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La consommation moyenne du sucre en France est d'environ
25 kg. par tête d'habitant et par an : 2 kg. par mois. C'est
une des plus faibles du monde. Et c'est une moyenne, ce qui ne
signifie rien quant à la satisfaction des besoins :
faites le compte des gens qui n'ont pas les moyens de s'offrir
leurs huit morceaux de sucre quotidien... [Note de l'AAARGH: la problématique
avancée par PR nous est devenue totalement étrangère,
puisque la consommation du sucre rapide, actuellement, est un
signe de mauvaise alimentation et donc un marqueur social négatif.
Rassinier écrit à la fin de l'époque où
elle était encore un luxe parce que le sucre, produit de
la canne, fort cher, était un marqueur social positif.
Les bonnes, chez Zola, volent du sucre...]
Cependant, si on voulait étendre cette moyenne à toute l'Union française qui compte 110 millions d'habitants, les besoins annuels seraient de l'ordre de 2.750.000 tonnes. Or, la production française atteint seulement 1.130.000 tonnes : pas même la moitié ! Conséquence : en Afrique noire, la moyenne de la consommation tombe à... 3 kg. par tête et par an.
En regard de ces chiffres, les possibilités de production de nos raffineries sont évaluées à 1.375.000 tonnes.
Problème à résoudre : construire de nouvelles raffineries car nous ne manquons ni de betteraves, ni de canne à sucre.
Or, une loi l'interdit et c'est des distilleries qu'on construit pour absorber "la surproduction" de betteraves.
En vertu de quoi, le Français moyen apprend chaque année, apparemment sans trop s'émouvoir, que le marché de l'alcool est embouteillé par quelques 2 à 3 millions d'hl. dont on ne sait que faire. Les besoins de l'économie française en cette denrée sont, en effet, de l'ordre de 2 millions d'hl. et nous en produisons 4 à 5 millions.
Parce que, en plus des betteraves, il faut aussi distiller le vin et les pommes : pour la Noël, la Direction des contributions indirectes nous a informés que le volume des excédents de vin à distiller ( récolte 1953-54 ) tournait autour de 15 millions d'hl.
Ici les avis sont partagés : ceratins économistes pensent qu'il serait relativement très facile de faire baisser le prix du vin, ce qui le mettrait à la portée de toutes les bourses et permettrait d'écouler à l'intérieur toute la production qui ne trouve pas preneur sur le marché mondial. Or, nous produisons 80 millions d'hl. de vin et la population suceptible de l'absorber ne dépasse pas 15 millions de personnes : cette solution reviendrait à jeter la France dans l'ivrognerie.
Je suis donc de ceux qui pensent qu'il vaut mieux distiller le vin. Cette solution n'empêche évidemment pas de chercher à faire baisser son prix, ne serait-ce que pour obtenir de l'alcool meilleur marché !
Mais il y a deux choses qu'on pourrait très bien ne plus distiller : les betteraves et les pommes.
Ce qui s'y oppose ?
Pas les possibilités : les betteraves sont là, la canne à sucre est là, la main-d'oeuvre. Et l'argent aussi pour construire les raffineries : les 30 milliards annuels que coûte la distillation depuis 1948. A ce jour 210 milliards.
Il ne reste donc que la loi.
Elle remonte très loin, cette loi : à 1924, exactement.
Et elle s'appelle le statut de l'Alcool.
Jusqu'en 1914, l'alcool connaissait le sort de toutes les productions agricoles : nous vivions en économie libérale.
Vint la guerre. En 1915, la Défense nationale eut besoin d'alcool : pour fabriquer la poudre et pour le quart réglementaire, à l'heure H., au moment de sortir de la tranchée. Alors, on distilla tout ce qu'on put : betteraves, pommes, vin, etc. l'Etat réquisitionnait tout.
A la fin de la guerre, la corporation des distillateurs était assez importante et avait assez d'influence dans les conseils du gouvernement et au Parlement pour que personne ne risquât de la ruiner en ramenant la production d'alcool au niveau des besoins de l'économie.
On continua donc à distiller.
Pendant quelques années, il n'y eut point de drame : le continent noir était là pour un coup et on l'alcoolisa consciencieusement.
Mais une si belle industrie ne pouvait que prospérer : en 1924, la surproduction d'alcool menaçait de catastrophe. Les distillateurs alertèrent les producteurs de pommes, les producteurs de vin et les producteurs de betteraves -- particulièrement les petits, c'est-à-dire les plus nombreux. Ceux-ci, à leur tour, alertèrent les députés.
Et c'est ainsi que nous fûmes dotés du statut de l'alcool, lequel entre autres choses en prévoyait deux qui sont la clef de voûte de tout le système :
En conséquence de quoi, plus le sucre est cher, plus l'alcool l'est.
En 1924, nous étions encore en économie libérale et les gros betteraviers comme les gros distillateurs virent tout de suite la coupure : il suffisait de faire monter le prix du sucre en le raréfiant...
L'opération était
d'autant plus indiquée qu'en produisant beaucoup de sucre,
on risquait l'excédent puisque sa consommation dépendait
du pouvoir d'achat, tandis qu'en produisant beaucoup d'alcool,
l'Etat s'étant engagé à tout acheter, on
ne risquait absolument rien, au contraire.
Le calcul était bon : en l'an de grâce 1954,
la France est couverte de distilleries, le sucre sort des raffineries,
dont le nombre est limité, à 72 fr. le kg. (il vaut
32 fr. au prix de vente sur le marché mondial) et l'alcool
sort de nos distilleries au prix qui en découle de 83 fr.
le litre (il vaut 25 fr. au prix de vente sur le marché
mondial) ce qui le porte aux environs de 100 fr. si on tient compte
des frais d'entretien de la régie des alcools, organisme
populeux chargé d'acheter aux distillateurs et de revendre
sur les marchés intérieur et mondial.
On voit qu'il suffirait de faire baisser le prix du sucre pour faire baisser celui de l'Alcool. Si l'Etat était animé de ces intentions, il disposerait de trois moyens :
Mais ni l'une ni l'autre de ces
trois mesures ne serait, on le pense bien, du goût des gros
betteraviers et des gros distillateurs. La première est
déjà exclue : ces Messieurs ont obtenu que les sucres
étrangers soient frappés de droits de douane exhorbitants
à leur entrée en France.
De la seconde, c'est l'Etat qui ne veut pas.
Il reste donc la troisième.
Et c'est le problème de l'abrogation d'une loi qui est posé. Sa solution ne dépend, théoriquement, que du Parlement.
Or, c'est ici que les choses se corsent.
Car, si le Parlement a son mot à dire, la Régie des Alcools est administrée par un Conseil supérieur qui est un Etat dans l'Etat et a aussi le sien.
Comment ? Vous ne savez
pas ce que c'est que le Conseil supérieur des Alcools ?
Ma parole... Bref, voici : c'est une commission paritaire composée
à égalité de représentants des distillateurs,
de représentants des betteraviers (ou pinardiers) et de
représentants de l'Etat.
Aucun consommateur de sucre, bien sûr !
On voit tout de suite que, dans ce conseil, l'Etat est en minorité par principe : pinardiers, betteraviers et distillateurs ont les mêmes intérêts et il ne paraît guère possible de dissocier ce bloc pour cette raison superfétatoire que chacun de ceux qui le composent est à la fois pinardier, betteravier, distillateur et souvent même raffineur par surcroît, par le jeu de la Société anonyme. Pour faire prévaloir ses avis, l'Etat n'a donc plus que la force comme seul moyen : mais, Dieu merci, ces gens ne sont pas de vulgaires grévistes !
Pas question donc, d'user de la force à leur égard.
Et d'autant moins que le Parlement ne le permettrait pas : n'importe quel député, même moyen, est capable de vous expliquer que si vous touchez au statut de l'alcool, vous ruinez du même coup tous les petits viticulteurs du Midi, tous les petits producteurs de pommes en Normandie et tous les petits producteurs de betterave du Nord.
Généralement, d'ailleurs, le député moyen vous explique cela avec beaucoup de passion : il sait bien que, les jours où l'on discute de l'Alcool au Parlement, les gros betteraviers et les gros distillateurs font les couloirs, la bedaine confortablement matelassée et surveillent les votes de la tribune du public !
Pour le député moyen, c'est un problème de maximum vital. Combien de gouvernements sont tombés de cette façon ! Le dernier en date est celui de M. Pinay.
Et combien de députés n'ont-ils pas été battus dans leur propre circonscription par les arrosages des betteraviers et distillateurs !
D'aucun prétendent que nous vivons en économie libérale.
D'autres que nous sommes en économie dirigée.
D'autres enfin qu'on fait un savant mélange des deux.
Pas du tout : nous vivons en économie électorale à tous les échelons, c'est-à-dire en économie à base de concussion.
J'admire l'argument du petit viticulteur, du petit producteur de pommes et du petit betteravier qui fait, du statut de l'alcool, le régulateur de la production agricole dans ces trois domaines : les statistiques disent qu'en réalité, sur un litre d'alcool acheté 100 fr. par l'Etat, 45 fr. vont au producteur, ce qui signifie qu'avec les 55 fr. qui restent, betteraviers et distillateurs ont les moyens "d'orienter" les campagnes électorales et les votes du Parlement. Multipliez ces 55 fr. au litre par 5 millions d'hl. et divisez par le nombre des parties prenantes : ils sont moins de deux cents, c'est coquet !
Pour que ces deux cents-là puissent continuer à se partager annuellement les quelques 30 milliards prélevés par l'Etat sur les impôts dont nous sommes accablés, on prive toute l'Union française des 1.500.000 tonnes de sucre dont elle aurait besoin pour que chacun de ses habitants pût en consommer seulement 25 kg. par an.
Et on inonde le monde d'alcool.
Bien sûr, cette situation n'a pas échappé aux autorités compétentes [sic] et, tout de même, il faut reconnaître qu'on cherche une solution : personne, toutefois, n'a encore mis en avant qu'il fallait transformer les betteraves en sucre -- par conséquent créer de nouvelles raffineries -- et non plus les distiller, ce qui permettrait de déclarer ensuite que le prix du sucre serait désormais calculé sur celui de l'alcool et non plus celui de l'alcool sur celui du sucre.
Le Conseil supérieur des Alcools n'est pas d'accord et il a les moyens de faire triompher sa manière de voir.
Alors, on cherche dans d'autres directions.
Mon ami Daudé-Bancel qui voit tout, raconte qu'on a créé un "Fonds d'assainissement du marché du vin" et que, pour démarrer, ce fonds a été doté d'une subvention d'Etat de 200 millions. Or, ayant eu la curiosité de rechercher à quoi avaient employés ces 200 millions, il a découvert ceci :
Le Conseil supérieur des Alcools ne vit aucun inconvénient à ce que l'Etat prenne des mesures de ce genre qui ne le menacent en rien.
Pas davantage il n'élève la moindre objection si l'Etat crée un comité de propagande du vin, même doté d'un budget de 50 millions : il sait bien que ce comité dépensera les 50 millions mais qu'il ne trouvera aucune autre solution en dehors de la distillation.
Il existe depuis toujours un comité de lutte contre l'alcoolisme et l'Etat lui alloue une subvention de 500.000 fr. par an.
Le Conseil supérieur des Alcools ne dit rien.
Parce que la subvention n'est que de 500.000 fr.
Mais si l'Etat s'avisait de l'augmenter, ça ferait du bruit, croyez-moi.
De toutes façons, cette éventualité est à écarter : si on leur donnait, à eux aussi, 30 milliards par an, les médecins qui composent ce comité auraient peut-être l'idée de faire construire des raffineries.
Et ce ne serait plus une histoire de fou.
[...]
[Note de l'AAARGH:
nous ne reprenons que la partie qui concerne Rassinier ]
Un auditoire choisi s'était
rassemblé aux Sociétés Savantes, le samedi
9 janvier, pour entendre la conférence de notre ami Paul
Rassinier.
Ce fut dans une atmosphère à la fois sympathique
et chargée d'attentif intérêt, que le conférencier
pour développer le sujet qu'il avait intitulé :
"La circulation des richesses".
Prenant pour thème la fabrication de quelques mètres de tissu et leur utilisation sous la forme d'un complet veston confectionné par le tailleur, Rassinier fit défiler devant nos yeux (il s'aidait d'un tableau noir) les multiples opérations comptabes que comporte la transformation de la laine brute en un tissu propre à être mis en circulation. Mais ce que le conférencier s'appliqua surtout à bien mettre en lumière, c'est la part infime de rémunération qui revient au travail au cours de ces opérations et, en regard, la part excessive que s'approprie le profit par le canal infiniment lourd de l'appareil de distribution.
A l'aide de chiffres recueillis aux sources patronales, Rassinier put facilement démontrer que le salaire et les charges sociales, durant la phase de manipulation de la laine brute et de sa transformation en laine filée, puis en tissu, représentent 15 % du prix de la marchandise ; mais le profit net d'impôts des intermédiaires atteint la moyenne de 20,98 %. Au cours de la phase de confection du vêtement, la part du salaire et des charges avoisine 17 %, celle du profit 24 %. Ces constatations peuvent, bien entendu, s'appliquer à tous les domaines de la production et à tous les objets de consommation.
Il tombe sous le sens que la masse des salaires distribués, bien qu'elle soit immédiatement remise en circulation, ne tardera pas à se révéler insuffisante pour acquérir la masse des produits offerts sur le marché. Et si l'on veut bien considérer que, parmi les parties prenantes, la proportion des salariés est beaucoup plus importante que celle des patrons, artisans et commerçants, on ne peut que s'étonner de constater que les régions techniquement les plus avancées recèlent, de façon à peu près constante, depuis un demi-siècle, de multiples causes de dépression économique. Nous avons vu comment, périodiquement, se résolvent ces dépressions et comment, les structures sociales ne se modifiant pas, nous retournons fatalement à l'état de guerre. Les foyers de conflits actuellement entretenus dans diverses parties du globe, la préparation à de nouvelles et plus vastes hécatombes doivent aisément nous convaincre de la nécessité d'un renversement complet du système de circulation et de répartition des richesses que nous subissons toujours sous le nom de capitalisme.
C'est ce que Rassinier a voulu
démontrer, et il y est facilement parvenu. Par des questions
pertinentes et des observations généralement approbatives,
son auditoire lui fit comprendre que son exposé avait été
écouté avec fruit.
Sur les problèmes
sociaux, on ne sait plus bien quelles sont les prises de position
des diverses centrales syndicales. Ce qui ressort surtout des
discussions en cours et des décisions prises quant à
l'action c'est, outre l'irréductible opposition des tendances
entre elles, une opposition non moins irréductible des
catégories : une grève décidée
pour le 29 janvier par tout le monde et pour tout le monde ne
trouve aucun écho chez les fonctionnaires et, par voie
de conséquence, très peu dans le secteur privé.
Il semble que les fonctionnaires aient à coeur de maintenir
sinon les distances, du moins un fossé entre la classe
ouvrière et eux. D'autre part, ils ne sont pas d'accord
entre eux non plus : les postiers lancent une grève quand
l'enseignement est en vacances et quand par hasard l'enseignement
pourrait s'y associer, il trouve un moyen dilatoire.
C'est la pratique du chacun pour soi qui interdit toute action concertée, donc cohérente. Conséquence : on se perd dans des programmes de revendications sans commune mesure avec les réalités et on essaie de les faire monopoliser en ordre dispersé par les petits moyens d'un train-train vaguement syndicalisant.
Echec sur échec.
Cependant le mécontentement monte dans les couches exploitées et ne trouve pas à se polariser, n'ayant le choix qu'entre des tendances syndicales dont aucune n'en discerne les causes exactes.
Témoin la revalorisation du pouvoir d'achat : on en est encore à l'augmentation du salaire minimum interprofessionnel garanti, assorti des conséquences de la hiérarchisation.
Or, dans les structures actuelles et avec les lois qui les protègent, indépendamment du fait que toute augmentation de salaire se répercute automatiquement et avec usure sur les prix -- ce qui augmente le profit en diminuant le pouvoir d'achat -- demander une augmentation de 7.000 fr. par mois du salaire minimum garanti revient à le faire passer de 20 à 27.000 fr., mais aussi à faire passer celui du député (ou du conseiller d'État) de 175.000 à 259.200 fr. = 7.000 fr. à l'un -- le petit ! -- et 84.000 à l'autre, -- le gros !
Pas besoin d'être grand clerc pour se rendre compte qu'une telle revendication ne tient pas debout et que les 5,5 millions de tavailleurs qui gagnent moins de 25.000 fr. par mois n'accepteront jamais de se battre pour 400 à 500.000 privilégiés bénéficiant d'une situation avantageuse dans l'échelle indiciaire.
Or, il se trouve que les dirigeants
de toutes les centrales sydicales sont parmi ces 400 à
500.000 privilégiés et ceci explique tout.
Dans la mesure où il leur arrive de se rendre compte de
l'inanité de leurs positions de principe, ils orientent
le mouvement syndical vers les primes semi-hiérarchisées.
Et cela augmente la confusion.
Parce que, côté patronal, on saute sur cette histoire des primes.
C'est ainsi que le plan Edgar Faure d'expansion économique prévoit un salaire de 23.000 fr. pour 200 heures par mois : une brèche étant ouverte par les dirigeants syndicaux, le gouvernement en ouvre une autre côté heures supplémentaires !
Où est le temps où on décrétait la semaine de 40 heures ?
40 heures par semaine, cela fait 173 heures par mois : dans les 200 h. de M. Edgar Faure, il y a 27 h. supplémentaires qu'il faudra faire absolument pour bénéficier du salaire minimum garanti de 115 fr. à l'heure.
C'est une première entorse à la loi de 40 h. qui entre dans la législation par cette porte.
Et, en l'invoquant, le patronat demande déjà une autre loi lui accordant la rétribution des heures supplémentaires au tarif des heures normales !
De brèche en brèche...
Cette histoire des heures supplémentaires est d'ailleurs, à elle seule, un monument.
A la libération, les tarifs horaires ont été fixés en tenant compte des heures supplémentaires : retroussons nos manches, disait Thorez, à moins que ce ne soit Croizat. Il y avait, en effet, beaucoup de travail : on travaillait en moyenne 52 heures par semaine. Conseillée par ses leaders -- car tous ils pensaient comme Thorez-Croizat -- la classe ouvrière a accepté de faire cette moyenne de 52 heures. Or, maintenant, la moyenne est tombée à 43 h.
Ceci est un élément
important dans la baisse du pouvoir d'achat et il joue à
la manière du crachat qu'on lance en l'air à la
verticale.
A cet élément s'en ajoute un autre : le prix de
la vie. Je souris chaque fois qu'on me cite les indices : les
matières alimentaires n'ont pas baissé. Or, nous
arrivons à un moment où, avec son salaire, l'ouvrier
ne pourra bientôt plus acheter l'indispensable à
sa nourriture.
Surtout celui qui travaille dans des entreprises, plus nombreuses
qu'on veut bien le dire, où sévit le chômage.
Quand bien même la moyenne hebdomadaire s'établisse
encore à 43 h. de travail, des centaines de milliers d'ouvriers
font moins de 40 h., voire de 30 h.
Pour ceux-là, la baisse du pouvoir d'achat de leur salaire est de l'ordre de 25 à 45 %.
Bien entendu, le gouvernement ne va pas jusqu'à reconnaître une baisse du pouvoir d'achat d'une telle importance. Et, pour la minimiser au lieu de prendre son point de référence en 1945, il le prend en 1951, ce qui permet à M. Bacon, ministre du travail, de déclarer que "si la masse des salaires s'est accrue de 18 % entre 1951 et 1952, elle n'a pratiquement pas augmenté entre 1952 et 1953. Par rapport à septembre 1951 les prix ont également subi une légère hausse ( 6 % n.d.l.r. ) de sorte, qu'au total, depuis cette date qui est celle de la dernière révision du salaire minimum, le pouvoir d'achat du salaire horaire n'a augmenté que de 1 %."
Quoi qu'il en soit, le patronat ne reconnaît même pas cette hausse qu'il met sur le compte d'un truquage dans les calculs qui ont été faits pour établir le budget-type.
Et c'est ainsi que, pour les mettre d'accord, M. Edgar Faure a jeté entre eux son plan d'expansion économique échelonné sur 18 mois, que vient d'adopter le Conseil des ministres et qui prévoit deux mesures essentielles :
Autrement dit, augmenter le gâteau avant de le partager et sauver le profit. Autrement dit encore : le fil à couper le beurre !
La baisse des prix, on sait ce que cela veut dire : depuis l'expérience Blum de l'hiver 1946-47, il n'est question que de cela et le gouvernement est le premier à l'empêcher quand par hasard elle pourrait se produire sans être provoquée ( beurre, lait, viande, vin, etc.).
Le plein emploi, quand le chômage menace partout et quand près de 3 millions de tonnes de charbon qui ne trouvent pas preneur son accumulées sur le carreau des mines, quand Boussac ne sait à qui vendre ses millions de myriamètres d'étoffes stockées, quand tous les entrepôts sont pleins à craquer faute d'acheteurs, quand le marché international est engorgé de tout, etc..., c'est une simple formule de bateleur des réunions publiques.
Quant à l'élévation du niveau des salaires, si elle est conditionnée par le plein emploi, c'est-à-dire par l'augmentation de 10 % de la production nationale qui en doit être le résultat, c'est une traite tirée sur les nuages.
La production nationale ne peut augmenter que si la demande s'accroît sur le marché extérieur, ou sur le marché intérieur, ou sur les deux. Sur le marché extérieur, c'est un rêve, tous les États et groupes d'États ayant tout à vendre et rien à acheter.
Il ne reste donc que le marché intérieur.
Or, sur le marché intérieur, la demande est fonction de l'augmentation du pouvoir d'achat, laquelle est à son tour fonction non pas de l'augmentation des salaires puisqu'elle se répercute toujours -- et avec usure, ne l'oublions pas ! -- sur les prix, mais de la réforme des structures.
C'est pourquoi toute action syndicale ma paraît condamnée à l'échec tant que les syndicats n'auront pas mis cette réforme des structures à l'ordre du jour et promu des revendications de la nature de la suppression des impôts indirects, du raccourcissement des circuits de distribution, de la généralisation de la coopération, etc., jusqu'à la réforme complète du statut de la propriété individuelle.
Tourner en rond de la grève d'avertissement à la grève partielle justifiées par la largeur d'un lit de célibataire manoeuvre léger ou la longueur de ses bretelles et la qualité de ses supports chaussettes, ça fait vivre des permanents syndicaux dans un régime auquel on renonce implicitement à apporter des changements profonds et durables.
Rien de plus.
C'est légitimer le profit, noeud de toute la question.
Et c'est une caricature de syndicalisme
!
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