jusqu'ici
ceux à qui s'adresse ce texte refusent une discussion rationnelle?
Pour que l'on accepte ce texte, il faudrait que l'idée
même de réexaminer l'histoire de la "solution
finale" apparaisse comme pertinente, or c'est cette pertinence
même qui est mise en cause, c'est le fait de penser que
l'histoire telle qu'elle nous est présentée pose
d'énormes problèmes qui est nié... Comment
peut-on, à moins d'être un fou, un salaud, un aveugle
ou un ignorant, se poser non pas tel ou tel problème de
détail, mais bel et bien la question:
"L'Allemagne nazie a-t-elle réellement décidé au plus haut niveau l'extermination concertée de tous les Juifs vivant sous sa domination? Y a-t-elle quasiment réussi en exterminant six millions sur neuf au moyen du garage à l'aide du cyclon-B?"
Je sais que j'en ai déjà
trop dit, que certains refuseront d'aller plus loin, ces dernières
lignes suffisent à me discréditer d'une façon
ou d'une autre.
Il serait absurde de m'en indigner car j'aurais réagi de
la même façon il y a encore deux ans passés.
Pourquoi ce conditionnel puisque j'ai réagi ainsi pendant
près de dix ans vis-à-vis d'un ami qui me pressait
de lire Rassinier.
Ce qu'il m'en disait me paraissait tellement aberrant que je ne
voyais pas pourquoi je perdrais une seule minute avec de telles
inepties. Je lui ai fait à peu près toutes les réponses
qu'on me fait aujourd'hui:
Cet ami m'agaçait
avec son Rassinier,
je le soupçonnais même, malgré son passé
et son présent politique, d'être un peu antisémite...
Et me voilà aujourd'hui confronté au même
scepticisme, aux mêmes suspicions... Je demande donc à
ceux qui aujourd'hui ont l'attitude que j'avais hier et qui sont
la quasi-totalité de l'intelligentsia française,
historiens ou non, d'essayer de comprendre comment j'ai pu passer
des certitudes qui sont les leurs aux doutes qui sont les miens
à présent.
Je dis comprendre et non accepter, car il est toujours possible
que je me trompe; mais si je ne suis devenu ni fou, ni salaud,
ni stupide, ni fanatique, il faudra bien tenter de me démontrer
mon erreur par la discussion, par le débat et non par l'injure,
la suspicion ou le procès d'intention.
Mais pourquoi ai-je ce désir de discussion, pourquoi ne
pas accepter de m'en tenir à un travail de recherche et
de réflexion solitaires? Parce que je ne crois pas à
la réflexion et encore moins à la science solitaires.
L'échange est pour moi une donnée fondamentale de
l'élaboration de toute vérité dans quelque
domaine que ce soit.
La solitude, parfois inévitable de fait, est toujours dangereuse,
le discours délirant toujours possible. Je refuse d'accepter
cette situation d'isolement sans rien tenter d'y changer.
Pis, ces doutes, je ne suis pas le seul à les avoir; je les partage avec ceux pour qui ils sont devenus certitudes et qui dans leur immense majorité sont gens de droite, fascisants même, c'est-à-dire à l'opposé de tout ce en quoi je crois, de tout ce pour quoi je combats, et cette situation m'est insupportable.
Alors oui, il y a chez moi un besoin de justification, il
y a du plaidoyer dans ces lignes... Le tribunal est d'ailleurs
la constante de l'historiographie de cette période... Chaque
historien se fait procureur ou défenseur... L'histoire
elle-même repose essentiellement sur des pièces de
procès, de celui de Nuremberg à celui d'Eichmann. On avance des pièces rassemblées
par la "Commission d'enquête sur les crimes nazis commis
en Pologne"... Enfin quiconque parle de cette histoire est
aussitôt sommé, nous y reviendrons, non seulement
de dire si c'est en tant que témoin à charge ou
à décharge du régime nazi, mais encore est
décrété d'office défenseur du nazisme
s'il conteste l'indubitabilité de certains faits
(les chambres à gaz) ou la logique de certains arguments.
Pour ma part, je plaide non coupable de la saloperie qui consisterait
à être d'une façon ou d'une autre, subjectivement
ou objectivement, comme disaient si joliment des procureurs grands
et petits de la belle époque stalinienne, un défenseur
du nazisme à quelque degré que ce soit.
Je plaide non coupable d'ignorance ou de folie.
Je plaide non coupable auprès de ceux qui penseraient qu'il
y va du simple plaisir de la provocation.
Je plaide non coupable auprès de ceux qui m'accuseraient
de meubler par cette marotte stupide le vide idéologique
et politique qui serait le mien.
Je plaide non coupable de l'accusation de perversion masochiste,
d'autoflagellation.
Mais, encore une fois, j'accepte fort bien que je puisse me tromper.
Par a priori idéologique par exemple: mon antistalinisme
me faisant douter de certains documents, alors qu'exceptionnellement,
dans ce domaine, les staliniens pour une fois seraient purs de
toute falsification...
Encore faudra-t-il essayer de me comprendre, de me lire, de peser mes arguments, comme je le fais moi-même pour ceux des autres et tenter de me répondre, sans injure, en un mot: accepter le débat.
Si la recherche de la vérité est une motivation
suffisante pour qu'aujourd'hui, sur cette question, je veuille
continuer mes recherches, ce ne fut nullement le point de départ
de celles-ci.
Car ce qui fait problème, c'est bien de savoir comment
j'ai pu en arriver à douter de l'historiographie officielle,
du discours admis de "la solution finale".
Cette réponse est simple pour un néo-nazi que cette
histoire dérange dans ses tentatives de réhabilitation
d'Hitler de même que tout était simple pour le militant
stalinien qui niait en bloc tout ce qui pouvait gêner sa
vision du paradis socialiste en U.R.S.S.
Pour moi l'évidence du génocide, des six
millions de morts
et des chambres à gaz était l'une des rares certitudes
que vingt-cinq ans d'errance poétique n'avaient jamais
entamée.
Si depuis quelques années la communauté scientifique
des historiens dans sa grande majorité avait émis
des doutes sur cette partie de l'histoire du IIIe Reich, j'aurais
pu expliquer, par mon passé de Juif, fils d'émigrés,
élevé dans des maisons d'enfants juifs, pourquoi
moi, je n'arrivais pas à accepter cette remise en cause.
Mais c'est l'inverse qui se produit. Le problème est celui
de mes doutes en opposition à la quasi-totalité
de la communauté scientifique des historiens et de l'intelligentsia
en général. Et mon histoire personnelle rend ces
doutes encore plus incompréhensibles! Alors je comprends
qu'on aille y voir de plus près sur ma santé mentale...
Pour ceux qui voudraient tout de même tenter de comprendre,
il faut partir du moment qui a précédé la
rupture, de ce qu'il est convenu d'appeler désormais l'"affaire
Faurisson".
Du fait que la grande majorité
de l'humanité vive dans des pays où la liberté
d'expression n'existe pas, on pourrait tirer la conclusion qu'il
faut s'estimer heureux de vivre dans un pays où elle existe,
et s'en tenir là...
Les dissidents de l'Est et les réfugiés d'Amérique
latine sont là pour nous rappeler ce privilège qu'il
serait absurde de nier.
Mais je pense, pour ma part, que ce privilège même
impose qu'on ne se contente pas de ce que nous avons; il faut
le défendre certes, empêcher qu'on ne l'ampute, mais
aussi se battre pour obtenir encore plus. En ce domaine précis
de la liberté d'expression, il n'est pas de limite.
Si je sais le prix de la différence entre un régime
démocratique et un Etat totalitaire, je ne me contente
pas du repoussoir qu'est l'Etat totalitaire pour accepter ce qui
dans l'Etat démocratique me paraît être une
limitation à la liberté d'expression.
Plioutch serait condamné
à se taire en U.R.S.S. "son pays" parce que la
liberté d'expression n'existe pas, et en France où
elle existe parce que ce n'est pas "son pays". Disons
que, là encore, les Etats totalitaires traitent tous les
citoyens comme des étrangers, puisque comme Hitler le fit
jadis pour mon père, les dirigeants de l'U.R.S.S. expulsent
et retirent la nationalité soviétique aux dissidents.
En conclusion, il n'est pas d'homme, citoyen du pays ou étranger,
fonctionnaire ou non, qu'on puisse empêcher de dire ce qu'il
pense; il n'est pas d'institution, armée, chef d'Etat,
dont on ne puisse dire ce que l'on pense.
Mais le combat pour la liberté passe aussi par les moyens
que l'on a d'exprimer ce que l'on pense, ce qui pose le problème
du monopole d'Etat de la radio et de la télévision,
du monopole d'argent dans la presse écrite, d'où
le combat pour une radio libre et une presse différente.
J'ai toujours été frappé par cette absurdité
qui veut que ceux qui, à un moment donné, ont des
idées minoritaires doivent les exprimer en moins de temps
ou de caractères d'imprimerie que ceux qui ont des idées
majoritaires.
Alors que le "bon sens" voudrait qu'on leur en donnât
plus afin qu'ils puissent se bien faire comprendre de la majorité.
De même que les périodes électorales, et quoi
qu'on pense des élections, ne soient pas des moments privilégiés
où tous les candidats aient le même temps de parole
et la même place dans la presse est un fait que je n'accepte
pas comme allant de soi.
Peut-être bien qu'une certaine forme, ou certains aspects
de la démocratie sont en fait plus hypocrites que le totalitarisme.
C'est dans ce cadre que se pose la question: est-il des idées,
des opinions qui n'aient pas le droit de s'exprimer?
J'ai moi aussi pensé "pas de liberté pour les ennemis de la liberté". J'étais pour l'interdiction d'un meeting fasciste, d'un journal raciste... J'ai manifesté en 1956 lorsque Guitton a été nommé professeur à la Sorbonne, sous prétexte qu'il aurait été pétainiste pendant la guerre, ce qui ne m'empêchait pas, en vertu des grands principes démocratiques, de protester en même temps contre l'interdiction d'un meeting d'extrême-gauche, la saisie d'un livre sur la torture en Algérie, l'interdiction sous la pression d'associations confessionnelles d'un film comme La Religieuse.
Je me servais des principes démocratiques pour mon droit à l'expression et trouvais toutes sortes de bons
arguments pour justifier l'interdiction d'autres idées...
Lorsque j'ai entendu Gisèle Halimi demander la censure
pour certains livres ou films sexistes, comme elle existe pour
les propos racistes, lorsque j'ai appris que l'on voulait empocher
un chanteur de chanter ses chansons patriotardes comme des paras
avaient voulu empêcher Gainsbourg de chanter sa Marseillaise
reggae, alors j'ai pris le parti définitif de défendre
la liberté d'expression sans condition, sans restriction,
quel que soit le contenu des idées émises, racisme
y compris.
Dans cette attitude, certains veulent voir de l'autoflagellation,
du masochisme, parce que je me bats pour que puissent s'exprimer
ceux qui me crachent à la gueule. Si j'étais persuadé
que laisser parler mes pires ennemis, ceux que peut avoir un Juif
libertaire, équivaudrait tôt ou tard à me
voir priver de la mienne, qu'on se rassure, je serais aussi, la
mort dans l'âme certes, pour la censure et l'interdiction...
Mais justement, je ne crois pas que c'est en laissant la parole
à des racistes, à des fascistes, à des staliniens
que l'on favorise leurs idées...
Voilà quel était
mon état d'esprit lorsqu'éclata l'"affaire
Faurisson".
Je n'ai pas lu à ce moment-là le texte paru dans
Le Monde, j'ai simplement été frappé
par les réactions qu'il suscita dans la presse, au Parlement
et à Lyon: indignation, demande de sanction professionnelle,
assignation en justice...
De même que je me souviens du tollé provoqué par la publication dans L'Express de l'interview de Darquier
de Pellepoix, tollé non seulement sur le contenu de ses propos, ce qui me paraît parfaitement normal, mais aussi sur le fait même que L'Express ait publié cette interview!
Lorsque j'ai lu les déclarations de Faurisson, j'ai effectivement
pensé que c'était l'oeuvre d'un néo-nazi,
que ce qu'il disait était entièrement faux, et c'est
pour cette raison que moi, Juif d'extrême gauche, j'ai voulu
publiquement, en accord avec mes réflexions ci-dessus expliquées,
prendre position pour son droit à l'expression libre...
La rédaction du texte -- joint en annexe -- et qui parut finalement dans Libération me demanda plusieurs
semaines tant j'étais mal à l'aise...
Que, les événements s'accélérant,
j'eus même une rencontre avec Faurisson, et en sois venu
à lire Rassinier,
je m'en expliquerai plus loin... Je le signale ici simplement
pour expliquer que j'aie pu écrire les dernières
lignes de mon texte où je déclarais que Faurisson
et Rassinier
n'étaient pas antisémites, et la phrase où
je disais qu'ils ne niaient pas le génocide, ce qui à
juste titre m'a été reproché, puisque Faurisson
nie le génocide. Je reviendrais également sur ce
point. Mais admettons que Faurisson et Rassinier soient antisémites et que
tout ce qu'ils disent soit non seulement faux, mais encore "inadmissible",
je ne renie pas mon texte qui dit que même si cela était
je suis contre l'interdiction, sous n'importe quelle forme de
l'expression de leurs idées.
Le texte paru dans Le Monde et signé
par trente-quatre historiens
des plus éminents m'a posé, entre autres, non plus
le problème de la liberté d'expression, mais celui
de la "discutabilité" d'un point de l'histoire
ou d'un problème scientifique quelconque.
De toute façon, puisque j'émets le principe qu'aucune
idée ne peut être interdite, et que par ailleurs
certaines idées sont pour moi totalement inadmissibles
ou nuisibles, se pose le problème: comment combattre efficacement
ce qui vous paraît non seulement faux, mais en plus inadmissible
et dangereux, si l'on exclut les censures sous toutes ses formes?
La seule forme de censure n'est pas l'interdiction pure et simple contre laquelle je m'élevais dans mon texte paru dans Libération. On peut aussi
faire appel à un ensemble d'arguments qui auront tous en
commun de ne point s'affronter réellement au discours de
l'autre, mais de le discréditer, je dirais en amont et
en aval, c'est-à-dire quant à ses motivations et
quant à ses conséquences, et qui visent de ce fait
à ne pas l'examiner lui-même.
Avez-vous fait un séjour en hôpital psychiatrique?
Cela suffira pour beaucoup à ne pas vous accorder la moindre
crédibilité.
Avez-vous émis des idées racistes? Cela discréditera
toutes vos affirmations (encore faut-il que cela se sache, car
si, comme pour Groddek, on ne découvre vos propos racistes
qu'après votre mort et après vous avoir lu avec
passion, on sera stupéfié!).
Mais quand on semble examiner non les motivations ou les conséquences
d'un argument, mais l'argument lui-même, il suffit de le
déclarer "petit bourgeois", "réactionnaire"
ou a utopique" pour s'éviter le besoin de le déclarer
"faux". Comme si cela allait de soi, la vérité
seule étant révolutionnaire comme chacun sait! il
suffit d'être réactionnaire pour être de ce
fait même dans l'erreur...
Je sais, pour ma part, que mes choix politiques, mon égalitarisme inconditionnel, mon ultradémocratisme, mon anti-productivisme par exemple ne sont pas de l'ordre de la Vérité. Etre pour la hiérarchie, les élites, l'économie de profit, l'ordre, la discipline, le culte du chef, n'est pas de l'ordre du faux. Certes les uns et les autres tentons-nous
d'étayer nos valeurs politiques d'analyses qui, elles,
peuvent être vraies ou fausses, mais aucune d'elles ne peut
justifier, de façon déterminante, les choix politiques
que nous faisons. En elle-même une idéologie réactionnaire
n'est ni plus vraie ni plus fausse qu'une idéologie disons
"révolutionnaire". Par contre, telle ou telle
idéologie peut certes jouer un rôle important dans
la découverte de tel type de vérité dans
un domaine scientifique donné. Ainsi par exemple, la gauche
et la droite s'affrontent-elles périodiquement sur le champ
de bataille de la génétique et de l'hérédité.
Dans ce domaine, nous allons dans les années à venir
être confrontés à des résultats dont
certains nous feront plaisir à nous autres "égalitaristes"
mais dont d'autres, par contre, pourront nous être fort
désagréables. Il serait, en tout état de
cause, absurde d'en préjuger aujourd'hui. Mais le vrai
problème n'est pas là! Il est bel et bien dans ce
fait nu: quelle conclusion politique tirons-nous de telle ou telle
découverte biologique? Et ma réponse est simple:
me prouverait-on l'inégalité des individus, des
groupes, des sexes quant à leurs capacités intellectuelles
par exemple, je n'en resterais pas moins hostile à toute
hiérarchie politique et sociale basée sur ces inégalités.
Je dirais qu'il en va de même pour l'histoire; il me semble, sans que cela soit une condition ni nécessaire ni suffisante, qu'être royaliste en France en 1980, ce qui me paraît pour le moins "curieux", peut amener un historien à écrire des choses passionnantes, nouvelles et vraies sur l'Ancien Régime et, que, inversement, être républicain, progressiste, de gauche, peut vous empêcher de comprendre, voire vous pousser à déformer les insurrections des paysans de l'Ouest à l'époque révolutionnaire. Les a priori idéologiques dont Furet montre bien dans Penser la Révolution Française à
quel point ils firent, et font toujours, écran à
une compréhension de cette période, sont fort significatifs
pour notre propos...
Quant à l'histoire du IIIe Reich en général et à celle du génocide en particulier, je dis que ces a priori se retrouvent à la puissance N. S'il
est "une histoire commémorative", pour reprendre
les termes de Furet, c'est bien celle-là, et s'il en est
une où nous sommes à cent lieues d'une "histoire
conceptuelle", c'est celle-là aussi!
Je me refuse donc à la censure, à la critique ad hominem, à la critique idéologique en ce qu'elles
m'éviteraient d'avoir à prendre en considération
l'argument de l'autre. Ce qui ne m'empêchera pas, ayant
discuté des arguments, de faire, moi aussi, la critique
idéologique.
Les historiens officiels
fondent la théorie du génocide sur les faits historiques
suivants: en 1941, ordre secret d'Hitler d'exterminer tous les
Juifs. Ordre appliqué concrètement à Auschwitz
(entre autres camps) par la construction de chambres à
gaz où furent exterminés des centaines de milliers
de juifs. Résultat global de l'extermination, de 4,5 à
6
millions de personnes.
Les historiens qui se disent "révisionnistes"
et qualifient les premiers d'"exterminationnistes" nient
cet ordre secret dont il ne reste effectivement aucune trace,
sauf dans des témoignages au cours des différents
procès de l'après-guerre et dans les mémoires
de Hoess, commandant du camp d'Auschwitz.
Ils contestent l'existence des chambres à gaz et les chiffres
des Juifs morts du fait du nazisme. Et ils en concluent: il n'y
a jamais eu ni génocide, ni volonté d'extermination.
Le génocide ne serait qu'une invention de la propagande
de guerre accréditée après la guerre au cours
des différents procès, par des témoignages
douteux. Sur les "faits", ordre d'Hitler, chambres à
gaz, chiffres (dont j'affirme qu'à ce jour ni ceux des
historiens officiels, ni ceux des "révisionnistes"
ne reposent sur aucune base scientifique sérieuse)...,
je ne suis pas loin de penser que les révisionnistes ont
raison. Si les autres preuves sont aussi peu fondées que
celles qui reposent sur le journal de Kremer (qui, personne ne contestant son
authenticité, paraissent des plus sérieuses), que
ce soit le rapport Gerstein,
les mémoires de Hoess ou le témoignage fantasmatique
de Filip Muller, alors l'historiographie officielle
n'est guère crédible!
La question du génocide telle que l'établit cette
historiographie pose certains problèmes méthodologiques:
à ce propos, il ne me paraît pas Inutile de rappeler
(aux non-historiens, mais, hélas! aussi aux historiens)
quelques banalités indispensables.
Rappelons:
Pour la guerre de 1914,
par exemple, nous avons les archives des armées allemande
et française sur lesquelles ont travaillé et travaillent
toujours un certain nombre d'historiens. Et je défie quiconque,
utilisant pourtant la prétendue et mythique "méthode
hypercritique" attribuée aux révisionnistes,
de me faire douter de la réalité de la guerre de
1914!
La différence, pour juger de l'existence de ces deux faits, celle des chambres à gaz et celle de la guerre de 14, réside en la nature des documents qui les prouvent. Si l'on peut douter de l'existence des chambres à gaz, c'est qu'elle ne tient que sur des récits de témoins (aveux, mémoires, témoignages au procès) et que ces récits sont contradictoires en eux-mêmes et entre eux, comme je l'ai montré à propos de Kremer.
Puisqu'on ne peut attester ni de l'ordre d'extermination ni de
l'arme du crime, serait-ce donc que les révisionnistes
auraient raison! Non! je suis un "exterminationniste"
convaincu! Mais il faut poser le problème autrement.
Pour paraphraser Faurisson, j'affirme:
Si des Indiens ont été
tués, c'est parce qu'ils s'étaient révoltés...
Si des Tatars ont été tués, c'est parce qu'ils...,
etc.
Pourtant les présidents des U.S.A., le gouvernement turc,
Staline, en ordonnant de déplacer les Indiens, les Arméniens,
les Tatars, de les mettre dans des réserves, etc., ont
ordonné que des Indiens, des Arméniens, des Tatars
meurent en masse, uniquement parce qu'ils étaient indiens,
arméniens ou tatars.
De même, Hitler a ordonné que des Juifs, enfants,
femmes, vieillards, hommes confondus meurent uniquement parce
qu'ils étaient juifs. Tout cela sans chambre à gaz,
sans ordre d'extermination, simplement avec un ordre de déportation
dans des ghettos, des camps, tous lieux de mort. Le propre du
système concentrationnaire étant justement la possibilité
d'éliminer sans obligation de condamner à mort ni
d'exécuter (il a en outre, sans que ce soit en aucune manière
sa fonction essentielle et déterminante, l'avantage de
pouvoir être utilisé à des fins économiques
intéressantes en certaines circonstances...).
(Extraits de Génocide, chambres à gaz. Des procès
au débat, L'Anti-Mythes, n. 25, adresse: M. Jaeger,
33, rue Alphonse-Daudet, 91210 Draveil.)
Il fut un temps qui dure
encore où tout antisémite récusait un témoignage,
une recherche historique, venant d'un Juif et décrétait
vendue aux Juifs toute recherche d'un non-Juif allant dans le
même sens (qu'on se souvienne de l'affaire Dreyfus). Mais
aujourd'hui nous commençons à assister au phénomène
inverse: tout Juif, tout homme, même de gauche, d'extrême
gauche, récuse n'importe quel témoignage, n'importe
quelle recherche historique venant d'un antisémite (ce
qui me paraît déjà grave) et, pire, décrète
antisémite n'importe quelle recherche qui, à propos
des camps de concentration sur tel ou tel point important, sans
doute, met en cause la vérité devenue quasi officielle,
ce qui est inacceptable.
Juif d'extrême gauche, libertaire pour tout dire, je tiens
à affirmer quelques principes auxquels je tiens d'autant
plus aujourd'hui que tous ceux auxquels j'ai cru pendant vingt
ans se sont effondrés les uns après les autres (il
est long le chemin qui, du jeune communiste, opposant en 1956,
m'a mené, ma dose de scepticisme augmentant à chaque
étape, à des idées libertaires en passant
par le trotskisme, l'ultra-gauche). De tous ces principes, il
en est un qui peut se résumer en une seule phrase: la liberté
de parole, d'écrit, de réunion, d'association doit
être totale et ne supporte pas la moindre restriction. Ce
qui implique qu'on laisse paraître et diffuser les textes
les plus ignobles à mes yeux, qu'on refuse l'interdiction
d'un seul livre, fût-ce Mein Kampf (ou demain
le moindre texte de Staline ou du bêtisier de Mao), qu'on
refuse aussi l'interdiction d'un seul meeting, fût-ce de
l'Eurodroite, qu'on refuse même d'empêcher la diffusion
d'un seul tract fût-il ouvertement fasciste ou raciste.
Ce qui ne signifie nullement rester silencieux ou inactif. Si
les fascistes avaient le droit de distribuer leurs tracts dans
les facultés, on pourrait se battre, physiquement même,
si nécessaire, pour que la faculté d'Assas ne reste
pas leur monopole. La seule façon efficace de combattre
les ennemis de la liberté, comme on dit, est de leur accorder
la liberté que nous revendiquons pour nous et de nous battre
s'ils veulent nous la contester. Le fameux "pas de liberté
pour les ennemis de la liberté" est en fait le fourrier
de tous les systèmes totalitaires et pas, comme on l'a
cru, le rempart le plus efficace contre eux.
Alors que ceux qui nient
l'existence des camps de concentration et du génocide le
fassent! A nous d'empêcher que ce mensonge devienne crédible.
En a-t-il fallu des années à la gauche pour trouver
le courage de combattre les mensonges du P.C. sur l'existence
des camps en U.R.S.S.! En 1948, qui l'osait, mis à part
quelques isolés d'extrême gauche, quelques libéraux,
et la droite? Si nous voulons être crédibles pour
la génération à venir, et d'autant plus que
le temps passera, il ne nous faut pas laisser subsister le moindre
mythe, le moindre mensonge, la moindre erreur. Battons-nous donc
pour qu'on détruise ces chambres à gaz que l'on
montre aux touristes dans les camps où l'on sait maintenant
qu'il n'y en eut point, sous peine qu'on ne nous croie plus sur
ce dont nous sommes sûrs. Les nazis avaient des camps modèles
à montrer aux bonnes âmes de la Croix-Rouge, ne nous
laissons pas suer à faire l'inverse.
Je ne veux pas ici entrer dans la discussion sur les chambres
à gaz: y en eut-il ou pas?
S'il y en eut, dans quel camp exactement? Ont-elles été
l'instrument systématique ou accessoire du massacre? Car,
pour moi, si ce fait a son importance, j'avoue ne pas comprendre
l'attitude qui consiste à penser que SI cette pièce
était enlevée en partie voire en totalité
au système concentrationnaire, tout s'écroulerait.
Le nazisme cesserait-il alors d'être une horreur? Deviendrait-il
justifiable? Les chambres à gaz voilà l'horreur
et non les millions de morts? Sans gaz, plus d'horreur, simplement
de graves entorses à la légalité, comme diraient
nos staliniens de service?
Même problème quand on discute du chiffre
des victimes juives
du nazisme. La difficulté de fixer un chiffre, que cela
choque ou non notre sensibilité, apparaît à
tout historien et rend tout chiffre discutable; là encore,
je ne comprends pas qu'il faille atteindre absolument un certain
seuil au-dessous duquel on semble craindre que tout puisse devenir
acceptable et donc, fasse le jeu du nazisme.
On peut, quand on a vécu
cette époque, et vu disparaître une partie de sa
famille, répugner à la discussion sur le mode d'extermination
et le nombre des victimes. Mais l'historien ne peut évacuer
ce problème. Je trouve monstrueuse cette conclusion d'un
certain nombre d'historiens (Le Monde, 21 février
79): "Il ne faut pas se demander comment, techniquement, un tel meurtre de masse a été possible. Il a été possible techniquement puisqu'il a eu lieu. Tel est le point de départ obligé de toute enquête historique sur ce sujet. Cette vérité, il nous appartenait de la rappeler simplement: il n'y a pas, il ne peut y avoir de débat sur l'existence des chambres à gaz."
Malgré le respect que j'ai pour les historiens signataires
de cet article, dont certains ont même joué un rôle
non négligeable dans mes positions actuelles je me demande:
"Mais quelle est donc cette logique absurde?"; C'est
justement parce que le meurtre de masse a eu lieu, ce que, pour
leur part, ni Rassinier,
ni Faurisson ne mettent en doute, qu'on peut se demander justement
comment, y compris techniquement, il a pu avoir lieu. Il n'y a
que ceux qui nient le génocide qui n'ont pas en toute logique
à se poser la question du comment.
Il serait trop long et pourtant fondamental d'étudier tout
ce qu'on a, depuis plus de trente ans, justifié au nom
de la lutte contre le nazisme, à commencer par feu le stalinisme;
les millions
de Juifs morts sont utilisés constamment comme contre-argument
à toute critique de la politique d'Etat d'Israel par exemple.
Quant à moi, je préfère pour garder leur
souvenir, défendre sans relâche le droit à
la liberté, empêcher toute velléité
de chasse aux sorcières, de persécutions vis-à-vis
de groupes, minorités, individus, pensant et agissant autrement
que moi.
Ce que je me refuse à faire, y compris aux néo-nazis,
je ne suis pas prêt à accepter qu'on le fasse à
des hommes comme Rassinier
ou Faurisson dont je sais qu'ils n'ont rien à voir avec
eux, et le procès intenté à ce dernier me
rappelle plus l'Inquisition qu'une lutte contre le retour du pire.
Ce texte a été affiché sur Internet à des fins purement éducatives, pour encourager la recherche, sur une base non-commerciale et pour une utilisation mesurée par le Secrétariat international de l'Association des Anciens Amateurs de Récits de Guerre et d'Holocauste (AAARGH). L'adresse électronique du Secrétariat est <[email protected]>. L'adresse postale est: PO Box 81475, Chicago, IL 60681-0475, USA.
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Nous nous plaçons sous
la protection de l'article 19 de la Déclaration des Droits
de l'homme, qui stipule:
ARTICLE 19
<Tout individu a droit à la liberté d'opinion
et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être
inquiété pour ses opinions et celui de chercher,
de recevoir et de répandre, sans considération de
frontière, les informations et les idées par quelque
moyen d'expression que ce soit>
Déclaration internationale des droits de l'homme,
adoptée par l'Assemblée générale de
l'ONU à Paris, le 10 décembre 1948.