AAARGH

| Accueil général | Accueil Rassinier |

**************

Transfert du pouvoir

par Paul Rassinier

***************

 

Autres textes de la série

| 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 | 31 | 32 | 33 | 34 | 35 | 36 | 37 | 38 | 39 | 40 | 41 | 42 | 43 | 44 | 45 | 46 | 47 | 48 | 49 | 50 | 51 | 52 | 53 | 54 | 55 | 56 | 57 | 58 | 59 | 60 | 61 | 62 | 63 | 64 | 65 | 66 | 67 | 68 | 69 | 70 | 71 | 72 | 73 | 74 | 75 | 76 | 77 | 78 | 79 | 80 | 81 |

**********************************

On dit communément que la Révolution de 1789 a porté la bourgeoisie au pouvoir. Très peu de gens par contre, -- et aussi bien parmi ceux qui utilisent ce thème rêvé pour discours pseudo-révolutionnaires que parmi ceux à qui on l'inflige à répétition -- se représentent exactement ce que cela signifie.

La lecture de l'Histoire de France officielle incline plutôt à voir des foules qui descendent dans la rue, s'imposent par la violence et, finalement, par l'entremise d'institutions de fortune instinctivement conçues au niveau de la justice et pérennisées dans la suite, guillotinent un roi devenu impossible par ses excès ajoutés à ceux de son entourage privilégié. Ramené à ces proportions, l'événement court sur quelques mois aux yeux des mieux avisés. Quant à ses effets, on confond volontiers la mort de ce roi avec celle du régime dont il était le symbole du moment. On dit en effet: la Révolution de 1789, l'ancien et le nouveau régime, etc. En ce qui concerne plus particulièrement ces deux dernières expressions, pour peu qu'on les juxtapose en y mettant le ton qui convient, on arrive à leur faire signifier un contraste frappant, des oppositions fondamentales, en tout cas, des différences considérables.

Telle est la vertu de l'image d'Epinal dont le but est, non de forcer les esprits à la réflexion mais de les exalter, ce pour quoi elle est le procédé par excellence de l'Histoire officielle.

Assez confusément, je veux dire dans un langage à prétentions technico-littéraires difficilement accessible, Marx et, à sa suite, les marxistes, ont essayé de nous donner une autre vision des choses et, plus spécialement de nous représenter la Révolution française comme une longue suite de transformations dans les rapports économiques des classes sociales entre elles et dont les années 89-93 furent seulement le couronnement. Dans cette perspective, l'événement courait sur plusieurs siècles, il était une fin (provisoire, il est vrai) non un commencement. La bourgeoisie avait, certes, pris le pouvoir en 1789, mais il ne s'agissait plus que du pouvoir politique: l'autre, l'économique, elle le détenait depuis fort longtemps si elle ne l'exerçait que très discrètement, c'est-à-dire d'une façon essentiellement occulte.

Dans l'esprit des marxistes, pour expliquer ce phénomène, il fallait remonter jusqu'aux Jacqueries, aux chartes d'affranchissement accordées par les seigneurs, à la découverte de l'Amérique, au développement des relations commerciales entre l'Ancien et le Nouveau Monde, etc. A l'occasion de ces faits, un transfert de la richesse nationale s'était opéré au long du temps, des classes sociales privilégiées qui étaient alors la noblesse et le clergé, à une autre qui était née dans leur ombre, qui s'était développée en faisant tout bêtement sa petite pelote à ramasser leurs dépouilles et qui en était arrivée progressivement à prendre en mains tous les leviers de commandes d'une vie économique essentiellement commerciale, artisanale et agricole. Bien avant 1789, la royauté avait dû compter avec les marchands de Paris et il est de notoriété que Colbert assit son autorité sur les artisans et les commerçants. A l'échelon inférieur, la plupart des membres de la noblesse et du clergé n'étaient plus des privilégiés que politiquement: économiquement, ils étaient tous plus ou moins dans la dépendance du marchand auquel ils avaient vendu leurs terres et, souvent, emprunté de l'argent. On se demande parfois pourquoi Necker et Turgot n'ont pu renouveler l'opération qui avait si bien réussi à Colbert: c'est qu'ils n'avaient plus rien à offrir en contre-partie à des gens qui, possédant la presque totalité des richesses, ne désiraient plus que commander, c'est-à-dire en disposer à leur gré. C'est toujours ainsi: qui paie veut commander et si possible officiellement, l'Amérique de nos jours en offre un exemple assez probant.

Mais, abandonnant pour une fois les impératifs absolus de leur dialectique, les marxistes ont fait un raisonnement par analogie en ce sens qu'ils ont imaginé que, dans une suite d'événements similaires, le prolétariat serait quasi fatalement amené à conquérir sur la bourgeoisie la pouvoir qu'elle avait conquis sur la noblesse et le clergé. Aujourd'hui, on voit très clairement que ce raisonnement était un peu simpliste: à l'époque, il n'était pas facile de le déceler. Il faut d'ailleurs convenir que tout militait en faveur de leur thèse: la Révolution qui ne laissait en présence que deux classes, la bourgeoisie et le prolétariat, les progrès techniques et le développement industriel de la première moitié du XIXe siècle qui devaient accentuer les oppositions d'intérêts entre ces deux classes, etc. La bourgeoisie s'installant dans les moeurs des classes qu'elle supplantait, on pouvait supposer que le transfert de la richesse et, par suite, du pouvoir s'opérerait directement d'elle au prolétariat. D'où une théorie de la lutte des classes conçue comme un moteur de l'Histoire et érigée en un système qui devait, sinon accélérer le transfert, du moins éviter les faux-pas.

En réalité, de même que la bourgeoisie était née à la fin du moyen âge entre les classes privilégiées et une population agricole de condition serve, une troisième classe aux contours mal définis s'est taillée une place entre la bourgeoisie et le prolétariat: la classe dite moyenne.

Et ce phénomène a faussé toutes les perspectives du marxisme qui ne l'avait pas prévu.

Car, s'il est exact que la bourgeoisie n'a cessé de décliner, sinon depuis son accession au pouvoir politique, du moins depuis la naissance du capitalisme industriel, s'il est exact qu'un transfert de ses revenus et de sa richesse s'est opéré de façon continue en direction du prolétariat, il ne l'est pas moins que tout cela s'est fait sans que le prolétariat prenne conscience de la mission historique qui lui était assignée par le marxisme. Les bénéficiaires du transfert ont réagi individuellement en changeant de classe, en s'installant dans cette classe moyenne - qui n'est autre qu'une petite bourgeoisie - et en oubliant leurs origines. Mais on n'a enregistré aucune réaction de classe: les autres sont restés le prolétariat et s'ils ont eu conscience de quelque chose, c'est que leur classe se vidant par en haut, il leur était possible de la remplir par en bas au moyen de la repopulation. En quoi, d'ailleurs, ils n'ont fait que donner dans le piège grossier qui leur était tendu.

On peut supputer à l'infini sur le transfert de la richesse et du pouvoir dans le cadre d'un régime dont les assises morales et les structures sont, quoi qu'on en dise, multimillénaires à quelques faibles nuances près. L'objet de ce propos est seulement d'en signaler quelques aspects généraux et de les ramener à l'échelle de l'actualité.


Transfert de la richesse

Il ne peut être question, en effet, d'examiner dans le détail les circonstances qui ont provoqué la naissance et le développement de la classe moyenne. On voit bien assez s'en dessiner les conditions générales: une vie sociale conçue de telle sorte que le producteur étant frustré d'une partie des fruits de son travail, il est nécessaire qu'entre ceux qui détiennent les moyens de production et ceux qui la consomment, pour sauver le profit quitte à le partager, s'interpose le distributeur qui mesure à chacun ce qui lui revient d'après les règles d'un code préétabli de la hiérarchie non des besoins mais des valeurs individuelles. Au fur et à mesure que les progrès scientifiques ont perfectionné les formes de la production et en ont augmenté le rendement, le nombre des distributeurs est allé en s'accroissant. Et dans les périodes de crise, pour conserver leur emprise sur leurs salariés, les propriétaires des moyens de production ont dû souvent leur faire des concessions, notamment leur abandonner une plus grande part du profit. Ainsi le distributeur n'a cessé de proliférer et de s'enrichir au détriment du propriétaire industriel. Le même phénomène a pu être observé dans le monde paysan où les grands propriétaires fonciers vivant bourgeoisement n'ont cessé de s'appauvrir au profit de leurs fermiers, ce qui, avec l'héritage, est à l'origine du morcellement de la propriété à l'infini en un temps où tout commanderait un processus inverse. Dans le monde industriel, tout s'est passé comme si les distributeurs avaient été les fermiers du patronat en matière d'acheminement de la production vers la consommation.

Sous l'angle du rapport des forces, la bourgeoisie d'aujourd'hui est au prolétariat ce qu'étaient, autrefois, le clergé et la noblesse à la paysannerie: entre les deux principaux antagonistes, c'est la petite bourgeoisie ou classe moyenne qui joue le rôle d'écran jadis tenu par la bourgeoisie. Ce qu'on a pris pour une révolution n'était qu'un décalage...

Or, ce décalage est bien près d'arriver à son terme si on en juge par les quelques observations qu'on peut faire sur les formes dans lesquelles il continue de s'accomplir. Pour s'en rendre compte, il n'est que de se demander où passent les revenus et, en premier lieu, la part prélevée sur eux pour être affectée au paiement des salaires.

Pour toutes sortes de raisons que cette revue ne cesse d'exposer sous tous leurs aspects, la masse actuelle des salaires est en presque totalité employée à satisfaire des besoins alimentaires contre lesquels on ne peut rien. C'est pour cela qu'il n'y a plus d'épargne. Sur ce point tout le monde est d'accord, y compris M. Pinay qui fonde la réussite de son expérience sur un appel au profit et plus spécialement au profit illicite. (Comme s'il pouvait y avoir un profit licite!)

A partir de cette constatation, si on remonte le circuit parcouru par l'argent affecté aux besoins alimentaires, on s'aperçoit qu'il passe chez le distributeur qui en garde une bonne part, le reste allant chez le producteur de denrées de consommation, c'est-à-dire le paysan. Et si on veut établir la proportion qui revient à l'un et à l'autre, l'exemple du vin peut servir de témoin: sur un litre vendu 69 fr. à Paris, 28 fr. et souvent 25 seulement vont au viticulteur, 13 à l'Etat et le reste, c'est-à-dire la plus grosse part, au (x) distributeur (s). Bien entendu, la répartition du revenu varie avec les denrées, mais il est rare que le distributeur ne soit pas celui à qui revient la plus grosse part. C'est donc lui qui s'enrichit le plus et, après lui, le producteur paysan chez lequel ce qui reste du prix des marchandises qui se vendent par la force des choses fait fin de circuit.

A un degré moindre, on observe le même phénomène dans le domaine de la marchandise industrielle qui se vend moins, surtout dans la masse des salariés: on se prive d'une paire de chaussures, d'une robe, d'un manteau, d'une cuisinière, etc. pour acheter du pain, du lait, de la viande, etc. Mais ce marché si difficilement accessible aux travailleurs l'est ou plutôt le reste très facilement à ceux qui vivent du profit. Là encore, on peut affirmer sans crainte que la plus grosse part du prix de n'importe quelle marchandise reste dans la caisse du distributeur: il est courant qu'un article de ménage vendu 600 fr. au détail ait été acheté 400 fr. par le distributeur et souvent moins (les marges peuvent atteindre 40%). J'entends bien que sur sa marge, ce dernier doit payer différentes taxes à l'Etat mais, sur ce qui lui revient, le producteur doit payer la matière première, les salaires, les charges sociales et des impôts aussi, ce qui est, en définitive, autrement important.

Absorbant la plus grosse part de la masse des salaires et la plus grosse aussi de la masse des profits, le distributeur joue donc et gagne sur tous les tableaux. C'est ce qui explique que si on voit encore de grand bourgeois et même de très grands, on en voit tout de même de moins en moins.

Si maintenant, on recherche par quel côté on aborde ce problème du transfert de la richesse, de l'authentique et grand bourgeois au petit qui la reçoit avec la mentalité du parvenu, on s'aperçoit que toutes les discussions tournent, non pas autour de la prolifération de ce dernier, mais de la part prélevée par l'Etat au titre de l'impôt. Le distributeur compte beaucoup plus sur la force du nombre qu'il peut opposer aux mesures qui le menaceraient, que sur la valeur intrinsèque des arguments qu'il avance: c'est là une des manifestations de l'instinct de conservation d'une classe qui est née, qui prend conscience de ses intérêts et qui veut s'affirmer. Le distributeur-petit-bourgeois-parvenu s'assigne une mission historique à sa mesure et ne dédaigne pas d'emprunter ses méthodes au syndicalisme ouvrier qu'il réprouve pour arriver à ses fins.

C'est donc par le biais de l'impôt, assise de circonstance d'un faux antiétatisme, qu'il s'évertue à nous faire examiner tous les problèmes de la vie sociale. Son thème favori est: trop d'impôts, car, imitant en cela les fermiers généraux d'avant la révolution de 1789, les impôts, il veut bien les percevoir chez le consommateur, mais il se refuse à le reverser dans les caisses de l'Etat. A l'impôt, il préfère l'emprunt: M. Antoine Pinay a donc pensé qu'il le déciderait à souscrire à l'emprunt s'il passait l'éponge sur les fraudes antérieures à une date donnée et le dispensait de certains impôts. Cette erreur de perspective ne tombera sous le sens de tout le monde qu'au moment de la discussion du prochain budget: ne payant pas l'impôt qu'il perçoit, le distributeur-petit-bourgeois-parvenu ne souscrira pas davantage à l'emprunt car, la seule chose qui l'intéresse, c'est le foncier ainsi que j'ai déjà eu l'occasion de le dire.


Le transfert du pouvoir

Tout ceci revient à vouer l'expérience Pinay à un échec certain. Sur le simple plan technique, d'ailleurs, elle présente de nombreuses failles.

Il me semble avoir entendu dire que, pour assurer l'équilibre du budget, il était nécessaire que l'emprunt produisit 580 milliards. En admettant qu'on les trouve, ce qui est très aléatoire, tous les bulletins de victoire jusqu'ici brandis attestent que parmi les sommes recensées ne figurent que 50% d'argent frais. Les autres 50% sont constitués par des titres (3% et 5%) cotés en Bourse à une vingtaine de francs au-dessous du pair. Il en résulte que, chaque fois que l'Etat croit emprunter 80 fr. qu'il paie 100 fr. et qu'il s'engage à rembourser au cours de l'or, non seulement il n'encaisse rien, mais encore, il dépense en réalité 20 fr. A ce rythme, le mieux qui puisse arriver à M. Pinay, c'est une récolte de 280 milliards d'argent frais (moitié titres-moitié argent frais) sur lesquels il faudra prélever environ 20% pour payer le rachat des titres. Encore doit-on faire les plus expresses réserves sur le temps qu'il mettra pour arriver à ce résultat: il ne peut avoir échappé à personne qu'aucun des bulletins de victoire publiés n'a fait état du total recueilli pour la France entière. Au moment où j'écris, des journaux parlent de 2 milliards par jour, titres et argent frais réunis. Dans la période de lancement, c'est-à-dire la plus favorable! Si, par improbable cette cadence inégalée dans l'après-guerre se maintenait, il faudrait tout de même 290 jours, soit près de 10 mois pour réunir les 580 milliards nécessaires. Je pense n'étonner personne en disant que, dans 10 mois, M. Antoine Pinay, emporté, sinon par une échéance difficile ou un problème politique épineux, du moins par le déficit budgétaire qu'il faudra discuter bien avant, ne sera plus qu'un souvenir. Dès lors, la question qui se posera sera la suivante: quelles sont les causes de l'échec?

La réponse à une telle question est claire: l'amnistie fiscale et quelques dégrèvements d'impôts à peine sensibles n'auront pas paru suffisants au distributeur-petit-bourgeois-parvenu en ce sens que, tirant un trait sur le passé, ces aménagements ne constituaient qu'une garantie très hypothétique de l'avenir. Les fils et petits-fils de commerçants d'avant 1914 se souviennent que leurs pères et leurs grands-pères disposaient eux aussi d'une marge de 30 à 40% sur les marchandises qu'ils manipulaient et que cette marge, exonérée de toute une série de taxes était tout bénéfice pour eux. C'est à cela qu'ils veulent revenir. Entre tous, avec quelques grands bourgeois de la grosse industrie, ils disposent de la plus grosse part de la richesse nationale. Ils sont donc les seuls à pouvoir venir en aide à un Etat dont les caisses sont perpétuellement vides et ils ne prêteront qu'à celui qui leur apportera cela... Pour la réalisation de ce but, on les voit rechercher le soutient de l'artisanat en une période qui s'oriente techniquement et de plus en plus vers la production de série et de la petite paysannerie (quand les circonstances commandent de plus en plus impérieusement le rassemblement des terres et l'agriculture intensive).

En fait, ils disposent déjà de la puissance occulte: la défense du petit commerce, de l'artisanat et de la petite paysannerie a été l'article clé de la politique de tous les gouvernement depuis la fin de la guerre de 1914. Au lendemain de celle-ci, on a organisé une bonne demi-douzaine de foires électorales: aucun des partis qui y ont pris part n'a jamais osé traiter de ces problèmes objectivement, c'est-à-dire dans la perspective dessinée par la découverte de l'énergie nucléaire, - les partis dits socialistes et communistes moins encore que les autres.

Ainsi mûrissent les temps où le transfert de la richesse étant totalement opéré, le transfert du pouvoir politique qui en est le corollaire pourra se faire officiellement et à son tour.

Dans quelles conditions, c'est une autre histoire.

Nous sommes à l'ère des organisateurs, à dit quelque part James Burnham.

Des distributeurs serait plus exact.


Dernière minute (18 juin). - A ce jour, aucun communiqué officiel n'a encore informé l'opinion des résultats de l'opération "Emprunt". Le 7 juin, un communiqué officieux dont le gouvernement n'a pas pris la responsabilité, lançait un bruit selon lequel l'emprunt serait probablement clos à fin juin et que les techniciens des finances espéraient avoir recueilli, à cette date, environ 500 milliards dont 300 d'argent frais. Mais, le 12, un communiqué tout aussi officieux ne parlait plus que de 100 milliards dont la moitié en argent frais! Au 24e jour de l'emprunt, on n'a pas encore entendu dire que les 100 milliards, moitié-moitié, aient été atteints. Par contre, dans un échange de lettres entre M. Barrachin et le président du conseil, il est déjà question d'une dévaluation de la monnaie, ce qui constitue le premier aveu de l'échec pour le total. On parle, aujourd'hui, d'une moyenne de 1/2 milliard d'argent frais par département!

L'emprunt n'ayant pas réussi, le budget reste en déséquilibre et il y a peu de chances qu'en novembre prochain, quand il faudra l'équilibrer, on ne revienne pas à la solution de l'impôt, c'est-à-dire à une reprise de la politique de hausse des prix dans des proportions aujourd'hui insoupçonnables.

Quant à l'opération "baisse", à Beaune et à Strasbourg, M. Pinay lui-même a déclaré:

1. "Les libéraux doivent accepter à la fois les avantages et les inconvénients du libéralisme", ce qui donne une certaine autorité au raisonnement qu'on a lu ci-dessus en ce qui concerne le distributeur-petit-bourgeois-parvenu: les avantages du libéralisme, il les veut bien, mais les inconvénients...

2 . "Je sais, pour les avoir contrôlées, que des baisses importantes ont été réalisées à la production, mais elles ne se sont traduites par aucune baisse sensible au stade du détail", ce qui prouve que la politique de la baisse ne réussit pas mieux que celle de l'emprunt.

Dans ce dernier domaine, le seul argument du brain-trust du président du conseil est le suivant: d'avril à mai 1952, les indices du coût de la vie ont baissé de 3 points, ce qui est probablement vrai, alors que, dans la même période de 1951, ils avaient augmenté de 13 points. De son côté, le louis d'or reste au-dessous de 4.000 fr. alors qu'il avait atteint 4.500 fr.

A ce sujet, on peut faire remarquer que, dans la même période en 1950, le louis d'or était passé de plus de 6.000 fr. à moins de 5.000 et que les indices du coût de la vie avaient baissé de près de 10 points, ce qui est au moins aussi important comme résultat.

Et ceci sans l'intervention de M. Pinay!

Si donc nous nous permettons de penser que la stabilisation provisoire des prix est la conséquence de la situation internationale actuelle et, dans une certaine mesure de la saison, plutôt que de la politique de M. Pinay, on conviendra que nous avons quelques raisons sérieuses. - P.R.

 


Autres textes de la série

| 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 | 31 | 32 | 33 | 34 | 35 | 36 | 37 | 38 | 39 | 40 | 41 | 42 | 43 | 44 | 45 | 46 | 47 | 48 | 49 | 50 | 51 | 52 | 53 | 54 | 55 | 56 | 57 | 58 | 59 | 60 | 61 | 62 | 63 | 64 | 65 | 66 | 67 | 68 | 69 | 70 | 71 | 72 | 73 | 74 | 75 | 76 | 77 | 78 | 79 | 80 | 81 | 82 | 83 | 84 | 85 | 86 | 87 | 88 | 89 | 90 | 91 | 92 | 93 | 94 | 95 | 96 | 97 | 98 | 99 | 100 |


Ce texte a été affiché sur Internet à des fins purement éducatives, pour encourager la recherche, sur une base non-commerciale et pour une utilisation mesurée par le Secrétariat international de l'Association des Anciens Amateurs de Récits de Guerre et d'Holocauste (AAARGH). L'adresse électronique du Secrétariat est <aaarghinternational-à-hotmail.com>. L'adresse postale est: PO Box 81475, Chicago, IL 60681-0475, USA.

Afficher un texte sur le Web équivaut à mettre un document sur le rayonnage d'une bibliothèque publique. Cela nous coûte un peu d'argent et de travail. Nous pensons que c'est le lecteur volontaire qui en profite et nous le supposons capable de penser par lui-même. Un lecteur qui va chercher un document sur le Web le fait toujours à ses risques et périls. Quant à l'auteur, il n'y a pas lieu de supposer qu'il partage la responsabilité des autres textes consultables sur ce site. En raison des lois qui instituent une censure spécifique dans certains pays (Allemagne, France, Israël, Suisse, Canada, et d'autres), nous ne demandons pas l'agrément des auteurs qui y vivent car ils ne sont pas libres de consentir.

Nous nous plaçons sous la protection de l'article 19 de la Déclaration des Droits de l'homme, qui stipule:
ARTICLE 19 <Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontière, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit>
Déclaration internationale des droits de l'homme, adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU à Paris, le 10 décembre 1948.


aaarghinternational-à-hotmail.com

| Accueil général | Accueil Rassinier |

L'adresse électronique de ce document est:

http://aaargh-international.org/fran/archRassi/prddh/prddh30.html