Vanité des slogans
Si on en croit les statistiques officielles publiées au début de septembre par le Ministère de l'Agriculture et par celui de la production industrielle, la production générale de la France continue à être en progression très nette.
Malgré un temps exceptionnellement défavorable, dans tous les secteurs agricoles (blé et céréales, betteraves, vignes, pommes de terre, lait, etc.) la récolte déjà enregistrée est considérablement supérieure à ce qu'elle fut l'an passé. De plus, on a la certitude qu'il en sera de même de ce qui reste à collecter des fruits de la terre. Dans certains cas, il faut remonter jusqu'à 1939 et même jusqu'à 1931 pour trouver des chiffres aussi élevés que ceux qui sont avancés. Pour n'en retenir qu'un, citons celui du blé qui passe, paraît-il, à 70.280.000 quintaux contre 69.500.000 en 1950. En vertu de quoi, le prix du quintal est passé, lui, de 2.800 à 3.600 fr., pour mieux confirmer, sans doute, que l'accroissement de la production fait baisser les prix.
Dans le secteur industriel, les indices de la production sont passés de 136 en janvier à 143 en août (base: 100 en 1938) après avoir fait un bond de 111 à 136 au cours de l'année 1950. Pendant cette même période, cependant, les prix des matières premières et des produits manufacturés n'ont cessé de monter. En passant, si on a enregistré une baisse depuis mars dernier, il faut noter:
1· Que c'est parce qu'en mai 1950 les prix avaient fait un bond prodigieux et inaccoutumé;
2· Que, malgré cette baisse, ils restent encore très supérieurs à ce qu'ils étaient en mai 1950.
La réalité qui se dégage de l'expérience, c'est donc que l'augmentation de la production, contrairement à ce qu'on n'a cessé de nous dire depuis 1945, ne fait aucunement baisser les prix dont les fluctuations relèvent d'autres facteurs, et notamment du facteur guerre ou paix. Si nous en sommes pas en économie rigoureusement dirigée, nous ne sommes plus en économie libérale et la loi de l'offre et de la demande n'est plus, elle, qu'un souvenir. On s'en est enfin aperçu dans les milieux dirigeants et c'est pourquoi on a mis en avant, depuis quelque temps, un mythe fort ancien en dépit de l'expression nouvelle qui le désigne: la productivité. On ne dit donc plus seulement qu'il faut produire mais encore qu'il faut produire à meilleur prix. Autrefois, on exprimait cette idée en parlant de rendement. Mon propos n'étant pas de discuter dans le détail des avantages et des inconvénients de la productivité, je me bornerai à dire que, pratiquement, son augmentation conduit à l'accroissement de la production et que, sous cet angle, les Américains qui ont fait des miracles reconnus, n'ont cependant pas réussi à empêcher que, chez eux, les prix aient à peu près triplé dans tous les domaines depuis 1945. (Indices du commerce de détail aux E.-U.: 100 en 1937, 115 en 1945, 353 en mai 1951, d'après Le Monde du 23 septembre.)
Peut-être conviendrait-il alors de rechercher les causes exactes d'un phénomène qui étend ses méfaits à toute la planète, car, bien entendu, la Russie des Soviets n'en est point exempte, ainsi que je me propose de le montrer un jour.
Technologie de la hausse
Si nous ne sommes plus en économie libérale, nous ne sommes, de toute évidence, pas non plus dans une période où il est permis de rêver à de longues années de stabilité économique ou d'équilibre des antagonismes en présence, et ceci est l'explication de cela. Le spectre de la guerre s'agite en permanence sous nos yeux avec ceci de particulier qu'il n'est plus question ni de guerres pour de quelconques unifications nationales comme au siècle dernier, ni de guerres d'expansion colonialiste comme au début de celui-ci, mais d'un conflit gigantesque mettant aux prises des cartels de nations ou d'Etats pour la domination économique et politique de la planète.
Les centres nerveux de ce gigantesque conflit ne sont plus qu'au nombre de deux: Moscou et Washington. Nous relevons du second qui synchronise les efforts d'armement dans tout le bloc atlantique et, il faut le reconnaître, en assume la part la plus lourde.
Or l'effort de guerre américain se répercute sur les prix intérieurs américains qui commandent les prix mondiaux et, dans chaque nation, les obligent à s'aligner sur eux par l'intermédiaire du fonds monétaire international et du contrôle des changes. On pourrait croire que les différentes économies nationales du bloc peuvent entrer en concurrence avec l'économie américaine en pratiquant la politique des bas prix de revient, mais c'est un leurre: une denrée quelconque ne peut pas plus être vendue sur le marché mondial à un prix inférieur au prix américain que sur un marché national à un prix inférieur à celui qui a été fixé par l'Etat. Il est bien évident que les Américains ne se sont pas amusés, depuis cinq ans, à faire bénéficier un tas de pays de l'aide Marshall pour leur permettre de les concurrencer sur le marché mondial. Pas folle, la guêpe!
Ceci étant posé en principe sur un véritable édifice de lois concernant le contingentements, les tarifs douaniers, les monopoles de fait, le marché des changes, etc., il reste qu'en pratique, quand surgit un événement comme la guerre de Corée où les Américains sont directement intéressés, leur politique des achats massifs intervient par surcroît comme un facteur supplémentaire de hausse des prix sur le marché mondial et, par voie de conséquence, sur tous les marchés nationaux qui s'y approvisionnent.
A ces raisons d'augmentation des prix qui résultent de l'effort de guerre américain (pour avoir une idée de son importance, pensons que cet effort se traduit en 1951 par un budget de guerre égal au budget total de 1950 et qu'il absorbe à peu près la moitié du revenu national des E.-U.) s'ajoutent celles de moindre grandeur, qui résultent, dans chaque nation, de son effort particulier dans le même sens.
Il arrive donc périodiquement que, tout naturellement, les prix ne soient plus en rapport avec les salaires, si tant est qu'on puisse penser qu'ils l'aient jamais été. Des mouvements de revendication se dessinent qui se font plus impérieux et auxquels il faut, tôt ou tard, céder, par quoi nous abordons au deuxième stade de la hausse sous les espèces des augmentations de salaires à incorporer aux prix sur tout le circuit qui conduit les richesses de la production à la consommation.
Ceci pour établir que, contrairement aux thèses que MM. Georges Villiers, Drugbert, Philippe Lamour, Gimgembre, J.-C. Gignoux, etc. essaient toujours de faire prévaloir, ce n'est pas parce qu'on revalorise périodiquement les salaires que les prix montent, mais parce que les prix ne cessent de monter qu'il faut périodiquement revaloriser les salaires.
Et par manière de définir l'importance du problème de la guerre et de la paix comme facteur de la hausse des prix.
Mais il y a autre chose: à l'échelon national intervient la structure du régime, je veux dire le mode de circulation des richesses qu'aggrave encore la situation sous le rapport du pouvoir d'achat.
Un mécanisme impitoyable
Tout récemment, on a procédé à l'augmentation du prix du blé qu'en contradiction avec les discours de tous nos hommes d'Etat, une augmentation sensible, avouée et même proclamée de la production n'avait pas réussi à stabiliser. N'ayant pas suivi l'affaire de très près, je ne sais pas dans quelle mesure les revendications des paysans à ce propos étaient justifiées mais je suppose qu'ils les ont étayées au moyen du bond que les événements de Corée et l'accroissement d'ordre astronomique du budget américain de la guerre avaient, en une année, fait subir aux prix de l'outillage qu'on les invite à acheter pour moderniser leurs entreprises et en accroître la productivité. Dans ce cas, s'ils ont répondu à un argument spécieux, dans un monde où rien ne tourne rond, il n'y a guère lieu de leur en tenir grief.
Toujours est-il que le prix du blé ayant été augmenté de 8 fr. par kg., d'autorité gouvernementale et au petit bonheur, pour cette seule raison, celui du pain l'a été de 14 fr. par kilo. Or, un kilo de blé donne un kilo de pain et, si on peut expliquer ce phénomène de hausse en progression géométrique, c'est seulement en faisant intervenir le profit et les taxes d'Etat qui sont calculées en pourcentage [note 1: Notez bien, j'y insiste, que la quantité de matière première entrant dans la fabrication d'un kilo de pain ayant augmenté de 8 fr., tous les autres facteurs du prix de revient restant inchangés, le kilo de pain a augmenté de 14 fr!...]. Encore y a-t-il lieu de préciser qu'à partir de la matière première qui est le blé, pour arriver au pain, il n'y a qu'un circuit très court à parcourir. On frémit à la pensée de ce que peut devenir sur une casserole de 1 kilo, c'est-à-dire en fin de circuit, une hausse qui aurait pris le départ à 8 fr. sur un kilo de minerai d'aluminium et serait intervenue après toute une série de manipulations et de transactions!
Autre exemple: à la suite du mouvement de revendications de septembre, les salaires ont été augmentés de 15% dans les industries de l'acier sans que rien fût modifié dans les prix des matières premières et les frais généraux. En conséquence, les patrons de ces industries ont décidé, en accord avec le gouvernement, de majorer uniformément de 22,5% tous les produits manufacturés qui sortaient de leurs usines.
A grand renfort de communiqués dans la presse bien pensante, ils ont essayé de justifier ce pourcentage en soutenant qu'une augmentation de 15% sur les salaires se traduisait par 50% dans leur trésorerie en raison des charges sociales afférentes. Or, ceci est faux ainsi que l'établit, sans contestation possible, le tableau, le tableau ci-dessous des dites charges sociales:
Sécurité Sociale
cotisation ouvrière |
6% |
Allocations familiales | 16% |
Accidents du travail | 3% |
Taxe proportionnelle. | 5% |
Total.... | 40% |
Voici donc déjà 10% de l'augmentation qui s'en vont grossir le profit par un tour de passe-passe.
Et ce n'est pas tout.
Car, l'augmentation de 22,5% est appliquée au produit manufacturé, c'est-à-dire, sans raison aucune, à tous les éléments de son prix de revient, ce qui constitue encore une augmentation appréciable du profit capitaliste.
Tout cela se traduit en fait dans cette constatation: chaque fois qu'on augmente de 22 fr. 50 le prix de la marchandise à base d'acier, on ne donne, pour l'acheter, que 15 fr. à celui qui la produit. A force de répéter cette opération, on est arrivé à porter, en mai 1951, l'indice du coût de la vie à 2291 (sur la base 100 en 1938) et celui des salaires à 1194 sans les charges sociales, c'est-à-dire à 1671,6 en les comprenant, c'est-à-dire encore à consacrer une réduction considérable du pouvoir d'achat des salaires, par rapport à 1938.
Dans ce même temps, l'indice de la production est passé de 100 à 143. Si on veut chiffrer l'augmentation parallèle du profit capitaliste, il suffit d'additionner ces deux chiffres: 43% de la production totale de 1938, soit approximativement un tiers de celle de 1951 [note 1: En volume, c'est-à-dire aux prix de vente de 1951!. ], et 27% de la masse globale des salaires de 1951 (différence entre l'indice du coût de la vie et celui des salaires qui définit l'abaissement du pouvoir d'achat. Au minimum!
Il en sera ainsi tant que les augmentations de salaires ne seront pas prises sur le profit, c'est-à-dire tant que ne sera pas solutionné un problème de régime qui, sous cet aspect au moins, est criant d'injustice.
Un exemple typique
En juin 1950, les événements de Corée ont fait monter le prix des cuirs dans une proportion voisine de 50%. Mais ce ne fut qu'une flambée de paille. Trois mois après, le prix du cuir était revenu à son point de départ pour ne reprendre sa marche ascensionnelle qu'en février-mars et... pour retomber à nouveau en mai 1951.
Ce qui m'intéresse, c'est ce qui s'est passé en octobre 1950, alors qu'aucune augmentation des salaires n'était intervenue: tous les éléments du prix de revient des chaussures étant les mêmes qu'en mai, les professionnels ont soutenu qu'il était impossible de les ramener à leur prix de mai, au détail.
A titre d'indication, voici, d'après le journal "Le Monde", le raisonnement qu'ils tenaient:
"Depuis la hausse enregistrée, les cuirs bruts ont baissé de 30%, voire de 40%, en France. Comme la matière première entre pour environ 40 à 50% dans le prix de revient des paires de chaussures classiques, on devrait s'attendre à une baisse au détail de 15 à 20%.
"Ainsi l'exigeraient les mathématiques. Mais, font observer les professionnels, la matière première n'est pas seule à déterminer le prix de revient. D'autres éléments interviennent: salaires, charges fiscales et sociales. Or, les hausses attendues ici peuvent contrebalancer la baisse constatée là. D'autre part, les détaillants détiennent encore des articles achetés à un moment où les cours des cuirs étaient fort élevés; les prix de vente ne peuvent être automatiquement abaissés."
Les charges sociales ont bon dos! Et que dire de ce refus d'une baisse, justifié, non par une hausse effective mais par une hausse attendue?
Le capital gagne sur tous les tableaux.
Car, en mai 1951, pour enrayer la baisse qui résulta de la concurrence étrangère à nouveau bien placée, les marchands de chaussures ont obtenu que l'Etat frappe d'un droit de douane de 16% toutes les godasses venant de l'étranger.
Et, dans un nouveau communiqué, ils s'élèvent à l'avance contre sa suppression éventuelle:
"Il est certes possible d'obtenir une baisse du prix de vente de nos articles, disent-ils, mais certainement pas en mettant nos usines en difficulté. Pour rétablir l'équilibre entre nos prix et le pouvoir d'achat de notre clientèle, il faut réorganiser la profession, etc."
Suivent les considérations habituelles sur le matériel qui a besoin d'être rajeuni et modernisé, la productivité, etc.
Dans le genre bla-bla-bla tendant à faire diversion, il est difficile d'être ou plus ridicule ou de plus mauvaise foi.
Je gage que si, par un impossible miracle, il était possible de ramener le prix du blé et le niveau des salaires de ceux qui le travaillent pour en faire du pain, à ce qu'ils étaient en août, les seigneurs de la farine nous démontreraient, eux aussi, qu'il n'est pas possible de ramener le prix du kilo de pain à ce qu'il était à la même époque!
Pour conclure
Je prie le lecteur d'excuser cette longue dissertation chiffrée dont je me rends bien compte à quel point elle peut paraître fastidieuse et même récusable sous l'angle des chiffres sur lesquels elle s'appuie.
A ce sujet, je crois utile de préciser que les statistiques auxquelles on peut se référer sont de trois ordres et en désaccord entre elles. Par exemple, la Statistique générale de la France fait apparaître, de janvier à juillet 1951, une augmentation de 9% du coût de la vie; l'Institut d'observation économique chiffre cette hausse à 11,8% et le Bureau du Conseil supérieur de la Fonction publique à 19,7%. Cependant, et c'est ce qui importe, ces trois honorables organismes sont unanimes à reconnaître implicitement ou explicitement "une disproportion criante par rapport [à] 1938" entre le coût de la vie et le pouvoir d'achat des salaires.
Pour ma part, je m'en suis tenu aux données peut-être un peu modérées de la Statistique générale de France, dans le dessein à la fois de suivre l'adversaire sur le propre terrain qu'il a lui-même choisi et de répondre par avance à ceux qui pourraient être tentés de me taxer d'exagération.
Et si je l'ai fait avec cette minutie qui peut aller jusqu'à l'ennui, c'est parce que je professe qu'il est impossible à un militant de prendre position sur l'ensemble du problème social sans contredit possible, si ses raisonnements n'atteignent pas à la précision jusque dans le détail.
Paul Rassinier.
Du producteur au consommateur
A l'occasion de la grève de bouchers, nous avons appris qu'un boeuf de 550 kg., acheté pour la somme de 76.500 fr. à un producteur du Morvan ou du Massif central, ne pouvait être vendu au détail au-dessous de 114.625 fr.
Les distributeurs de richesses ont donc perçu exactement la moitié du prix payé au producteur.
Quelle meilleure condamnation de notre système de circulation des richesses?
L'aide américaine
Depuis la mise en vigueur du Plan Marshall, le 3 avril 1948, les dix-huit pays membres de l'O.E.C.E. ont reçu de l'Amérique, environ 11 milliards de dollars dont 10 à titre gracieux et un au titre de prêt.
Pour sa part, la France a reçu 2.413 millions de dollars, soit le quart du total, soit encore 800 milliards de francs.
On se demande à combien se monterait notre déficit budgétaire, si l'aide Marshall nous avait fait défaut.
C'est-à-dire ce qu'il sera l'année prochaine, date à laquelle il est prévu qu'elle sera supprimée.
Notre charbon
Les charbonnages de France viennent de rendre publlic leur rapport de gestion pour l'année 1950 et les huit premiers mois de 1951.
En 1951, la production de charbon est une des plus fortes qui aient jamais été atteintes, -- plus forte que ce qui avait été obtenu en 1930, année record.
Par rapport à 1949, voici ce qu'il en est:
janvier-août 1950: 34.651.000 tonnes,
janvier-août 1951: 36.191.000 tonnes, soit près de 2 millions de tonnes de plus.
C'est pourquoi, sans doute, le bulletin de la Statistique générale de la France, publié au début de ce mois, enregistre une hausse de 19,8% sur le prix de gros des charbons!
Quelques indices
Le 2 août, le Commissariat général du Plan Monnet a publié une statistique destinée à définir l'évolution économique de la France depuis 1938. En voici les données essentielles:
1938 | 1946 | 1950 | 1951 | |
Production d'énergie. | 100 | 101 | 132 | 148 |
Production industrielle | 100 | 79 | 117 | 138 |
Production agricole. | 100 | 88 | 108 | |
Productivité............. | 100 | 78 | 100 | |
Importation............. | 100 | 115 | 105 | |
Exportation............. | 100 | 50 | 174 | 213 |
Disponibilités nationales. | 100 | 85 | 107 | |
Consommation privée | 100 | 83 | 103 |
De son côté, l'Institut national de la statistique et des études économiques près les Conseils de Prud'hommes a publié une autre statistique concernant l'évolution des indices de salaires pendant la même période et à partir de la base 100 en 1938:
Octobre 1949 | Avril 1950 | Octobre 1950 | Avril 1951 | |
Ouvrier qualifié | ||||
Paris. | 874 | 924 | 997 | 1.210 |
Province | 1.089 | 1.129 | 1.167 | 1.349 |
France entière. | 1.037 | 1.081 | 1.127 | 1.315 |
Manoeuvre | ||||
Paris | 870 | 946 | 1.084 | 1.233 |
Province | 1.122 | 1.162 | 1.344 | 1.481 |
France entière. | 1.067 | 1.116 | 1.289 | 1.428 |
Ensemble | 1.042 | 1.087 | 1.154 | 1.334 |
Le lecteur est invité à rapprocher ces deux tableaux et à en tirer les conclusions.
Economies comparées
La production française s'élève à 30 millions de dollars, paraît-il. Et il y a 40 millions de français (30 milliards de dollars: 10.857 milliards de francs).
La production américaine s'élève à 300 milliards de dollars (soit dix fois plus) pour 160 millions d'habitants (soit seulement quatre fois plus).
La valeur de la production américaine excède de 11% le revenu national. Et celle de la production française, de 20%.
Conclusion: en Amérique, on distribue beaucoup plus de richesses à ceux qui les produisent. Je laisse à chacun le soin de faire les calculs...
Si, comme on le prévoit, la production française est augmentée d'une tiers dans les années qui viennent, comment fera-t-on pour ce supplément si on continue dans la même voie?
Car ce n'est pas tout que de prévoir l'augmentation de la production: encore faut-il prévoir aussi son écoulement.
A la cour du roi Pétaud
Le récent mouvement de grève des fonctionnaires de l'enseignement a montré à quel point l'Etat ne tenait pas ses engagements.
Il en est de même dans le secteur ouvrier.
Par exemple, une loi du 22 août 1946 prescrit que les allocations familiales doivent être calculées sur une base égale à 225 fois le salaire horaire minimum de la région parisienne. Si on l'appliquait...
Dans un autre domaine, pour reclasser le prix du blé par rapport à celui des céréales secondaires, on l'a porté à 3.600 fr. par quintal. Mais un décret du 26 juillet 1947 oblige à payer le quintal de graines de colza, le double du quintal de blé!
La maison de fous, on vous dit!
Pauvre franc!
Si l'on s'en tient aux définitions légales, il valait 290 milligrammes d'or fin en 1914. Une série de dévaluations en a réduit la valeur dans les proportions et aux dates suivantes:
Poincaré en 1928 | 58 mmg. 95 |
Reynaud en 1938. | 24 mmg. 75 |
Pleven en 1945 | 7 mmg. 46 |
Mayer en 1948. | 3 mmg. 75 |
Petsche en 1949 | 3 mmg. 26 |
idem en 1949 (fin) | 2 mmg. 57 |
Au moment où nous mettons sous presse, il est fort question de lui faire subir une nouvelle amputation.
Quant il ne contiendra plus d'or fin, peut-être conviendra-t-on qu'à l'image de notre système économique général, notre système monétaire est, lui aussi, incohérent et sans commune mesure avec les réalités.
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