Ce qu'il faut retenir dans cette crise ministérielle, ce n'est pas tant son déroulement que les conditions dans lesquelles elle est finalement survenue et la façon dont elle a été accueillie dans les milieux parlementaires: pour la première fois dans l'histoire de la IVe République, un ministère mis en minorité sur une question de confiance qu'il avait posée a envisagé de rester en place.
Il l'a fait à haute voix, sans détours et sans fausse pudeur.
Assuré de la complicité du président de la république lequel, étant entré a priori dans ses vues, a joué le jeu avec lui pendant quarante-huit heures.
Et il ne s'est pas trouvé un seul journaliste pour crier au coup d'Etat!
Pas un seul député!
Et le peuple de Paris ne s'est pas rendu en foule sur la place de la Concorde!
Et personne ne l'y a convié!
Ce qui, en dernière minute, a fait reculer MM. Laniel et Coty, on ne le sait pas bien: l'armée, sans doute, dont l'hostilité à M. Pleven, ministre de la Défense nationale, est irréductible et qui eût vraissemblablement soutenu le maréchal Juin ou le général de Gaulle ou les deux pour peu que l'un ou l'autre ou les deux, de connivence, se fussent senti des vocations de généraux de 18 Brumaire.
Si cette hypothèse était fondée, nous aurions échappé à un coup d'Etat, parce que ceux qui le mijotaient ont eu peur non pas des réactions populaires, mais d'un autre coup d'Etat.
Nous en sommes là.
Si nous comprenons bien, il n'y a jamais eu de majorité possible sur aucun problème à l'Assemblée nationale.
Les communistes sont inassimilables.
Les socialistes sont divisés à la fois sur les problèmes intérieurs et sur les problèmes extérieurs: ils ne peuvent entrer dans aucune combinaison et ils n'en peuvent proposer aucune.
Le M.R.P., qui porte les responsabilités majeures dans l'aggravation de la situation diplomatique internationale parce qu'il est pour la C.E.D. et dans le déclenchement comme dans la conduite de la guerre d'Indochine, s'obstine et ne reculera pas jusque dans le risque de précipiter le monde dans le chaos pour éviter à ses têtes d'être mis en accusation devant l'opinion publique.
A part Mendès-France, qui est seul contre tous, le parti radical n'est plus qu'un souvenir.
Reste la réaction dominée par les deux groupes des Indépendants et des Gaullistes ou ex-Gaullistes: les uns sont pour la C.E.D., les autres contre, et tous deux sont en désaccord fondamental avec le M.R.P. sur la politique sociale.
Impossible donc d'associer deux et à plus forte raison trois quelconques de ces groupes dans le plus édulcoré des programmes communs.
Donc pas de majorité pensable.
Depuis 1951, cependant, MM. Pleven, Edgar Faure, René Mayer, Pinay et Laniel ont réussi à trouver des majorités qui les ont maintenus au pouvoir avec des infortunes diverses et plus ou moins longtemps.
C'est que ces majorités ne se constituaient pas sur des problèmes politiques d'intérêt national.
On sait par exemple que M. Chaban Delmas, membre influent d'une des sectes gaullistes ou ex-gaullistes, n'a jamais soutenu le gouvernement que pour éviter la dissolution du Conseil municipal de Bordeaux dont il est le maire.
On sait que M. Bloch-Dassault, membre d'une autre secte du même bois, ne l'a soutenu que parce qu'il est marchand de matériel de guerre et en échange de commandes importantes.
On dit que la récente et inattendue prise de position de M. René Mayer en faveur de Laniel a été monayée par la promesse de nommer un préfet de son choix à Constantine dont il est le député.
La construction d'un moulin -- à Dakar, je crois -- a maintes fois apporté au gouvernement les voix des Indépendants d'Outre-Mer.
Et tout à l'avenant.
C'est le règne du népotisme et de la prébende.
Il n'est pas jusqu'à ceux des députés qui ne demandent rien -- il paraît qu'il en a! -- et qu'on tient par la menace de la dissolution, c'est-à-dire de la suppression pure et simple de leur gagne-pain.
Je n'exagère rien: ce n'est un secret pour personne que, d'un commun accord, les groupes décidés à renverser le gouvernement malgré tout, se sont arrangés ensemble pour qu'il le soit seulement par 306 voix et non pas 314, cas auquel la dissolution était, semble-t-il, de droit.
On accuse la Constitution, et plus encore la loi électorale, d'être responsable de cet état de fait.
Ce n'est pas moi qui défendrai la loi électorale!
Mais il est impossible de ne pas remarquer qu'en quatre-vingts ans de République, nous avons eu presqu'autant de lois électorales que de législatures.
A peu près toutes les majorités sortantes en ont fait une qui leur permit de rester au pouvoir.
Et, chaque fois, au bout d'un an ou deux, la majorité qui avait fait la loi s'est trouvée écartée du pouvoir.
C'est une fois de plus le cas.
Explication: les aigrefins qui réussissent à se faire élire ensemble par tous les moyens hormis ceux qui sont honnêtes, et respectueux de la volonté populaire, ne réussissent jamais à gouverner ensemble.
Parce que des désaccords surviennent toujours en cours de route à propos du partage du gâteau.
On fera probablement une autre loi électorale.
Qui aura les mêmes résultats.
Parce que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.
Pour des raisons d'ordre doctrinal que j'ai déjà données dans cette revue à propos de la conférence de Berlin, à savoir qu'une conférence internationale ne pourrait réussir qu'à la condition qu'y fussent délégués, non plus les représentants des Etats, mais ceux des peuples. Et pour d'autres qui tiennent à la politique même de M. Bidault, personne n'a jamais cru qu'il était possible d'obtenir à Genève un "Cessez le feu" en Indochine aux conditions du Quai d'Orsay.
Le bon peuple de France a pu être abusé parce que, grâce à la virtuosité d'une censure vraiment au point, il n'était pas renseigné.
Mais ailleurs on l'était. On y savait que la France faisait en Indochine une guerre sans espoir; que le nombre des désertions était si important dans les troupes franco-vietnamiennes qu'il était absolument impossible de constituer des unités autochtones; qu'à la conscription organisée par Bao-Daï un homme sur dix répondit, que le reste gagna le maquis, etc.
On savait aussi que M. Bidault, très au courant de cette situation, avait demandé l'intervention des Américains, qu'Eisenhower avait acceptée, que des bateaux transportant des troupes, du matériel atomique et tout et tout, mis en route sur l'Indochine, avaient dû rebrousser chemin sur irruption intempestive de la diplomatie anglaise dans l'affaire; que dans ces conditions, il n'y avait plus d'espoir -- l'espoir étant dans l'internationalisation du conflit et la grande bigorne.
Tout cela, le bon peuple de France ne l'apprit que par les révélations de M. Mendès-France à la tribune de l'Assemblée nationale.
Mais, huit jours avant la chute du Ministère Laniel, M. Eden avait déjà dit qu'il était temps de considérer que la conférence de Genève avait échoué.
Et, quatre jours avant, revenant du Sud-Est asiatique, le général américain James Van Fleet, ancien commandant des troupes de Corée, arrivait aux mêmes conclusions ajoutant que, depuis la chute de Dien-Bien-Phu, les troupes de Ho-Chi-Minh s'enfonçaient dans le delta à une vitesse de 10 à 15 km. par jour.
La conférence de Genève, dans ces conditions, n'était plus qu'un artifice destiné à permettre au gouvernement de durer, un moyen de pression sur les députés devant les yeux desquels MM. Laniel et Bidault agitaient le spectre d'un échec qui était déjà une réalité.
Puisque, l'avant-veille du scrutin sur la confiance, à peu près toutes les délégations étaient tombées d'accord pour renvoyer à une cession de l'O.N.U. toutes les affaires à l'ordre du jour et sur lesquelles il était avéré qu'aucun accord n'était possible.
Seulement, cela, MM. Laniel, Bidault, Pleven se gardaient bien de le rendre public et, dans la presse à leur dévotion, il n'y eut aucune faille.
Mieux: après l'affaire Jacquet, ils montèrent le scénario de l'entrée au ministère de M. Frédéric Dupont pour relancer l'espoir.
De M. Frédéric Dupont, dont le curriculum vitae est une longue protestation contre toute vélléité de négocier avec le Viet-Minh.
Ainsi était adjoint à l'équipe des négociateurs de Genève un négociateur de renfort dont tout le programme était justement le refus de toute négociation.
Sur un problème qui se posait dans ces termes, deux fois de suite, le gouvernement de M. Laniel a obtenu la confiance de l'Assemblée et il n'a été mis en minorité qu'au troisième vote.
Ce n'est pas le côté le moins tragique de l'affaire.
Les députés que le peuple le plus spirituel de la terre est réputé s'être choisis ont tout avalé: des procédés de catin de M. Bidault envoyant la Comédie française à Moscou pour séduire M. Molotov à la nomination cocardière et granguignolesque de M. Frédéric Dupont au poste de ministre des Etats associés.
On ne saura jamais quel est le rien, le tout petit rien qui leur a fait réaliser que, telle une voiture qui va d'un côté à l'autre de la route et sème l'affolement, notre politique étrangère était conduite par un ivrogne qui ne sortait des vapeurs de l'alcool que pour sombrer dans la bondieuserie, autre genre et non moins nocif d'ivresse.
Peut-être même ne l'ont-ils pas réalisé et ont-ils seulement obéi aux impératifs très personnels de l'instinct de conservation.
Quoi qu'il en soit, ils ont provoqué la crise ministérielle et, si peu d'intérêt qu'on attache à ce genre de phénomène, il faut reconnaître que c'est dans les pires conditions extérieures et intérieures.
La veille même de ce jour mémorable, le pandit Nehru n'hésitait pas à déclarer que "le sort du monde se jouerait dans les trois semaines qui suivraient".
A l'intérieur, malgré tous les communiqués officiels optimistes, les affaires n'étaient jamais allées si mal: les paysans se plaignaient de n'arriver plus à vendre leurs produits, les ouvriers de n'avoir pas des salaires suffisants pour les acheter, les commerçants de ne plus rien vendre, et les fonctionnaires de toutes les catégories étaient sous le coup de l'affront qui leur venait d'être fait par un gouvernement allouant 7.000 fr. d'augmentation par an au professeur agrégé et de 66.000 à 115.000 au sous-officier rempilé.
C'est sans aucun doute ce mécontentement dont ils avaient déjà eu des échos qui avait incité l'équipe Laniel-Coty à penser au coup d'Etat.
Aujourd'hui 15 juin, M. Mendès-France a accepté de solliciter l'investiture de l'Assemblée nationale.
Aura-t-il réussi au moment où paraîtront ces quelques réflexions? Ce n'est pas absolument certain: dans un tel milieu, il n'est pas politique de briguer la place de Président du Conseil en disant: " qu'il ne faut pas se borner à changer quelques ministres, mais renouveller le personnel consulaire de la République dans sa totalité. " M. Mendès-France aurait voulu coaliser contre lui les intérêts particuliers de tous les vieux chevaux de retour du parlementarisme qu'il ne s'y serait pas pris autrement.
Dès l'annonce de l'événement, des journaux ont publié qu'il avait plus de chance que lors de sa première aventure dans cette voie, et ce n'est pas mon avis. Mais je puis me tromper...
Aussi bien, ce n'est pas la question et pas davantage de savoir s'il faudrait se féliciter de son succès en cas de réussite: nous attendons l'homme qui nous dira franchement et simplement qu'il n'y a plus de solution parlementaire à aucun des problèmes cruciaux de l'heure.
Et qu'en ce qui concerne plus particulièrement la guerre d'Indochine, le vrai moyen d'obtenir " le Cessez le feu " est de consentir à l'évacuer purement et simplement.
Il y a un an, malgré toutes les fautes commises, il était encore possible de quitter ce guépier, comme les Anglais ont quitté l'Inde, c'est-à-dire en affranchissant politiquement les Indochinois et en les conservant comme clients.
Aujourd'hui, le gouvernement, quel qu'il soit, qui sortira de cette crise, n'aura guère le choix: ou il rappellera le corps expéditionnaire ou il s'obstinera. Dans ce dernier cas ce sera, c'est à craindre, l'internationalisation du conflit, la guerre générale et ses affreuses conséquences.
En novembre 1953, le feu était à la maison: les planteurs de tabac protestaient qu'ils n'étaient pas payés assez cher la feuille -- ce qui était très vraissemblable -- et le ministre de finances à qui il manque toujours dix-neuf sous pour faire un franc, leur rétorquait qu'au prix auquel il les payait, il ne faisait plus ses frais, qu'il allait justement être obligé d'augmenter les prix des gauloises et du paquet de gris, que s'il leur donnait satisfaction, etc., etc. Bref, l'affaire vint devant l'Assemblée nationale qui lui consacra deux séances. Finalement, et tout à fait par hasard, il se trouva qu'une majorité refusa au gouvernement l'augmentation du prix du tabac ordinaire: les choses restèrent en l'état et les planteurs de tabac en furent pour leurs frais.
Mais les fumeurs de gris et de gauloises l'avaient échappé belle.
En mars dernier, on ne fit pas tant de poussière à propos du prix des Baltos, des Craven, des Week End et autres Chesterfield: un simple décret pris en conseil des ministres le diminua de 20 à 30 %. Et l'opinion en fut informée par le canal des nouvelles en trois lignes des journaux.
En novembre prochain, les planteurs de tabac protesteront à nouveau, le ministre des finances reviendra devant l'assemblée avec son projet d'augmentation du prix des gauloises et du gris et, cette fois, il est probable qu'une majorité lui accordera ce qu'il demande.
Car on ne peut refuser toujours.
Et les fumeurs de tabac ordinaire paieront un peu plus pour que les fumeurs de tabac de luxe paient un peu moins.
Ca n'a l'air de rien mais...
Mais c'est le système.
Le lecteur n'a certainement pas perdu le souvenir de ce qui s'est passé pour les impôts: la loi de finances pour 1954 dispose que les revenus imposables par voie directe subissent un abattement à la base de 220.000 fr. (au lieu de 180) et sont écrétés au sommet de 10 %. En même temps elle augmente les impôts indirects par le truchement de la taxe à la valeur ajoutée et de l'impôt sur les sociétés répercutables sur les prix de détail.
Les 5 millions 1/2 de salariés qui gagnent moins de 25.000 fr. par mois ne retirent aucun bénéfice de la première mesure pourvu qu'ils soient mariés puisqu'après comme avant, ils ne sont pas assujettis à l'impôt sur le revenu. Par contre, la taxe à la valeur ajoutée, ils la paieront sur les denrées alimentaires. Mais les assujettis à l'impôt sur le revenu paieront beaucoup moins.
Autrement dit, les fumeurs de tabac ordinaire paieront aussi un peu plus d'impôts indirects pour que les fumeurs de tabac de luxe paient beaucoup moins d'impôts directs sur leurs revenus.
Il y a quelques semaines le gouvernement a décidé une baisse de 15 % sur le matériel agricole.
Tout le monde est d'accord pour convenir qu'en France le matériel agricole -- comme tout, d'ailleurs -- est trop cher.
Le gouvernement en convenant à son tour avait plusieurs moyens à sa disposition pour en faire baisser le prix: diminution des impôts qui le frappent, diminution du profit, réorganisation rationnelle de la production, car, en aucune façon, il ne pouvait être question de toucher aux salaires déjà si minimes.
La baisse des impôts, il n'y fallait pas compter: le ministre des finances n'est pas fou.
La baisse du profit s'excluait d'elle-même: les fumeurs de tabac de luxe ne la pouvaient pas supporter, puisqu'il avait déjà fallu baisser le prix de leurs cigarettes.
Restait la réorganisation rationnelle de la production: elle nécessitait des milliards et des milliards d'investissements.
Voici donc ce qu'on a trouvé: à tout paysan qui se sera rendu acquéreur d'une machine agricole, on remboursera 15 % de la facture.
Le fumeur de tabac de luxe qui l'aura fait fabriquer par les fumeurs de tabac ordinaire qu'il emploie sauvera ainsi l'intégralité de son profit.
Le fumeur de tabac ordinaire paiera ces 15 % sous forme d'impôts indirects supplémentaires.
Et l'Etat n'y perdra rien non plus.
Pauvre fumeur de tabac ordinaire!
Tout lui retombe sur le dos: les subventions aux chevillards, les subventions aux distillateurs, les subventions aux exportateurs, la hausse des prix quand le temps est mauvais, la hausse des prix quand le temps est trop beau, la baisse de l'impôt sur le revenu, la baisse du prix des machines agricoles, la baisse du prix des cigarettes de luxe, etc., etc.
Race de Caïn!
Heureux fumeur de tabac de luxe!
Tout lui est dû: race d'Abel!
Or, le poète l'a bien dit, après les Ecritures:
Race d'Abel, dors, bois et mange;
Dieu et sourit complaisamment.
Race de Caïn, dans la fange
Rampe et meurs misérablement.
Et il n'appartient pas à un gouvernement de faire mentir les Ecritures et les poètes.
Cautionné par les Ecritures, le système remonte donc fort loin.
C'est un système de gouvernement, parbleu!
Et, en matière de gouvernement, il n'y a pas à en remontrer aux Prophètes.
La race d'Abel doit être forte, ce qui signifie qu'en un monde où l'argent fait la force, il faut lui économiser la dépense jusque sur les cigarettes (de luxe!).
La race de Caïn doit être faible, "hurler la faim comme un vieux chien, trembler de froid et traîner sa famille aux abois" pour n'être point sollicité par les tentations de la révolte.
C'est qu'elle en fait des choses, la race d'Abel, avec l'argent qu'elle fait suer à la race de Caïn!
Il n'est que d'évoquer l'armée que nous avions en 1940.
Et celle que nous avons actuellement encore en Indochine.
Trop belle même, notre armée d'Indochine, si belle que le ministre de la guerre a décidé d'en livrer une partie à Ho-Chi-Minh, histoire de rétablir l'égalité des armes.
Car la Haute-Cour n'a pas été instituée à l'intention de la race d'Abel.
Et, comme disait l'autre, à Paris en une nuit, la race de Caïn réparera tout ça!
Le mal n'est donc pas grand, notre armée est toujours là, -- un peu là! -- son moral est intact et sa gloire passée n'est rien en comparaison de ce que sera sa gloire future.
Du moins, un ministre de la défense nationale comme on n'en fait plus, nous le promet qui vient de prendre des mesures en conséquence.
La presse, même la plus modérée dans ses expressions, a parlé d'une véritable provocation à propos des mesures qui viennent d'être prises en faveur de la fonction publique: 2.000 fr. d'augmentation par an à un instituteur, 4.000 à un professeur licencié, 7.000 à un agrégé de l'Université, mais... 66.000 à un sous-officier, de 115 à 143.000 à un officier subalterne et de 140 à 215.000 à un officier supérieur.
Au total pour l'enseignement: 10 milliards.
Et pour l'armée: 30 milliards.
Une provocation? N'exagérons rien: race de Caïn, fumeurs de tabac ordinaire l'instituteur et le professeur, race d'Abel qui ont droit au tabac de luxe, le sous-officier ignare avec son poil dans la main et le général organisateur de catastrophes nationales.
D'autres arguments, il n'y en a pas.
La race de Caïn suera les 30 milliards.
Et, cigarette de luxe au bec, sous-officiers, colonels et généraux se feront battre " héroïquement ".
Comme il se doit.
Car, à Genève, le ministre des Affaires étrangères que nous a choisi la race d'Abel donne de sérieux coups de main à ses collègues de la Défense nationale et des Finances.
Il y a une centaine d'années, " Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles ". Le vin des amants, c'était très poétique.
Aujourd'hui, à Genève, l'âme du vin est passée de la bouteille dans l'estomac de M. Bidault.
Et dans l'estomac de M. Bidault, le vin a changé d'âme.
Baudelaire a aussi parlé du vin de... ( on ne peut plus écrire le mot sans risquer la correctionnelle ).
Un ministre des Finances qui ne sait probablement pas compter les doigts de sa main [note 1: Dans une lettre à un hebdomadaire, ce distingué ministre des Finances écrit: " Vous flattez, par vos fabulations, le goût d'un certain public pour l'anecdotique, le sensationnel, le "dessous des cartes", et pour tout ce qui peut accréditer ". Ce qui prouve que si par hasard il savait compter les doigts de sa main, une chose est sûre: il ne sait pas que le mot fabulation n'existe pas. Et il se pique de littérature par surcroît.]
Un ministre de la Défense nationale qui croit malin d'aller se flanquer des paires de claques sous l'Arc de Triomphe.
Un ministre des Affaires étrangères qui est un ivrogne.
Un président du conseil dont le regard bovin est la fable du monde.
La fine équipe, quoi.
Et Caïn qui a le sentiment de la culpabilité, qui se sauve, poursuivi par son oeil et se laisse enterrer!
Il y a eu une crise ministérielle et ça va changer?
A d'autres!
Alors... ainsi soit-il!
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Défense de l'Homme, numéro 68, juin 1954.
-- Ils ont pensé à un coup d'Etat, p. 2-5.
-- "Race de Caïn", p. 5-7.
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