AAARGH
Chers Amis de la Vieille Taupe,
Mais non, la Vieille Taupe n'est pas morte!.
Quand elle ne donne pas de nouvelles à ses abonnés, ce n'est pas parce qu'elle est inactive, c'est au contraire parce qu'elle déborde d'activités diverses. Mais on passe difficilement d'une activité à l'autre, et des diverses galeries que nous sommes en train de creuser à la chronique des événements, et cela d'autant plus que la situation est stratégiquement très difficile à maîtriser.
La Vieille Taupe a diffusé des milliers de tracts et envoyé des milliers de fax, dont les textes suffiraient à faire un numéro de revue. Ces tracts et textes divers vous seront envoyés avec les n· 11 et 12, pour être reproduits et diffusés. Certain d'entre eux ont été reproduits sur internet:
Mais la Vieille Taupe a aussi été assommée par l'adversité. judiciaire. En particulier la condamnation de M. Piscosi-Danesco (Librairie Roumaine Antitotalitaire) à la suite d'une provocation d'activistes sionistes dans sa librairie, et de la condamnation en appel de Pierre Guillaume au profit de la Libre Pensée. à des frais et des indemnités très lourdes. Rappelons qu'à l'origine j'avais simplement demandé un droit de réponse contre la page d'injures et de mensonges publiée contre moi par la Libre Pensée! L'arrêt de la cour est ahurissant et fera l'objet d'une analyse ultérieure. Il présente en tout cas l'intérêt de révéler en laissant une trace indélébile, le degré d'hystérie atteint par l'institution judiciaire dans la persécution des révisionnistes, et sa totale inefficacité. Le révisionnisme fait des progrès à la Libre Pensée où on commence à comprendre que cet arrêt qui invoque la loi Gayssot, constituera une véritable tunique de Nessus. La Libre Pensée ne se remettra pas de sa victoire judiciaire!
Mais le révisionnisme fait aussi des progrès chez les magistrats, et l'hystérie répressive des uns contribue à ouvrir les yeux des autres.
Tout cela, et beaucoup d'autres choses, nous a complètement paralysé dans l'affaire scandaleuse de la révocation de M. Michel Adam, professeur d'histoire au collège René Guy Cadou à Montoir de Bretagne.
Cette affaire est particulièrement grave puisque ce professeur, père de cinq enfants, a été révoqué sans traitement dans des conditions scandaleuses, avec la complicité des syndicats, dans une sorte de procès stalinien ou le soupçon de "révisionnisme" justifie absolument tout.
Mais cette très courte circulaire ne permet pas de développer les très nombreux sujets. Elle vise simplement à dire à nos abonnés que la Vieille Taupe est là... (Patience!) et à leur communiquer d'une part le texte Vous avez dit "extermination"? qu'il s'agit maintenant de diffuser et faire circuler par tous les moyens, et des documents concernant une affaire qui devrait faire des vagues, et dont je vous laisse prendre connaissance.
Hommes de peu de foi...! Quand on vous disait que la Vieille Taupe était partout! Elle était même dans l'oeuvre de Georges Perec, et elle l'ignorait elle-même!
Savez-vous qu'elle est aussi dans l'oeuvre de Fassbinder et qu'elle ne l'ignorait pas!
Tous les espoirs sont donc permis puisque même la psychanalyse de Gérard Miller est entrée dans sa phase terminale.
Deux informations donc pour finir.
L'appel du procès Garaudy-Guillaume aura lieu les 14, 21 et 28 octobre 1998. J'avais pour ma part été relaxé en première instance, mais les holocaustiqueurs ont évidemment fait appel. Ce qui, compte tenu de l'immense succès du livre de Garaudy dans le monde entier, risque de se retourner contre eux... Mais patience...!
Enfin, nous avions annoncé dans différent tracts, et à la fin du Mythe de l'aviation italienne en France... notre intention d'organiser autour de la Librairie Roumaine Antitotalitaire une manifestation de solidarité le 16 juillet 1998.
Rien ne s'étant passé comme nous l'avions espéré, nous annulons purement et simplement ce projet. (C'est le pourquoi de cette circulaire expéditive). Les temps ne sont pas venus. Actuellement le révisionnisme grignote partout. Continuons! Nos adversaires sont les grands maîtres de la provocation, et dans le contexte actuel, inutile de leur fournir une occasion.
D'ailleurs depuis quelques jours nous avons vu apparaître des faux provocateurs. Des tracts à l'enseigne de la Librairie Roumaine Antitotalitaire, avec son téléphone et son fax, mais d'une facture grossièrement antisémite, avec des caricatures et des slogans lourdement connotés, ont été distribués dans le quartier. De là à penser qu'une provocation se prépare et que ces tracts sont destinés à donner à grande échelle dans les médiats l'image de nous que nos ennemis veulent imposer...
Il est donc urgent de ne rien faire et de voir venir, en diffusant largement nos textes authentiques.
Il est déjà intéressant de remarquer que si nos ennemis fabriquent des faux qu'ils nous attribuent c'est qu'ils sont absolument incapables de répondre à nos textes authentiques.
C'est pourquoi il faut diffuser sans relâche, et être là où ils ne nous attendent pas.
Pour finir signalons l'excellent n· 2 de la revue Akribéia qui vient de paraître. (120,00 F)
Egalement, de Carlos Porter et Vincent Reynouard: Délire à Nuremberg. Fondamental. Des citations de ce que la loi Gayssot a institué en dogme républicain.
Et enfin, un formidable documentaire. 1 vol. de photos, 1 vol. de commentaires: La Vérité d'Auschwitz. (Ensemble 200,00 F)
Chers amis, à bientôt. Courage et confiance à la vieille taupe. Et surtout, diffusez..., copiez..., parlez... Ça va bouillir! P.G.
à Monsieur le Professeur de Français-Philosophie
en C.P.G.E. scientifique.
LA VIEILLE TAUPE
Organe de critique
et d'orientation postmessianique
Boîte Postale 98
75224 PARIS cedex 05
Paris, 2 juillet 1998
Copie pour information
de la lettre que j'adresse à
un professeur
qui me demandait communication des documents en cause
après avoir reçu votre circulaire. (Voir ci-dessous)
Monsieur le Professeur,
C'est bien volontiers que je vous adresse les documents qui sont à l'origine de la lettre circulaire de "l'Association Georges Perec" dont j'ignorais l'existence.
Je m'étonne que cette association n'ait pas cru devoir m'envoyer cette lettre circulaire qui date du 16 mai 1998, et que je découvre aujourd'hui. Je me l'explique du fait du ton employé à mon égard, et du fait de l'indigence de l'argumentation.
J'ai relu soigneusement ma lettre initiale et j'en confirme absolument tous les termes.
Les conversations que j'avais eues à l'époque avec Georges Perec sur l'oeuvre de Paul Rassinier avaient toujours été parfaitement correctes et intéressantes. Il avait compris, lui, que le sens profond du témoignage du déporté Paul Rassinier était "manifestement la dénonciation de l'inhumanité, de l'injustice et de la cruauté". Je doute donc qu'il aurait apprécié que l'on utilise son nom, lui, écrivain subtil, pour réitérer un anathème aussi indigent, dans une ambiance de censure et de chasse aux sorcières.
Mais c'est évidemment seule l'analyse scrupuleuse du texte de W ou... qui peut déterminer si mon interprétation est fondée, ou ne l'est pas. Je n'ai pas d'autre argument que le texte, pas même une confidence de Georges Perec. Comme je l'indique dans ma lettre initiale, après qu'il m'ait indiqué son intention d'écrire un livre, je ne l'ai pas revu, puis, plusieurs années plus tard, j'ai appris qu'il était gravement malade.
C'est donc avec un réel étonnement que j'ai appris récemment l'existence et le thème de W ou..., et avec plus d'étonnement encore que j'ai découvert dans le texte des traces manifestes de nos conversations.
Je serais en tout cas très heureux, Monsieur le Professeur, de connaître vos observations à ce sujet, et je vous prie de bien vouloir agréer l'expression de mes sentiments les meilleurs.
P. Guillaume.
Madame, Monsieur,
Certains d'entre vous ont recu, en tant que professeurs des classes préparatoires scientifiques chargés de la préparation à l'épreuve littéraire sur "l'humain et l'inhumain", une lettre de M. Pierre Guillaume, ainsi qu'un certain nombre de textes se rapportant à un document intitulé "Rapport Rudolf".
Il n'entre pas dans nos intentions de discuter du contenu "révisionniste" de ces textes auxquels, de façon insidieuse et aberrante on cherche à rattacher W de Georges Perec.
Mais faire servir W ou le souvenir d'enfance à des fins de propagande révisionniste est proprement scandaleux, comme il est scandaleux de laisser entendre que Georges Perec aurait pu être "intéressé" par de telles "thèses".
Tout au contraire, le sens de W est manifestement la dénonciation de l'inhumanité, de l'injustice et de la cruauté.
Signé: Jacques Neefs Ela Bienenfeld
Président de l'Association
Ayant-droit de
Georges Perec
Association Goerges Perec, 1, rue de Sully, 75004 Paris
[Note de l'AAARGH: pour la suite de l'affaire et les réactions de l'association (ou du moins de ses éléments juifs), cf le bulletin n.11 de La Vieille Taupe, septembre 1998.
Et
le Verbe s'est fait chair
Et il a habité parmi nous!
Nous avons étudié dans un précédent article (Annales d'histoire révisionniste n·5, Eté - Automne 1988, page 103) l'origine, la signification et l'usage des termes: Génocide, Holocauste et Shoah, qui sont les maîtres mots de la liturgie de la "Mémoire". Ces trois mots partagent la particularité, exceptionnelle en linguistique, d'avoir été soit créés, soit détournés volontairement et consciemment, puis imposés dans le langage courant par leur usage rituel et incantatoire dans les médiats. Avant cet usage spécifique chacun de ces mots, ou bien n'existait pas (génocide), ou bien n'avait pas le même sens (holocauste), ou n'a pas de sens en français, autre que celui qui naît précisément de son usage liturgique (Shoah).
Le mot extermination, au contraire, et un mot de la langue française, d'usage commun, et dont la signification est fixée depuis fort longtemps.
EXTERMINATION. n. f. (1160, rare avant XVI·; lat. chrét. exterminatio. V. Exterminer* ). Action d'exterminer, de faire périr jusqu'au dernier; son résultat.
L'action de faire périr jusqu'au dernier! son résultat! Le sens est précis. Aucune ambiguité. Le mot extermination suppose que, quelles ques soient les victimes de cette extermination, ce soit l'anéantissement complet de l'ensemble qui soit visé, ou réalisé. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le mot sera employé tout particulièrement dans le cas de la lutte contre les "nuisibles", qui vise, généralement sans y parvenir, l'"extermination" pour qu'aucune population résiduelle ne constitue la source d'une nouvelle prolifération. Ce mot sera utilisé dans tous les cas où une espèce animale, par exemple, se trouve réduite à un point où la reproduction, donc la survie de l'espèce, se trouve menacée. Les exemples abondent. Mais dans ce cas, l'usage du mot inclut la restriction mentale évidente qu'il s'agit "presque" d'une extermination (les bisons d'Europe, les bisons d'Amérique, le cheval de Przewalski, le panda, le lamantin, le rhinocéros... la liste est longue) puisque précisément on connaît quelques survivants à partir desquels on tente, avec plus ou moins de succès de sauver l'espèce. Mais l'usage du mot, même dans ce cas n'en modifie ni le sens et ni la définition. Il souligne au contraire que le processus ainsi défini n'a pas été poussé jusqu'à son terme. De même l'emploi de ce mot dans des cas où une espèce est néanmoins pléthorique dans certains endroits, comme par exemple l'éléphant d'Afrique dans certaines réserves où il est protégé, ne modifie pas la signification du mot lui-même. On pourra parler de l'extermination de l'éléphant d'Afrique, à condition d'adjoindre une précision géographique, qui délimite un sous-ensemble, car en dehors des régions précises où il est efficacement protégé, c'est effectivement un processus d'extermination qui est en cours. Même si le processus est peut-être réversible dans certaine régions, précisément parce que le processus d'extermination n'a pas été poussé à son terme.
L'espèce n'est qu'un critère parmi d'autres qui permet de définir l'"ensemble" qui fait l'objet de l'"extermination". Cet ensemble peut être petit ou grand, défini par des critères endogènes ou exogènes, peu importe. Mais l'emploi du mot en français suppose que l'ensemble défini d'individus soit l'objet d'un anéantissement total.
En ce qui concerne l'espèce humaine, les cas d'extermination de groupes définis à l'intérieur de l'espèce sont nombreux. Tel est le cas des indiens Arawak, par les Caraibes2. Tel est le cas des Tasmaniens. La dépouille mortelle naturalisée du dernier d'entre eux, une femme morte en 1877, aurait même figuré dans un musée de Hobarth jusqu'en 1947. Claude Levi-Strauss cite de nombreux autres exemples. Les génocides réels sont l'objet de la connaissance érudite et de la méconnaissance générale.
Cela étant dit, l'extermination des juifs pendant la seconde guerre mondiale est un fait admis et reconnu. C'est un fait proclamé dans des milliers de livres, de revues, d'articles de presse. C'est un fait réaffirmé à la radio et à la télévision. C'est une évidence! C'est une certitude!
Et ce fait n'est pas simplement une évidence universellement admise3 et que personne ne peut ignorer, parmi toutes sortes d'autres évidences qu'il est inutile de rappeler. Ce fait est une évidence d'où découlent des conséquences multiples, non seulement philosophiques et théologiques, éthiques, morales et politiques, mais aussi des conséquences juridiques, institutionnelles, et donc judiciaires.
C'est un fait que personne n'a le droit d'ignorer!
C'est ainsi qu'en juillet 1987 j'ai été convoqué par le juge d'instruction Legname, à Auch, pour y être inculpé pour la publication du n· 1 des Annales d'histoire révisionniste. Le juge hésitait encore sur la qualification du délit (incitation à la haine raciale ou propagation de fausses nouvelles4) mais il a répété à trois reprises que le délit était essentiellement constitué par la "négation de l'extermination des juifs".
Il reprochait particulièrement
le titre de l'article de Carlo Mattogno: "Le Mythe de l'extermination
des juifs" qui lui semblait, en lui-même intolérable.
En deux heures d'audition, le juge Legname n'a pas été
en mesure d'articuler une autre critique à l'égard
du n·1 des Annales. Il faisait preuve sur le sujet
d'une ignorance encyclopédique et semblait décontenancé
par mes premières réponses qui lui faisaient entrevoir
que les choses étaient peut-être plus complexes qu'il
ne l'avait de prime abord cru. Mais l'extermination des juifs
était la chose qu'il savait, avec une certitude
inébranlable, et à laquelle il se raccrochait comme
le naufragé à une bouée. Propagation de fausses
nouvelles ou incitation à la haine raciale, cela se discute...
mais l'extermination des juifs, cela ne se discute pas!5
Personne néanmoins ne soutient que les juifs aient totalement disparus. Il est même extrêmement facile de vérifier le contraire. Et cela d'autant plus que dans le courant des années soixante sous l'influence de différents facteurs6, l'affirmation et la revendication identitaire juive s'est banalisée et généralisée.
Mais précisément, chaque juif vivant, survivant, constitue un témoin vivant de l'extermination des juifs. Chaque juif constitue une exception, un miraculé, dont la présence insolite et ineffable vient rappeler à tout un chacun la réalité "insoutenable" de l'extermination.
Que les sept cent mille juifs dont se réclament les institutions de la communauté en France7 constitueraient en eux-mêmes un démenti éclatant à la thèse de l'extermination, la simple insinuation de cette idée sera considérée comme indécente et abominable, sans même que l'on prenne la peine de faire remarquer qu'une bonne moitié de ces sept cent mille juifs sont originaires d'Afrique du nord, immigrés à partir des années soixante, du Maroc, de Tunisie et d'Algérie. Ils ne sont donc pas les survivants d'une extermination dont en tout cas il n'ont rien eu à connaître, et à laquelle leurs parents n'ont guère prêté attention pendant la guerre, ni même dans l'immédiat après guerre8. Néanmoins, ces juifs d'Afrique du nord sont des "témoins". Ils sont particulièrement actifs et convaincus, particulièrement militants. Ils forment l'essentiel des commandos violents qui ont, à de multiples reprises, agressé des révisionnistes, et sont parvenus à empêcher en France l'exercice élémentaire de la liberté d'expression et du droit de réunion pour les hétérodoxes.
Il y a là un mystère. En toute logique, les juifs qui sont morts pendant la deuxième guerre mondiale témoignent du fait qu'un certain nombre, un grand nombre, de juifs sont morts dans le cours de cette guerre. Et les juifs vivants, les juifs qui ont survécu témoignent du fait qu'un certain nombre de juifs ont survécu. Mais cette logique n'a pas cours en l'espèce. C'est tout le contraire qui est vrai. Mais plutôt que se borner à relever le paradoxe, essayons de pénétrer les arcanes de cette pensée inversée.
L'extermination étant un fait indiscutable, tous les juifs vivants, sans exception, portent témoignage, rappellent par leur présence, le fait indiscutable de l'extermination.
Tel est le point de départ obligé!
Dans cette guerre, des dizaines de millions d'hommes ont été tués. Seuls les juifs ont été exterminés!
Essayons donc de pénétrer la logique interne de cette revendication dont les conséquences sont considérables.
Mais d'abord une anecdote pour montrer la montée en puissance et la prégnance universelle de cette croyance:
Au début des années soixante-dix, avant que je ne ferme la première librairie "La Vieille Taupe" que j'avais ouverte au 1 de la rue des Fossés St Jacques en 1965 en compagnie de Guy Debord et des situationnistes, je rendais visite à mon confrère et ami Béla Elek, qui tenait une librairie ancienne dans le bas de la rue St Jacques (aujourd'hui librairie Hatchuel). Il n'était pas là. Sa secrétaire m'indiquait qu'il était "à l'annexe", c'est-à-dire au café, à l'angle de la rue Dante et du boulevard St Germain. Je l'y trouvais en effet, en compagnie de Jean-Gabriel Cohn-Bendit, de Daniel Ben Said, de Bernard Krivine, et, dans mon souvenir, de Daniel Cohn-Bendit9. Je connaissais chacune de ces personnes, mais leur réunion avait quelque chose d'insolite. Béla Elek et les frères Cohn-Bendit étaient proches intellectuellement des thèses de Socialisme ou Barbarie, donc très critiques du trotskisme, et réciproquement. Ben Said, qui était passé parfois à "La Vieille Taupe", était un dirigeant trotskiste (IVe Internationale, LCR). Bernard Krivine, cousin d'Alain, n'avait pas d'activité militante, mais il était proche intellectuellement du trotskisme. Matheux, il avait fait hypo-taupe et taupe dans la même classe que ma soeur. Il était passé plusieurs fois à la maison.
Je connaissais donc chacun individuellement, mais dans des univers différents, et à l'époque, il ne venait pas à l'esprit dans les milieux d'extrême gauche, que la judéité qui leur était commune puisse constituer un motif de réunion. Je saluais donc la compagnie d'une phrase banale: Tiens! Salut! Qu'est-ce que vous fabriquez-là?
Je pense que c'était la première fois de ma vie que je rencontrais un groupe dont tous les membres étaient juifs, et dont cette particularité partagée était le motif apparent de réunion.
Béla Elek prenait les devants: Qu'est-ce que tu veux, quand un vicomte rencontre un autre vicomte, qu'est-ce qu'ils se racontent? ... Nous discutions de la curieuse situation d'être tous des survivants...!
Pour bien comprendre la situation il faut savoir que Béla Elek, dont le frère, Thomas, avait été fusillé par l'occupant allemand pour sa participation aux activités armées et aux attentats du groupe Manouchian (l'affiche rouge) était celui qui m'avait prêté son propre exemplaire du Mensonge d'Ulysse de Paul Rassinier, devenu introuvable, au moment ou diverses rumeurs avaient attiré mon attention sur ce livre. Nous en avions beaucoup discuté. Il ne croyait déjà plus beaucoup aux "chambres à gaz", et plus du tout au chiffre de "six millions de victimes juives". Il savait à quoi s'en tenir sur le stalinisme et les staliniens, et les mécanismes de la bonne conscience et de la propagande. Donc, à l'époque, ni lui ni moi ne croyions plus à la thèse officielle, mais je croyais encore à la thèse de "l'extermination" sans chambre à gaz. En fait je n'avais pas d'idée bien arrêtée, mais j'avais l'esprit en éveil. Je cherchais à comprendre et je ne prenais plus pour argent comptant tout ce qu'on me disait sur les juifs, ni ce que des juifs disaient d'eux-mêmes. Mais toujours avec une parfaite bienveillance et la meilleure volonté. Une conviction commune me rapprochait en tous cas de Béla Elek à l'époque: le peuple allemand dans son ensemble n'avait aucune responsabilité et l'antigermanisme était absolument odieux10.
Il faut aussi préciser qu'aucun des présents n'étaient de ces timbrés de la judéité, ou des protagonistes du Shoah-biseness comme ont a pu en voir apparaître dans les années suivantes, et aucun des présents, en dehors de Béla n'était au courant de nos interrogations rassinièristes. Les nombreux juifs que j'avais côtoyés à Socialisme ou Barbarie, et dans les milieux trotskistes, sans même la plupart du temps savoir qu'ils étaient juifs, avaient en général rompu avec toute forme de judéocentrisme et donc avec les institutions communautaires du judaisme. L'antisémitisme était rigoureusement inexistant, mais les juifs n'affirmaient pas non plus à tout propos et hors de propos, une identité et des convictions accusatoires et culpabilisantes à l'égard de tous les autres.
Cependant l'idée qu'ils avaient échappés à une extermination d'une nature radicalement différente des "exterminations" subies par d'autres peuples dans l'histoire et que cela constituait un élément particulièrement signifiant autour duquel devait se reconsidérer la perception de l'histoire et de son sens..., cette idée commençait apparemment à s'imposer à leurs esprits et à se discuter dans des milieux qui rejetaient totalement naguère encore cette vision judéocentrique... Cette idée, je devais le découvrir plus tard, avait totalement submergé la communauté juive américaine, et commençait à s'imposer en France, et à pénétrer jusqu'aux milieux trotskistes et ultra-gauche, comme en témoignait cette rencontre.
En général, dans les milieux trotskistes, le livre de référence sur la question juive était le livre d'Abraham Léon11. Lui-même avait été arrêté et déporté de Belgique fin 1944. Il est mort à Auschwitz. Dans son livre il tentait d'expliquer les causes et les raisons historiques et sociologiques du rôle des juifs dans l'histoire sur une base matérialiste et dans une perspective qui rompait avec le judéocentrisme. Il faisait la critique du sionisme dont il prévoyait qu'il serait conduit à faire le jeu de l'impérialisme américain. Dans son texte, terminé en décembre 1942, donc au coeur de la guerre, il ne distinguait pas qualitativement les divers impérialismes en guerre, et il ne "diabolisait" pas plus (ni moins) le régime socialiste-national qu'il ne diabolisait les autres belligérants.
Autrement dit, les juifs que je connaissais jusqu'ici essayaient plutôt de penser les persécutions spécifiques subies par les juifs en les replaçant dans le cadre de la crise générale, de la guerre et des persécutions subies par tous, en récusant les explications judéocentriques.
Le plus surprenant, bien que je n'ai pensé à cela que beaucoup plus tard, c'est que cette idée d'avoir échappé à une extermination tout à fait spécifique, fondatrice d'une exceptionnalité, commençait à s'imposer à l'esprit de juifs de mon entourage, et à les réunir, alors même qu'aucun des présents ne pouvait vérifier cette thèse au niveau de ce qu'il savait de sa propre famille. Et j'avais acquiescé, sans même y prendre garde, convaincu moi aussi que les quelques familles juives dont j'avais fait la connaissance, et qui avaient survécu à la guerre étaient des exceptions exceptionnelles.
Dix ans plus tard, au plus chaud de l'affaire Faurisson, j'ai souvent pensé à cette rencontre fortuite. Chacun des juifs présents était convaincu, parce que c'était une vérité universellement proclamée, que les juifs avaient été exterminés, alors même que dans chacune de leur propre famille, les "survivants" étaient beaucoup plus nombreux que les "exterminés".
Cela ne résultait pour moi d'aucune recherche ou étude particulière. Le Dr Krivine était devenu le dentiste de ma famille. C'est lui même qui m'avait dit que sa famille avait eu la chance de traverser la guerre sans trop de casse, en me faisant remarquer que ceux qui avaient été déportés ou qui étaient morts, l'avaient été plus du fait de leurs activités résistantes ou politiques, ou du fait des staliniens,... que parce qu'ils étaient juifs. Il m'avait dit cela plusieurs années plus tôt, bien avant que je n'ai découvert l'oeuvre de Paul Rassinier, alors que j'étais tout au contraire sous l'influence d'un ami très proche (à l'époque), Edouard Taubé, juif également, qui me parlait de "l'extermination des juifs" du matin au soir et du soir au matin12; Je n'imaginais pas que ce qu'il me racontait put en aucune manière être révoqué en doute.
En ce qui concerne la famille Elek, j'avais été invité par Béla chez sa mère13, lors d'une réunion de famille. J'y avais rencontré sa soeur et j'avais vu au mur la photo de son père. Il avait été quelque chose de haut rang dans l'appareil stalinien en Hongrie. Il était mort en 1954 je crois. Donc bien après la guerre qu'il avait vécue en France. J'avais entendu évoquer d'autres membres de la famille. Un oncle en Amérique, et un autre oncle, en Hongrie, membre relativement important de l'appareil policier et du parti! Là, j'avais été abasourdi. Béla était proche des idées de Socialisme ou Barbarie. C'était un bon copain. Nous travaillions ensemble. Je croyais partager les mêmes idées sur le stalinisme. L'insurrection hongroise de 1956, à la fois nationale et prolétarienne, comme la Commune de Paris, mais où, de plus, les Conseils ouvriers avaient joué un rôle déterminant dans l'organisation de l'insurrection, nous semblait avoir rouvert la perspective d'un cycle révolutionnaire... Je n'aurais pas été plus surpris d'apprendre que la famille Elek entretenait d'excellentes relations avec un haut dignitaire nazi. J'apprenais que dans les années cinquante, à une époque ou je croyais le "rideau de fer" beaucoup plus étanche, Hélène Elek se rendait en Hongrie, et qu'elle était reçue comme une personnalité de la Résistance (française) dans des cercles dirigeants du parti (stalinien). Mais Béla m'expliquait que la situation n'était pas la même en Hongrie..., qu'il fallait comprendre..., qu'il était juif... (son oncle), qu'il y avait l'antisémitisme dont il fallait tenir compte... Je n'y pris pas garde dans l'instant. Mais j'étais stupéfait de découvrir qu'une famille juive, engagée à fond dans l'antifascisme, y compris dans la lutte armée, avait dans l'ensemble survécu à la guerre, à l'exception de Thomas, pris sur le fait et fusillé. Compte tenu de ce que j'avais appris par les différents canaux par lesquels on apprend ces choses-là, et de ce que je croyais savoir sur le sort des juifs pendant la guerre, cette conjoncture me paraissait miraculeuse.
En ce qui concerne la famille Cohn-Bendit, je dois dire qu'en dépit des relations que j'ai entretenues avec Daniel Cohn-Bendit avant Mai 68 et après, mais surtout avec son frère Jean-Gabriel, dans les années quatre-vingt, quand nous travaillions sur la question révisionniste et l'affaire Faurisson, ni l'un ni l'autre ne m'ont jamais évoqué la question de l'extermination de leur propre famille. Cela ne veut évidement rien dire, puisque j'ai tendance à croire et j'ai pu vérifier que ceux dont la famille a réellement été anéantie, n'aiment pas en parler, après avoir reconstruit leur personnalité sur le deuil de cette famille, précisément. Mais j'ai peine à croire, compte tenu du sujet sur lequel nous travaillions ensemble, que Jean-Gabriel ne m'ait jamais parlé de l'extermination de sa famille, si tel avait été le cas. Quant à Daniel, il n'a jamais invoqué cet argument, même pour justifier ses réticences à aborder le sujet révisionniste lors de nos rares rencontres bien après l'éclatement public de l'affaire Faurisson. Au contraire, Daniel Cohn-Bendit n'a jamais évoqué devant moi que des arguments politiques: "Ouais! Bon! D'accord... mais tu comprends, ça va faire les choux gras de l'extrême-droite.... Mais l'extrême-droite allemande... tu te rends pas compte!"
Autre anecdote. Dans le courant de l'année 1981, l'affaire Faurisson battait son plein, mais l'hystérie et la répression n'avaient pas atteint la même intensité qu'aujourd'hui. Beaucoup, y compris parmi nos adversaires les plus acharnés et les plus irrationnels, ne désespéraient pas de parvenir à réfuter les arguments révisionnistes. Ils se mettaient donc au travail, mais un certain dialogue entre les thèses contradictoires s'effectuait. On pouvait espérer qu'un débat "civilisé" finirait par s'imposer. Jean-Edern Hallier m'avait confié la direction d'une collection d'essais, aux éditions Hallier-Albin-Michel. Il avait été convenu que je publierais des ouvrages révisionnistes, parmi d'autres, dont la traduction de l'ouvrage fondamental d'Arthur Butz, The Hoax of the twentieth century. Mais je devais commencer par publier le livre de Noam Chomsky Economie politique des droits de l'homme.
Après que cet accord14 se fut conclu, Jean-Edern Hallier m'entraîna à la brasserie Lipp. Jean-Paul Aron se trouvait attablé là, et nous invita à sa table. Jean-Edern me présenta comme quelqu'un qui préparait des publications "sur le génocide". Jean-Paul Aron qui ne m'avait pas encore identifié comme l'éditeur de Faurisson bien que Jean-Edern ait décliné mon non, nous fit remarquer que dans sa propre famille, même prise au sens large, le nombre des victimes du "génocide" était exactement égal à zéro. Mais lorsque j'insinuais que cette situation était peut-être moins exceptionnelle parmi les juifs qu'on ne le pensait, et lorsque je me fus identifié comme l'éditeur de Faurisson, sans vraiment marquer d'agressivité Jean-Paul Aron manifesta qu'il préférait éluder la discussion. Il avait peu de temps auparavant rendu publique sa séropositivité, et le mauvais état de sa santé commençait à être perceptible. Je n'ai donc pas cru devoir insister.
Je pourrais multiplier ces anecdotes...
Je sais aussi, bien sûr, que le père et la mère de Pierre Vidal-Naquet ont été arrêtés et déportés, et qu'ils sont morts en déportation, dans des conditions non élucidées. Vidal-Naquet est donc orphelin, mais pas sans famille. Je connais aussi Maurice Rajfus, qui a raconté dans Jeudi Noir, 16 juillet 1942, comment ses parents, sa soeur et lui-même avaient été arrêtés, et comment sa soeur et lui-même avaient été finalement libérés. Ses parents ne sont pas revenus de déportation, et sont donc morts dans des conditions non élucidées. Les deux enfants sont donc orphelins. Appartenant à un milieux de juifs pauvres récemment immigrés de Pologne, ils sont aussi, je crois, sans famille.
C'est aussi le cas des trois petites filles de ce soldat allemand assassiné par de soi-disant résistants qui n'avaient jamais ni résisté ni combattu, mais vrais lyncheurs de prisonniers de guerre qui s'étaient rendus sans combattre15, à moins que les bombardements libérateurs ne leur aient évité d'avoir à connaître cette triste situation.
J'ai connu aussi des orphelins de guerre, Français et Allemands. Il se trouve que tel est le cas de deux de mes amis. De plus, dans les circonstances de la guerre, j'avais été placé quinze jours dans un orphelinat, et cette circonstance m'avait donné à réfléchir sur la situation des orphelins et sans famille. Plus tard aussi cette situation m'avait bien des fois donné à réfléchir, car dans la vie je ne connais personne qui n'ait, à un moment ou à un autre, pour réaliser quoi que ce soit, ou pour ne pas s'effondrer et lâcher la rampe, eu besoin d'un coup de main ou d'un coup de pouce familial... Aussi ai-je été interloqué lorsque j'en ai été témoin, par la facilité avec laquelle certains juifs s'identifiaient comme victimes, dont toute la famille avait été exterminée, alors même que je pouvais constater qu'ils bénéficiaient d'une situation extrêmement protégée et privilégiée sur le plan familial et relationnel, situation en tous points supérieure à la mienne, sur le plan matériel et relationnel en tout cas. J'ai été abasourdi par l'usage psychologique que certains faisaient de ce statut victimaire fantasmatique par procuration, en contraste avec l'extrême pudeur de victimes bien réelles, orphelins et sans famille que je connaissais.
Précisément, l'histoire ne s'écrit pas à partir de cas individuels. Mais les cas individuels s'inscrivent dans l'histoire globale, qui doit en rendre compte. Une analyse globale peut seule déterminer dans quelle mesure telle histoire individuelle est significative d'un sort commun ou d'une exceptionnalité...
Et nous nous trouvons là renvoyé à notre interrogation de départ: Pourquoi le sort des juifs en France pendant la deuxième guerre mondiale est-il "pensé" à travers les mots: génocide, holocauste, shoah, et le concept d'extermination?
Les juifs en France ont-ils été exterminés?
On évalue la population juive en France en 1936 à 250.000 personnes. On évalue la population juive en France en 1989 à 700.000 personnes, parmi lesquelles à peu près la moitié originaire d'Afrique du nord. La population juive originaire d'Europe serait donc en France d'environ 350.000 personnes. Indépendamment donc de la croissance démographique naturelle, faible en ce qui concerne les juifs européens, il y a donc eu une immigration constante depuis 1936, en provenance d'Allemagne, de Pologne, de Russie, Tchécoslovaquie, Hongrie, Roumanie... Dans le même temps se poursuit une émigration vers les Etats-Unis, le Canada et l'Amérique latine et la Palestine, puis Israel.
En 1938, on assista à l'arrivée massive de quelques 50.000 juifs en provenance d'Allemagne. Il s'agissait de juifs polonais vivant en Allemagne socialiste-nationale avec un passeport polonais, ayant immigré en Allemagne entre 1920 et 1938. Ils étaient considérés en Allemagne comme des ressortissants polonais, protégés par leur passeport avec le statut d'étranger. En dépit de l'antisémitisme officiel et assumé, l'ordre allemand et l'économie allemande leur avait semblé préférable à la situation qu'ils trouvaient en Pologne. En avril 1938 le colonel Beck, Ministre des Affaires étrangères de Pologne, décida de retirer la nationalité polonaise à tous les juifs polonais qui vivaient hors de Pologne, et de ne pas renouveler leurs passeports! Mais protégés tant que ce passeport restait valide, ils pouvaient quitter très légalement l'Allemagne. La plupart d'entre eux adoptèrent cette solution et vinrent en France. En dehors de cette période d'afflux massif (avril 1938 - octobre1938) un flux constant de juifs venaient s'installer en France, ou passaient en transit vers d'autres destinations.
Mais parce qu'il s'agissait d'un flux permanent d'entrées et de sorties, il est bien difficile de savoir combien de juifs sont entrés en France dans cette période, et combien en sont sortis. Il est par conséquent bien difficile de savoir combien de ces immigrants ou en transit se trouvaient sur le sol de France lors de la déclaration de guerre, lors de la débâcle et de l'occupation de la zone nord, et enfin lors de l'occupation de la zone sud. Leur nombre dépassait 100.000, peut-être de beaucoup. Le double n'est pas invraisemblable. C'est donc une population juive de 350.000 à 450.000 personnes qui s'est trouvée soumise au mesures de contrôle et à la répression de l'occupant.
Pour fixer les idées, 75.721 juifs ont été déportés de France. Rapporté aux 350 000 juifs (minimum) qui se trouvaient sur le sol de France sur l'ensemble de la période de la guerre, cela représente donc environ 21 % de l'ensemble des juifs qui ont été déportés. 78% environ n'ont donc pas été déportés.
Dans ces conditions, est-il possible? Est-il légitime? de parler d'extermination... Est-il concevable d'imposer cette idée et cette interprétation historique des faits par la loi?
Je ne discute pas là des sentiments légitimes d'horreur, ni de la condamnation que peut susciter cette déportation massive de populations, parmi lesquelles une majorité d'hommes, de femmes, et d'enfants n'étaient pas engagés dans une activité de résistance. Je discute simplement d'une seule chose: le terme "extermination" est-il ou non adéquat pour décrire cette réalité historique incontestée: la déportation de 21% des juifs présents sur le sol de France.
La réponse est manifestement et indiscutablement: NON! Et si les 21 % effectivement déportés avaient été exterminés (mais alors il s'agirait là de l'extermination des 21% de déportés, et non pas de l'extermination des juifs) la reproduction biologique des juifs résiduels (78 %) aurait-elle été entravée? La réponse là encore est : NON!
Et pourtant, dans son ordonnance de référé, rendue le 25 mai 1987, et ordonnant la mise sous séquestre du n·1 des Annales d'histoire révisionniste, le juge Pluyette a prononcé: "...le premier numéro de cette revue, mettant en doute l'extermination des juifs, constitue un trouble manifestement illicite à l'ordre public."
Autre constatation troublante: Bien que d'après mon expérience personnelle le phénomène ait maintenant quasiment disparu16, il n'était pas rare d'entendre proclamer véhémentement: "Toute ma famille a été exterminée!" en citant à l'appui de cette proclamation un chiffre précis de victimes. Ce genre d'argument était à peu près inévitable dès lors qu'une discussion publique sur tel ou tel point survenait. Il m'a été opposé des centaines de fois. Et d'abord j'y ai cru. C'est à dire que j'ai cru que tel était le cas de mon interlocuteur précis du moment. Fréquemment un chiffre était lancé à l'appui de cette proclamation. Puis un jour j'ai remarqué que le chiffre cité n'était presque jamais pair et qu'il se terminait souvent par sept (37, 63 et 97 étaient les nombres à deux chiffres les plus fréquemment avancés. Mais aussi 117 et 127) Pourquoi? Certes les militants de toutes les causes sont capables d'inventer n'importe quoi pour la bonne cause. Mais j'ai souvent eu l'impression, et parfois pu vérifier que mes véhéments interlocuteurs étaient subjectivement sincères! Ils avaient entendu dire par quelqu'un, au cours d'une réunion familiale, ou "communautaire", ou d'une discussion, que au delà des quelques membres de la famille que chacun connaissait, tout le reste avait été exterminé! Et ce quelqu'un avait fait des recherches, et avait établi que... Une fois le chiffre lancé, il fonctionne de façon purement rhétorique, sans que jamais personne ne prenne la peine de vérifier. Toute famille juive avait son chiffre... Mais chaque fois qu'un début de vérification était possible, j'ai pu constater que le chiffre sacro-saint était absolument dénué du moindre fondement. Je n'ai pu évidemment le vérifier que dans le cas des familles de mes amis juifs très proches qui eux-mêmes parfois s'étaient laissés abusés. Mais comme à la même époque je découvrais dans mon entourage que beaucoup de mes amis étaient juifs, j'ai quand même pu vérifier sur une dizaine de familles. Mais demeurait l'idée, ou plutôt le sentiment, qu'au delà de la famille connue, du cousin Moshe, de la tante Zita et de l'oncle Anatole, rescapés par miracle dans telle et telle proportion, toute la nébuleuse famille lointaine avait disparu.
Ce sentiment est à rapprocher de la nostalgie de la grande famille patriarcale, de ses réunions à l'occasion des mariages, enterrements, naissances, communions solennelles, que l'urbanisation rapide, surtout depuis la fin de la guerre, a fait éclater concrètement et idéologiquement, au profit de la cellule familiale "nucléaire" que l'on connaît aujourd'hui. Ce processus est universel. Ainsi, issu moi-même d'une famille dont les réunions regroupaient fréquemment plus de cent personnes dans l'est de la France, j'ai perdu tout contact avec la plupart de ces oncles, tantes, cousins, petits-cousins avec lesquels j'avais passé mon enfance, au point de ne pas même connaître l'adresse de ceux qui vivent à Paris. Cet éclatement s'est réalisé à travers toute la France. Dans le cas des famille juives originaires de l'est de l'Europe, à partir de 1920 cet éclatement s'est produit à l'échelle du monde entier. De plus, l'éclatement du Shtetel, l'émigration hémorragique, s'est accompagné de crises idéologiques et familiales multiples. Les conflits entre staliniens, trotskistes, bundistes, sionistes, anarchistes et sociaux-démocrates, sans compter les divers courants religieux, sont venu parachever l'éclatement de la grande famille traditionnelle. Dans ces conditions, il était d'autant plus facile de s'imaginer que cette "grande famille", qui avait été anéantie par le processus social et historique, l'avait été aussi physiquement.
Dans le cours des années soixante, on assiste avec l'effondrement des divers messianismes dans lesquels les juifs s'étaient impliqués, à un retour au judaisme et à un réveil communautaire. La mode se répand, d'abord aux USA, de rechercher ses "racines", et d'organiser des réunions de famille en effectuant par voie de presse et petites annonces, des recherches sur les cinq continents. La presse locale US se fait souvent l'écho de ces réunions de familles juives d'origine européenne qui manifestent leur joie de se retrouver si nombreux alors que la plupart des convives se croyaient "seul survivant", avant d'avoir découvert l'annonce de leur lointain cousin dans un journal. Chacune de ces réunions était un démenti à la thèse de l'extermination. Mais ces réunions et les recherches qu'elles impliquaient restent très incomplètes. Elles nécessitent des moyens financiers considérables et ne sont donc à la portée que d'une minorité de famille, et le filet que ces familles lancent à travers le monde a des mailles très larges. Les résultats déjà obtenus n'en sont que plus significatifs.
Les juifs n'ont donc pas été exterminés, c'est une évidence, mais il est criminel et contraire à l'ordre public de le dire!
Si donc le terme EXTERMINATION n'est pas utilisé dans son sens littéral et commun, que signifie l'utilisation rituelle et obligatoire de ce mot ?
Nous sommes manifestement en présence d'une utilisation symbolique, rituelle et métaphorique, c'est-à-dire religieuse. Les juifs ont été exterminés, néanmoins la majorité des juifs ont survécus! Il s'agit d'un mystère, d'une vérité métaphysique.
Lucian Blaga17 est, à ma connaissance le seul philosophe a avoir tenté de pénétrer la logique interne et d'exposer la cohérence, mais surtout l'inéluctabilité de la pensée dogmatique comme l'intersection de deux ordres différents de connaissance que le dogme exprime dans sa formulation antinomique.
Une fois identifié le caractère dogmatique de la formulation, il serait vain de prétendre la réfuter par des arguments rationnels en confrontant aux faits le sens littéral du mot. Les faits ne réfutent pas un dogme puisque la Vérité que le dogme proclame est d'une autre nature.
Lorsque le prêtre consacre le pain et le vin de messe à l'autel, le pain se transforme et devient le corps du Christ, le vin se transforme et devient le sang du Christ. Prenez et mangez, ceci est mon corps! Prenez et buvez ceci est mon sang! On peut croire ou ne pas croire. Mais on ne réfute pas la présence réelle du Christ en constatant, ce que tout croyant sait et constate volontiers, que la nature physico-chimique de l'hostie et du contenu du ciboire n'a pas changé , et qu'il s'agit après comme avant la consécration, d'une hostie de pain sans levain et de vin blanc. La vérité mystique de la consécration et de la communion est d'une autre nature. Le dogme nous dit précisément qu'il s'agit d'un mystère qu'il faut croire. Pour cela il faut la foi et la grâce. Mais la présence réelle n'est pas réfutée par la constatation triviale, quant aux prêtres "modernes" de l'Eglise actuelle qui concèdent que la présence n'est pas réelle, ils manifestent seulement qu'ils ont perdu tout sens du dogme, du mystère et du sacré, et la compréhension de leur propre religion.
De même ne réfute-t-on
pas "l'extermination des juifs" pour le croyant de la
religion holocaustique, en comptant les survivants, car la Vérité
qui se dit à travers l'évocation rituelle de l'extermination
est de nature mystique. Un seul juif aurait-il été
tué qu'il s'agirait encore d'une extermination!18
C'est cela et pas autre chose qu'il faut comprendre.
Le judaisme est, comme toutes les religions tribales primitives et contrairement au christianisme, à l'islam et aux grandes métaphysiques, une métaphysique de la terre (promise) et du sang (les descendants d'Abraham - religion monoéthnique). C'est une religion combattante et dominatrice ("On ne t'appellera plus du nom de Jacob, mais Israel [sârâh - lutter victorieusement] car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes et tu l'as emporté".Gen. 32, 30) Dans le cadre de cette métaphysique propre au judaisme, tout juif n'est concevable que comme le dépositaire et le porteur de cette mystérieuse et mystique judéité, et de l'Alliance dont la circoncision est la marque indélébile.
Si donc un juif est tué, c'est nécessairement cette mystérieuse judéité qui est atteinte en lui. Et le projet divin, objet de l'Alliance, s'en trouve entravé.
"Pour le primitif, la partie n'est pas le tout de façon purement symbolique, elle l'est en réalité" font remarquer aussi bien Lévy Bruhl que Cassirer.
Car... la judéité persiste chez tous les autres juifs à travers lesquels le projet divin poursuit sa réalisation inexorable... Par conséquent ce meurtre, cette agression individuelle n'aurait de sens et d'efficace que si elle se poursuivait à l'encontre de tout les autres juifs, jusqu'à leur anéantissement. Le judaisme établit un lien irréfragable entre la judéité et la mission du peuple prêtre de réaliser le projet divin, d'humaniser (c'est à dire judaiser) l'humanité, de mener à son terme la création. Quiconque fait obstacle (Shatam - celui qui entrave, qui résiste) à cette mission n'a de chance d'y parvenir qu'en anéantissant ce peuple porteur de la promesse... C'est donc la cohérence même du judaisme qui postule chez ses adversaires une volonté d'extermination comme seule réponse cohérente à sa propre mystique totalitaire. Le judaisme formant une totalité métaphysique, organique et biologique, nul ne peut s'en prendre à une partie sans que le tout soit visé, le tout métaphysique, organique et biologique.
L'"extermination" n'est donc qu'un postulat identitaire, un fantasme collectif, qui découle logiquement et inéluctablement de la métaphysique de la judéité. On retrouve ce fantasme collectif tout au long de la bible, mais plus particulièrement dans le livre d'Esther et dans la liturgie des Pourim. Tous les événements de l'histoire concrète des juifs sont ré-interprétés à la lumière de ces schèmes intemporels. Le livre d'Esther constitue la meilleure clef interprétative de l'histoire contemporaine la plus actuelle. L'accusation purement fantasmatique de vouloir exterminer les juifs19 permet de persécuter tout ceux qui s'opposent au projet divin: la domination universelle, matérielle et spirituelle, du judaisme.
Les juifs ont été, sont et seront exterminés.
Ils auront été, sont et seront d'autant plus exterminés qu'ils seront plus nombreux, plus riches et plus puissants.
Puisque...
Cette Vérité s'imposera d'autant plus que les juifs domineront le monde sans partage.
...Et il est nécessaire que les juifs dominent le monde pour que s'impose cette Vérité.
Mais dès lors que l'on a identifié le caractère dogmatique et religieux de la formulation exterminationniste comme l'intersection d'une série d'informations d'ordre historiques, concrets, factuels (les juifs ont été persécutés terriblement au cours d'une guerre terrible) et d'une série de concepts d'ordre métaphysique et de sentiments identitaires, il faut souligner qu'à la différence des dogmes chrétiens, ce dogme religieux ne se donne pas comme tel.
Le dogme chrétien, par exemple, formule explicitement une antinomie, et assume sa nature mystérieuse (un seul Dieu en trois personnes). Le dogme holocaustique ne s'assume pas comme antinomie dogmatique. Il n'assume pas comme mystérieuse et mystique l'antinomie qu'il proclame [extermination et survie]. Les dogmes chrétiens se présentent comme les postulats et les axiomes d'une construction théologique et métaphysique qui n'est pas sans grandeur. Ils ne concernent que la mystique des fins dernières et la définition de la divinité. Le dogme chrétien n'impose pas de dénier la perception des sens et l'empire de la raison dans le monde profane, qu'il livre à la connaissance empirique de l'homme.
Le dogme holocaustique au contraire ne s'assume pas comme dogme. Il s'affirme comme Vérité profane, historique, matériellement vérifiable. Par analogie, cela équivaudrait à prétendre qu'après la consécration par le prêtre, c'est physiquement le sang du Christ qui se trouve dans le ciboire, qu'on peut en déterminer le groupe sanguin et effectuer une numérotation globulaire! Mais à interdire de le vérifier. (loi Gayssot) Par le fait, le dogme exterminationniste se transforme en imposture imposée par l'imperium.20
.
En effet, la Vérité spirituelle qui s'énonce dans le dogme holocaustique n'est que la métaphysique traditionnelle et tribale de la judéité. Ce n'est pas une religion "verticale" qui relie l'homme à Dieu. C'est une religion "horizontale" qui ne serait guère susceptible de relier entre eux (religion - de religare: relier) que les adeptes préalables, parce que membre de la communauté, de cette métaphysique. Cette religion pour devenir universelle, pour dominer l'ensemble des esprits et de la société, a besoin que cette vérité mystique ineffable pour les membres de la communauté, soit aussi VRAIE historiquement et matériellement.
Telle est la condition pour que les paraboles d'Elie Vaiselle soient aussi les leçons de l'Histoire.
En fait le véritable Dieu d'Israel, c'est Israel lui-même: l'être collectif hypostasié de la communauté réelle et matérielle, la Judische Gemeinwesen.
Comment une illusion identitaire au service d'une passion religieuse messianique, a pu s'imposer universellement au point de circonvenir l'histoire et de transformer les tribunaux de la République en tribunaux d'Inquisition?
Là est la question centrale dont l'élucidation jettera une lumière sans précédent sur les mécanismes à l'oeuvre dans le lien social et dévoilera ces choses cachées depuis la fondation du monde.
Les juifs n'ont donc pas été exterminés, au sens où l'on entend généralement le mot exterminé en Français.
Fort bien. Mais le lecteur, soucieux du sort des juifs, se demandera ce que sont devenus les 21% de juifs déportés. Quel à été le sort de ces 75 .721 juifs tombés dans les mains du régime socialiste-national, et sous la domination absolue et sans partage de la S.S.?
Ont-ils été exterminés?
Pour fixer les idées, sur ces 75.000 juifs (environ) 25.000 (environ) étaient des juifs français de plus ou moins vieille souche. 50.000 étaient des juifs étrangers, On remarquera donc que les 25.000 juifs français, ou Français juifs, ou Français et juifs, rapportés aux 250.000 qui constituait la communauté juive française représente 10% de l'ensemble. 90% de cette communauté n'a pas été déportée.
On remarquera que les 50.000 juifs étrangers déportés, rapporté à l'ensemble des juifs étrangers présents sur le sol français représentent 50% de cet ensemble si l'on considère l'évaluation minimale de 100.000 juifs étrangers présents au moment de la débâcle, et 25 à 20% si l'on considère des évaluations "hautes". Nous n'avons pour notre part aucun élément qui nous permettrait de pencher en faveur de l'une ou l'autre de ces évaluations21. Mais en tout cas cela signifie qu'entre 50% et 75% des juifs étrangers présents sur le sol de France en 1940-1941, n'ont pas été déportés.
Dès l'instant de leur déportation il n'était plus fait de différence par les autorités allemandes en fonction de la nationalité des juifs. La seule différence qui pouvait continuer à se manifester concrètement ne pouvait résulter que du comportement de l'administration juive interne des camps. Si donc nous évoquons néanmoins cette différence alors que notre préoccupation actuelle est le sort de ceux qui ont été déportés, c'est uniquement parce que cette différence d'origine et de nationalité interviendra, comme nous allons le voir, dans l'évaluation du nombre des survivants de la déportation.
Ces préalables ayant été dits, nous reposons la question radicale, c'est à dire la question qui prend les choses par la racine: Quel à été le sort de ces 75.721 juifs tombés dans les mains du régime socialiste-national, et sous la domination absolue et sans partage de la S.S.?
Ont-ils été exterminés?
La conviction générale est : OUI!
Le public, les médiats, mais aussi les experts, les spécialistes, c'est à dire les historiens, et comme nous l'avons vu, les juges et la jurisprudence répondent : OUI!
Et enfin la loi, bien qu'elle soit d'interprétation complexe et élastique, est tout entière fondée, dans son exceptionnalité même, sur cette conviction fondatrice.
Cette conviction repose22 sur un document fondamental et incontournable: Le Mémorial de la déportation des juifs de France publié par Serge et Béate Klarsfeld en 1978. Ce document consiste, pour l'essentiel, en la liste nominative des juifs déportés par convoi. C'est ainsi que s'est trouvé établi et fondé le nombre évoqué ci-dessus de 75.721 juifs déportés de France, nombre d'ailleurs "révisionniste" par rapport à des chiffres préalablement avancés, qui n'étaient pas moins sacro-saints avant que celui-ci ne soit établi sur des bases sérieuses et objectives23. Page[29] 24par exemple, Serge Klarsfeld cite un article de Georges Wellers, dans Le Monde juif de mars 1952 (n·53) qui revendique 110.000 déportés juifs. Plus généralement, en dehors du "noyau dur" documentaire constitué par les listes nominatives de déportés, le Mémorial... comporte la reproduction de divers documents et des commentaires sur lesquels nous reviendrons...
Mais en ce qui concerne la question précise que nous nous posons actuellement, un seul petit chapitre de quinze lignes, page [10], intitulé: Survivants. Et dans ce chapitre une phrase:
C'est sur cette petite phrase que repose maintenant toute la construction "exterminationniste". Cette phrase en constitue la pierre angulaire. Mais cette phrase est beaucoup plus encore. C'est une phrase liturgique.
L'idée qui s'impose à travers cette phrase est la suivante : Des 75.721 déportés de France, seuls 2.500 survivaient en 1945, soit de l'ordre de 3%. Le nombre ridiculement faible de ces survivants indique bien une volonté d'extermination. C'est généralement la seule chose que l'on retiendra du Mémorial... : (2.500/75.000 = 3%) mais les conséquences en sont considérables.
Première conséquence: L'extermination est avérée! les doutes et les scrupules objectivistes que les révisionnistes étaient parvenus à insinuer ne sont pas justifiés. Hitler et les nazis étaient réellement monstrueux, et les révisionnistes entravent la dénonciation nécessaire de l'abomination. Ils sont plus monstrueux encore. Et d'autant plus abominables qu'ils sont plus intelligents et utilisent des arguments troublants. Donc sus aux révisionnistes!
Deuxième conséquence: Puisque l'extermination est vraie dans ce cas là, elle est "vraie" dans tous les cas! Puisqu'on a maintenant la preuve et la certitude objective (enfin) qu'il y avait bien à l'oeuvre chez Hitler et les nazi un projet et une nature intrinsèquement abominables et pervers, il devient indécent et abominable de se poser des questions de détails.
Troisième conséquence: Les scrupules objectivistes qui avaient conduit certains historiens exterminationnistes respectables à faire des concessions sur telles ou telles atrocité, sur la valeur de tels ou tels témoignages, sur l'existence de telles ou telles chambres à gaz mineures, ne sont plus de mise. Le dogme réincorpore sous sa protection tout ce qui avait été préalablement imprudemment concédé.
Quatrième conséquence: Si le lecteur a porté quelque intérêt aux arguments développés dans la première partie du présent texte, il est coupable... et ferait mieux de numéroter ses abatis.
Là encore l'analyse pénétrante et générale de la pensée dogmatique par Lucian Blaga nous aidera à comprendre ce qui se passe en fait. Cette phrase miraculeuse se trouve à l'intersection, au point nodal, de deux ordres de pensée antinomiques, deux ordres différents de Vérité. Dans l'un des ordres de pensée, elle énonce une vérité prosaique et profane:
(Ce n'est donc pas de l'ordre de l'évidence, et l'éventuelle certitude qui pourrait en découler dépend de la valeur de ces raisonnements dont on ne saura rien en dehors du fait qu'ils sont...de toutes sortes. L'autorité des conclusions fondées sur de tels raisonnements repose entièrement sur l'autorité qu'on accorde au locuteur)
(Il s'agit donc d'une estimation - Cette prudence est légitime et renforce le propos de l'auteur dans un ordre objectif de pensée. Il s'agit d'une estimation donc discutable. L'acceptation, sinon l'invitation à être discutée que dénote l'emploi du verbe "estimer" fonde la crédibilité de l'énoncé dans l'ordre objectif, matérialiste et profane.)
(Bien que le verbe soit à l'imparfait de l'indicatif, la formule est dubitative et conditionnelle)
(75.000/100 x 3 = 2250. En fait 2500/75.000, survivants représente 3,33% et 2.500/75.721 représente 3,30%).
Mais dans un autre ordre de pensée, il ne s'agit là que de l'énoncé de la justification du bien fondé d'un dogme.
La formulation donnée à cette phrase veut indiquer que nous sommes dans l'ordre de la pensée rationnelle, discursive, discutable, c'est-à-dire susceptible de faire l'objet d'une discussion. Mais en pratique elle a fonctionné à l'inverse. Elle représente dans sa formulation l'ultime bonne volonté à l'égard de l'objectivisme,, dont on a voulu faire la preuve. Elle constitue le fond sur lequel la pensée rebondit pour pénétrer dans l'ordre de la connaissance mystique et vengeresse, de la pensée identitaire, sioniste et combattante. C'est d'ailleurs dans cet ordre-là que fonctionne globalement Le Mémorial... qui est le plus souvent brandi comme un livre des morts destiné à clore toute discussion. C'est ainsi que le Mémorial... est le plus souvent évoqué25, et récemment encore au cours du procès Papon.
Penchons nous donc attentivement sur ce livre de 656 pages format A4.
Ce livre a la particularité d'être à la fois un document historique irremplaçable, dont la publication a d'ailleurs immédiatement été saluée comme telle par le professeur Faurisson et tous les révisionnistes, et d'être le document qui clôt le débat, avant de l'avoir ouvert, donc la source du dogme exterminationnistes!
Document et source irremplaçable, c'est indiscutable. Mais oeuvre historique, oeuvre d'historien? C'est beaucoup plus discutable.
Serge Klarsfeld est un militant de la cause sioniste, un militant du "génocide" ouvrant droit à réparations. Il est d'ailleurs indiqué en quatrième de couverture: "Edité pour l'association pour le jugement des criminels nazis qui ont opéré en France".
Effectivement la présentation, le choix des documents complémentaires, les commentaires, sont rigoureusement unilatéraux. Les commentaires "techniques" sur les listes des convois sont excessivement confus et conduisent à se poser souvent beaucoup plus de questions qu'ils n'en résolvent. Il faut beaucoup de complaisance sinon de flagornerie pour accorder à ce travail la qualité d'un travail historiographique. Il ne s'agit pas d'une synthèse historique mais d'un réquisitoire et d'un monument élevé à la souffrance juive26 (bien réelle pendant cinq ans) réalisé avec des ciseaux et de la colle et avec un parti pris manifeste, et d'ailleurs revendiqué.
Cette attitude est légitime C'est celle du vengeur justicier. C'est celle du militant sioniste dévoué corps et âme aux intérêt de l'Etat d'Israel et à la défense et illustration de ses mythes fondateurs mais cette attitude n'est pas encore obligatoire pour tous.
Cette attitude ne coincide pas avec celle de l'historien... Il a fallu beaucoup de complaisance et de flagornerie à ceux des historiens "labellisés" et salariés qui ont feint de ne pas s'en apercevoir lorsqu'ils ont décerné à Serge Klarsfeld les certificats les plus élogieux. De même qu'il a fallu de la lâcheté à tous les historiens qui ont pris la peine de se pencher sur le grand-livre... et qui ont laissé dire.
Le véritable historien soumettra tout énoncé au débat et à la critique libre. Il se gardera d'intervenir en tant que tel tant que la parole ne sera pas entièrement libre.
L'attitude du justicier militant propre à Serge Klarsfeld, ne coincide pas non plus avec celle du juge dans un Etat de vieille27 civilisation européenne. Le véritable juge, après le réquisitoire entendra la défense. Là encore si la parole de la défense n'est pas entièrement libre, ou si le tribunal accepte de juger "sous influence", c'est à dire n'est pas entièrement libre de sa décision au seul vu des éléments présentés aux débats, mais si le tribunal doit tenir compte de pressions politiques ou d'une opinion manipulée28, il forfait à sa fonction de juge en acceptant de couvrir du manteau de la justice ce qui n'est qu'une guerre poursuivie par d'autres moyens.
Dans la pratique Le Mémorial ... est un document historique présenté fort civilement aux historiens et instantanément retiré du débat!
Le lecteur en doute?
Eh bien ! qu'il essaye de lancer un débat entre historien sur ce sujet, où pourra être émise l'idée que peut-être le nombre des survivants comptabilisé par Klarsfeld est sous-évalué...!
Dans la pratique, Le Mémorial ... est un réquisitoire que la défense n'a pas le droit de contester. L'extermination des juifs est le point de départ obligé29.
Mais à quoi bon toutes ces discussions?
De quelque coté que l'on se tourne, le nombre des survivants n'est-il pas extrêmement faible? Et l'extermination ne s'en trouve-t-elle pas établie et vérifiée?
Tous les révisionnistes sont prêt à admettre que 3%, ou 3,3% ou 4%, cela représente un taux de survie extrêmement faible, et qu'une telle situation confine à l'extermination. Mais justement...! Pour quelle raison devrait-on imposer l'utilisation rituelle d'un tel terme? Qu'ajoute-t-il de plus aux faits? Un pourcentage énorme de déportés n'ont pas survécu. Il est évident que ce pourcentage possède une signification symbolique et psychologique énorme. Au dessus d'un certain seuil, tout se passe comme si l'extermination avait été la règle, et la survie l'exception qui la confirme. En dessous de ce seuil cette opération mentale qui assure le basculement d'un ordre de pensée dans l'autre, ne fonctionne plus. Il s'agit d'ailleurs d'un seuil psychologique, variable, à partir duquel un trop grand nombre d'exceptions attire l'attention sur le fait qu'un autre destin que l'extermination aurait donc été possible pour les déportés.
Dans le domaine de la connaissance scientifique, l'exception ne confirme jamais la règle, à moins que l'exception elle-même ne puisse finalement être expliquée par l'interférence de tels ou tels facteurs identifiables sur les prévisions qui se déduisent de la "loi"30. Tout au contraire, l'exception, les mesures obstinément marginales par rapport aux prédictions de la "loi", à défaut d'être expliquées par un facteur identifiable, conduiront à remettre en cause la "loi" par laquelle on avait transitoirement rendu compte des faits observés.
Mais l'extermination comme conviction, a précédé l'observation, et la constatation.
On peut cependant supposer que, si la réalité avait été telle que son dévoilement selon un processus de connaissance scientifique ne risquait pas d'aboutir à la remise en cause du dogme identitaire, le déroulement normal des controverses historiques serait parvenu à un consensus. Le débat normal entre historien n'aurait pas été brutalement interrompu, et la parole des contestataires n'aurait tout simplement jamais été interdite. Les divers modes de pensée auraient cohabité dans la société, comme c'est le plus souvent le cas sur la plupart des sujets. Mais la brutalité et l'universalité soudaine de la censure indique que, pour les tenants du dogme, l'interruption du débat historique était devenue une nécessité. C'est donc que la poursuite du débat risquait d'infirmer le dogme. Et dans le cas spécifique du Mémorial... la poursuite du débat historique risquait: d'une part de mettre à mal le dogme des chambres à gaz, d'autre part de faire apparaître un nombre de survivants de la déportation psychologiquement troublant.
Pour les holocausticiens, les 2.500 survivants constituent en eux-mêmes un problème..., et d'autant plus si on interprète ce faible nombre comme la preuve que Hitler et les nazis avaient bien eu l'intention d'exterminer les juifs et qu'ils avaient construit à cet effet des camps d'extermination, avec des chambres à gaz. On comprend mal dans ce cas pour quelles raisons et par quels miracles 2500 personnes parmi les déportés de France ont survécu à ce programme. Comment expliquer que Hitler et les nazis aient placé dans des camps d'extermination tous ces déportés...? pour finalement oublier de les exterminer31. Afin qu'ils puissent témoigner? Mais on nous a dit au contraire que Hitler et les nazis avaient tout fait pour garder le "plus grand secret du Reich" et pour faire disparaître les traces.
Ensuite...
Auschwitz a été la destination de la plupart des déportés juifs de France (70.000/75.000 nous dit Klarsfeld [p. 6] - 23.000 juifs français et 46.000 juifs étrangers). On sait qu'Auschwitz à l'automne 1942 à été le siège d'une formidable épidémie de typhus, au cours de laquelle la mortalité fut effroyable. Mais si l'on prend la peine de s'informer, les épidémies de typhus, sont fréquentes au cours des guerres, dans les armées, les villes assiégées, les grandes concentrations de population. La mortalité dans les épidémies historiquement connues a atteint fréquemment des taux de 30%. L'armée allemande fut atteinte. Le livre de Jean-Claude Pressac nous apprend que les autorités S.S., d'abord dépassées par la situation, ont pris des mesures énergiques et sont parvenues à juguler l'épidémie avec un taux de mortalité plutôt inférieur à ce que l'on avait connu dans l'histoire, dans des cas analogues. Ces pertes effroyables, comme la situation certainement apocalyptique qui régnait sur place, n'ont pas été dues à une tentative d'extermination au sens ou on l'entend généralement...Une deuxième épidémie à été rapidement jugulée en 1943. Et la plupart des déportés survivants en 1945 ont connu une troisième épidémie de typhus dans les camps du centre de l'Allemagne où ils avaient été transférés dans la débâcle.
Ensuite...
Dans son Mémorial... pour chaque convoi Serge Klarsfeld indique un nombre de déportés sélectionnés pour le travail et incorporés à l'effectif du camp sur la base des matricules attribués à l'arrivée de chaque convoi. Puis il indique un nombre de "gazés à l'arrivée" sur la base d'un "raisonnement": Tant de personnes dans le train, tant de personnes immatriculées. Les autres ont nécessairement été gazés à l'arrivée! Mais l'on sait maintenant qu'Auschwitz comportait de nombreux sous-camps. Les procédures d'immatriculation entre le camp central et les sous-camps ont considérablement varié selon les époques. On sait de plus qu'un grand nombre de déportés arrivés à Auschwitz, ont été transférés plus à l'est, et n'ont donc pas été immatriculés à Auschwitz. L'existence de ces transferts à l'est est maintenant attestée par de nombreux documents et des études sérieuses à ce sujet ont commencé32. Chacun de ces juifs retrouvé à l'est doit être retiré du nombre des gazés "établi" par Serge Klarsfeld...
Ensuite...
En septembre 1993 paraissait un livre de Jean-Claude Pressac, aux éditions du C.N.R.S. intitulé: Les crématoires d'Auschwitz . La machinerie du meurtre de masse. Ce livre fournissait d'abord aux médiats l'occasion d'une formidable campagne contre les révisionnistes en général et le professeur Faurisson en particulier33. Mais ce livre, lu attentivement, allait faire progresser le révisionnisme. Il est maintenant véhémentement dénoncé par ceux-là mêmes qui l'avait accueilli comme le messie34. Là n'est pas l'essentiel. Dans ce livre Jean-Claude Pressac faisait une révélation considérable: contrairement à ce qui avait été mille fois répété, les S.S. n'avaient rien dissimulé et rien détruit des archives d'Auschwitz. Ce qui de ces archives ne se trouvait plus à Auschwitz même, se trouvait à Moscou, où l'avaient emporté les vainqueurs. Et dans ces archives se trouve notamment le Livre des morts dont il ne manque que quelques cahiers. Sur ce livre des morts sont relevés, comme on pouvait s'y attendre, chaque jours, les morts survenues à Auschwitz. Il semblerait élémentaire de vérifier que l'on ne retrouve pas dans ce Livre des morts un certain nombre des personnes prétendues "gazées à l'arrivée". Mais depuis 1993, rien. Pour accéder au Livre des morts il faut montrer patte blanche, et l'accès à la documentation et aux conclusions de l'Institut d'Arolsen est complètement verrouillé!
Et ensuite...
L'armée allemande a évacué Auschwitz le 26 et 27 janvier 1945 en laissant sur place des dizaines de milliers de malades, de convalescents, de femmes et d'enfants. Généralement ceux dont elle estimait qu'ils n'étaient pas susceptibles de s'engager dans les corps francs qui participaient autour de l'Armée rouge, à la "revanche". Il devait bien se trouver parmi eux un certain nombre de juifs déportés de France. Mais tous ceux qui sont morts après le 27 janvier 1945 et ne sont jamais revenus en France, après avoir été pris en main par les autorités soviétiques, n'ont pas non plus été exterminés par Hitler et les nazis.
Et ensuite et surtout...
Le 27 janvier 1945, l'armée allemande évacuait Auschwitz en emmenant avec elle les déportés considérés comme valides35 vers les camps situés à l'intérieur de l'Allemagne. Dès ce moment le commandement S.S. n'avait plus d'autres motivations que de disposer d'une monnaie d'échange36 pour obtenir un allégement du sort de l'Allemagne et des Allemands. Commencée en bon ordre, cette retraite se termina en débâcle apocalyptique pour parvenir dans les camps surpeuplés ravagés par des épidémies et la famine. Les déportés d'Auschwitz ont connu là un enfer et une mortalité effroyable, mais cela c'est produit après qu'ils aient quitté le camp de l'extermination... La situation qu'ils ont connue était en tout point comparable à la situation que connaissaient au même moment les civils allemands de Prusse orientale ou des Sudètes, soumis à une épuration ethnique et à des massacres impitoyables. Alors faut-il parler d'extermination dans un cas et pas dans l'autre?
Au même moment, précisément, sur le front ouest cette fois, des millions de soldats allemands avaient cessé le combat sans la moindre velléité de le reprendre et s'étaient rendus à disposition du vainqueur. Certains d'entre eux furent parqués dans de gigantesques enclos gardés par des mitrailleuses, en plein champs, à même la terre, sans abris, sans sanitaires, sans nourriture et parfois sans eau potable, pendant plusieurs jours, sous le soleil et sous la pluie! Le général Eisenhower, pour ne pas leur accorder la protection du statut de prisonniers de guerre37 décréta qu'il s'agissait de Desarmed Ennemy Forces (DEF - Forces ennemies désarmées) et que par conséquent c'était à l'Etat allemand de pourvoir à leur entretien!!! Plusieurs centaines de milliers d'hommes sont morts dans cette première période de leur détention, avant que leurs conditions de détention ne s'améliorent. Plus généralement le traitement infligés aux prisonniers allemands par les alliés attend ses historiens38 . Les armées alliées ne connaissaient pas de pénurie alimentaire ou autre, n'avaient pas à craindre de résistance ni la formation de guérilla. Le général Eisenhower est allé volontairement jusqu'à faire renvoyer aux Etats-Unis une cargaison parvenue à Marseille de rations alimentaires de première urgence destinée aux prisonniers!
Et ensuite... et ensuite... et ensuite...
Un nombre considérable, la grande majorité, des déportés sont morts au cour d'épidémies de typhus, dans les derniers mois de la guerre et les mois suivants. Quelques soient les souffrances qu'ils aient endurés, les conditions dans lesquelles ils sont morts, comme des millions de morts de la guerre, ne permettent pas de dire qu'ils ont été exterminé dans le cadre d'un plan et d'une politique d'extermination, au sens où on l'entend généralement. Même si le chiffre de 2.500 survivants, environ 3%, établi par Serge Klarsfeld se trouvait avéré, ce que l'on peut savoir du sort d'un certain nombre de ceux qui ne sont pas rentrés ne permet ,de toute façon, pas de dire que 97% auraient été exterminés. Mais ce chiffre a bien sûr une valeur symbolique puisqu'en fin de compte, n'est-ce pas, 97% des déportés de France ne sont pas rentrés...!
Eh bien! Ce chiffre lui-même est une grossière imposture, et la clef de cette imposture se trouve dans le Mémorial ... lui-même, à la page [10], précisément dans le court chapitre que nous avons déjà évoqué et que nous reproduisons maintenant in extenso:
Les mots en italiques ont été soulignés par nous. Nous invitons le lecteur à réfléchir, en détail, à leur signification.
Nous ne nous livrerons pas ici à l'analyse complète de ce texte, pas plus que nous ne nous livrons à l'étude compléte du Mémorial... qui comporte, notamment dans les commentaires sur chacun des convois bien d'autres mystères instructifs.
Le Mémorial... relève ou devrait relever de la critique historique objective et profane, pour que soit obtenu enfin un résultat prosaique: le nombre approximatif réel des survivants de la déportation.
Mais ce paragraphe est au coeur du coeur du problème de terminologie que nous avons voulu soulever. Il s'agit d'un paragraphe consacré aux survivants d'un processus d'extermination. L'antinomie est manifeste et explicite. Le problème logique est présent dans la contradictio in adjecto - la contradiction dans les termes. C'est donc la solution qui sera donnée à cette antinomie qui va nous permettre de déterminer la nature profonde de l'ordre de pensée dans lequel nous nous situons. Dans l'ordre profane, l'existence de survivants, qui ont été sans aucune restriction au pouvoir de leur ennemi, indique à tout le moins que l'extermination n'a pas été poussée jusqu'à son terme39, quelqu'en soient les causes ou les raisons. Cet énoncé est de l'ordre des faits. Ils ne préjuge rigoureusement de rien. C'est le refus intolérant de cette constatation qui dénote le fait qu'on a quitté l'ordre profane pour passer dans l'ordre de la pensée et de la logique dogmatique, qui énnonce des Vérités d'une autre nature.
Ce paragraphe est donc le lieu sacramentel où s'accomplit le mystère qui nous sort du monde profane, dénué de sens, où périssent les gentils..., et qui nous propulse dans les mystères inéfables de la judéité où c'est l'âme collective qui est toujours en jeu, et où la mort a toujours un sens. L'extermination qu'il s'agit donc d'attester n'est pas de celle qui se constatent prosaiquement. Il s'agit d'une vérité éternelle constitutive de la judéité, et dont le monde entier est coupable, dont J.H.W.H. lui-même est coupable40. et qui prééxistait à l'Holocauste, qui n'en a été lui-même que la manifestation historique41.
Les récits les plus horrifiques, et les interprétations les plus culpabilisatrices à l'égard du monde entier alimentaient cet état d'esprit. Ces récits et ces interprétations ont toujours existé à l'intérieur de la communauté juive. Mais à usage interne, oralement et dans des publications communautaires que les historiens ne prenaient pas au sérieux, et qu'il aurait été impossible de faire prendre aux sérieux en dehors de la communauté par les contemporains de la guerre, tant que de nouvelles générations n'ayant rien connu directement des événements, et soigneusement enseignées, ne seraient pas parvenues au pouvoir42.
Mais Serge Klarsfeld est un militant sioniste. Il s'est décidé à ne plus attendre le Messie pour obtenir réparation. C'est ici est maintenant qu'il faut construire l'Etat d'Israel. Cette Vérité intemporelle, comme ces vérités, qui circulent dans certains milieux juifs, et dont il est convaincu, n'ont d'efficace et d'utilité que si elles sortent des milieux qui les détiennent pour devenir des vérités universelles, reconnues par tous,: des vérités historiques.
C'est avec la foi du charbonnier43 que Serge Klarsfeld a publié son Mémorial... et c'est avec la foi du charbonnier qu'il pensait que ceux des déportés arrivés à Auschwitz qui n'avaient pas été immatriculés avait été "gazés à l'arrivée". C'est avec la foi du charbonnier qu'il n'a trouvé que 3% de déportés survivants.
Pour que l'énoncé profane, objectif, scientifique, puisse se transsubstancier en énoncé dogmatique, il fallait que le nombre de survivants ne dépasse pas un certain seuil psychologique. ("le nombre des survivants ne devait pas excéder..."). Nous sommes à l'instant fatidique, ou le vin se transforme en sang. Mais là où le dogme catholique nous dit que la transsubstanciation est un mystère auquel il faut croire, et que la présence réelle est d'autant plus réelle qu'elle est de nature mystique, Serge Klarsfeld, qui veut, pour un projet mondain, une preuve palpable, indiscutable, universellement opérative au delà de ceux qui ont la foi, nous dit que c'est réellement, matérialistement, du sang qui se trouve dans le ciboire.
Et il nous interdit de le vérifier: Puisque c'est un dogme... On ne vérifie évidemment pas un dogme de façon scientifique! Puisque sa fonction est d'apporter une solution spirituelle à une antinomie insoluble par la science. Mais un dogme matérialiste? C'est évidemment une monstruosité qui ne peut être maintenue que par la terreur: Ceci est ma vérité, et j'en fais un dogme parce que je suis le plus fort; ou par l'imposture: L'illusioniste sait changer le vin en sang, mais il y a un truc...
Si donc notre analyse est exacte, ces quinzes lignes où un énoncé historique profane se transmute en dogme identitaire contiennent également l'entourloupette logique qui réalise ce miracle. Tel est, nous semble-t-il, précisèment le cas. Mais nous laissons au lecteur le soin de la découvrir44.
Toutes sortes de raisonnements nous incitent à estimer que le nombre total des survivants (le 8 mai 1945) n'était pas inférieur à 15.000; soit 20% de survivants, ce qui ne signifie pas que 80% ait été exterminés.
Nous ne prétendrons pas en faire ici la démonstration, d'abord parce qu'il faudrait encore beaucoup de vérifications à notre intuition, et qu'il faut laisser du travail aux historiens qui ont déjà un salaire.
Ce texte a simplement pour but de dire aux historiens et aux juges qu'il est temps de faire leur métier parce que, pour ma part, je voudrais pouvoir aller cultiver mon jardin.
Vous avez dit "extermination"?
Question de terminologie!
Le 4 juillet 1998