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ANATOMIE DE LA DÉTENTE

 par Paul Rassinier

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Défense de l'Homme, numéro 83, septembre 1955, p. 2-4. 

 Quand une conférence internationale a lieu, les hommes politiques (chefs de gouvernement ou ministres des affaires étrangères ou les deux selon le cas) qui représentent les États, sont accompagnés d'autres hommes qui sont leurs conseillers techniques et qu'on nomme des experts.

 Ces experts ne sont pas moins que des hommes d'affaires qui relèvent d'une banque ou d'un groupe de banques et qui en surveillent les intérêts auprès du ministre qui les a embauchés et qui lui-même soutenu par cette banque ou ce groupe de banques.

 Les chefs de Gouvernement ou les Ministres des Affaires étrangères, ou les deux, « travaillent » sur le devant de la scène, les experts dans les coulisses. On publie les noms des premiers et une presse servile tient l'opinion au courant de leurs moindres gestes : on ne publie que rarement les noms des seconds et, sur ce qu'ils font, généralement on se borne à dire que l'accord est ou non réalisé entre eux. Or, ce sont les experts qui font le véritable travail et ce travail consiste à passer des marchés, par dessus les frontières, pour le compte des Banques ou des groupes de Banques qui les emploient.

 Selon qu'ils y arrivent ou non, il y a une détente ou une recrudescence de la tension que claironnent les chefs de Gouvernement ou les Ministres des Affaires étrangères ou les deux.

 Le lecteur de Défense de l'Homme sait déjà (voir n° 77) que tous les groupes de Banques qui tiennent en mains l'économie française par le jeu du crédit, sont représentés dans le Gouvernement de M. Edgar Faure.

 Contrairement à ce qui s'est passé en 1954, tous étaient donc représentés à Genève en 1955 et leurs intérêts qui s'opposent toujours sur le plan intérieur (Indochine, Algérie-Tunisie, Maroc, politique de l'alcool et soutien des prix agricoles ou industriels) convergeaient, sur le plan international, dans une nécessaire reprise des échanges avec l'Est pour décongestionner les marchés. Chacun ayant réussi à obtenir sa part du gâteau, il y a eu accord et détente. Mais il eût suffi qu'un groupe se trouvât lésé pour qu'il y eût recrudescence de la tension. Or cette hypothèse peut se reproduire à tout moment dans la phase d'application et, expliquerait toute la fragilité de la détente.

 Car l'accord n'a tout de même été réalisé qu'en principe, non dans ses exactes modalités.

 D'autres hypothèses aussi peuvent devenir des réalités : pour que cette heureuse conjoncture se réalise dans le clan occidental, il fallait, en effet, qu'elle trouvât sa réciproque dans le clan oriental.

 Car il n'eût suffi de rien que les Occidentaux fussent décidés à vendre, si les Orientaux n'avaient pas été décidés à acheter aux conditions qui leur étaient faites. Or, à tout moment aussi, les Orientaux peuvent remettre en cause ces conditions.

 Ainsi est-on amené à se demander quelles sont les chances de durée de la détente de l'autre côté du rideau de fer.

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 On sait qu'entre Occidentaux et Orientaux, les dissentiments sur les échanges commerciaux, portaient à la fois sur la nature des produits à échanger et sur leur prix. La signature des Accords de Paris a, sans aucun doute, donné aux Occidentaux le sentiment de leur force en cas de coup dur et, en même temps, elle leur a suggéré l'idée qu'ils pouvaient, sans grand danger, comprendre des produits industriels susceptibles d'être utilisés sur le plan stratégique, dans la liste de ceux qui pourraient faire l'objet d'un échange. Ce premier pas étant fait il était facile de lever tous les obstacles possibles du côté des prix. Tout au plus les Occidentaux ont-ils pu mettre comme condition que le volume des produits industriels serait fonction du volume des produits agricoles.

 On a fait, dans la presse, les hypothèses les plus diverses sur les raisons qui décident les Russes à accepter ce marché dans son principe. Ils y étaient acculés, ont dit les uns, par une situation économique intérieure assez grave pour ébranler le régime. C'est un calcul, ont dit les autres qui ont aussitôt établi un parallèle entre la détente internationale et l'aggravation de la tension entre le bloc arabo-asiatique et le bloc occidental. De vrai, il était tentant de conclure que le bloc soviétique n'avait recherché la détente internationale et accepté le marché que pour libérer des moyens d'aide aux États arabo-asiatiques, au Pakistan et à Goa contre l'Inde -- avec le plus délicieux sourire à Nehru ! -- à l'Egypte contre Israël, au Soudan contre l'Egypte, en Tunisie, en Algérie et au Maroc contre la France.

 Pour vraisemblable que soit cette conclusion d'ailleurs étayée par des faits dont la matérialité est indiscutable, il y a probablement du vrai dans l'autre thèse.

 Il n'est pas niable que, depuis la mort de Staline, le Pouvoir, en Russie, est essentiellement caractérisé par une certaine instabilité, jusqu'à l'échelon le plus élevé : si les structures n'ont pas changé, si le régime et l'appareil d'État sont restés ce qu'ils étaient dans leurs principes et leurs desseins, lui, au moins, a changé de mains assez souvent, dans un temps relativement court. Il est aussi de notoriété que ces changements de mains ne se sont pas accompagnés, comme autrefois, de procès spectaculaires : l'exercice du Pouvoir qui use les hommes use aussi les institutions et les procédés de Gouvernement. La dictature pas plus que la démocratie n'échappe à cette loi et Péron en fait parallèlement l'expérience.

 A tout le moins, c'est un signe de faiblesse du Pouvoir Soviétique qu'il était aisé de prévoir à partir du moment où il passait d'un seul à une camarilla si restreinte soit-elle. En ce sens, la mort de Staline a ouvert la voie aux révolutions de Palais.

 On se tromperait grossièrement, je crois, aussi bien si on grossissait démesurément cette faiblesse que si on la mettait au compte d'un réveil soudain de la conscience populaire en Russie. Contre cette éventualité, il y a encore assez de solidarité dans la camarilla et l'abandon des procès spectaculaires avec accusations et aveux assortis, témoigne du souci de sauvegarder cette solidarité.

 C'est dans les difficultés économiques susceptibles d'engendrer, à la longue, des difficultés sociales, que cette faiblesse est née et c'est par ses conséquences possibles qu'elle a provoqué le réflexe de solidarité dans la Camarilla.

 Je crois aussi qu'on se tromperait très grossièrement si on grossissait démesurément ces difficultés économiques et si on fondait de très grands espoirs sur elles : la seule chose qu'on en puisse dire, c'est qu'elles existent réellement et que, pour la première fois dans l'existence du régime, elles ont inquiété sérieusement ses dirigeants, ils en ont fait le double aveu.

 Sur leur importance, nous sommes également fixés : les produits agricoles ont manqué et, dans une proportion assez importante pour qu'on parle de famine dans les pays satellites.

 Les dirigeants soviétiques se sont donc trouvés devant l'alternative suivante : ou ralentir le rythme de la production industrielle pour faire face aux besoins de la consommation courante et amoindrir leur potentiel militaire, ou maintenir leur production industrielle et leur potentiel militaire à leur niveau et risquer le danger de l'aggravation des restrictions dans le domaine de la consommation privée.

 C'est dans cette situation qu'il faut voir l'origine du dogme de la coexistence pacifique admirablement servi par l'impérieux besoin d'exporter qui est la caractéristique essentielle de l'économie occidentale.

 Ainsi les Soviétiques pourront trouver chez les Occidentaux de quoi satisfaire aux besoins de la consommation courante chez eux et en outre quelques produits industriels, ce qui leur permettra d'alléger d’autant les soucis de leur économie générale.

 Ce qu'il enverront en échange ? That is the question !

 En passant, il est nécessaire de dire que si nous sommes pour la reprise des échanges commerciaux entre tous les peuples, ces échanges commerciaux n'iront pas à l'encontre des guerres possibles, tant qu'ils ne seront pas organisés et contrôlés par les peuples eux-mêmes, c'est-à-dire, tant que les dirigeants des peuples garderont tout loisir de les orienter à leur gré.

 

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 Un autre sujet de difficulté et d'inquiétude ! -- pour le bloc soviétique -- lui vient de la Chine.

 En juin dernier, une Assemblée nationale constituée selon les méthodes qui sont en usage à Moscou, s'est réunie à Pékin. M. Li Hsien Nien, Ministre des Finances lui a donné lecture du projet de budget pour l'exercice de 1955-56 et M. Li Fu Tchun, Président de la Commission du plan quinquennal, d'un rapport sur la situation de l'économie chinoise ponctué par une déclaration selon laquelle trois plans quinquennaux, soit quinze années, seraient nécessaires pour que la Chine devienne un véritable État socialiste. Encore a-t-il précisé que pour en arriver là, la coexistence pacifique et l'aide de l'étranger étaient, elles aussi, absolument nécessaires.

 Cette dernière déclaration a jeté un froid au sein de l'Assemblée nationale et à Moscou : outre qu'on sait à Pékin que quinze années constituent un laps de temps pendant lequel bien des événements peuvent survenir, on sait à Moscou et à Pékin que si le bloc soviétique était capable d'aider efficacement la Révolution Chinoise, il ne l'est plus d'aider au développement économique de la Chine à un rythme susceptible de prévenir tout retournement de la situation intérieure. L'exemple de Tchang Kai Chekh est, à ce sujet, très significatif : c'est un courant né de ces considérations qui l'a poussé à se tourner vers les Américains après avoir été porté au pouvoir par les Russes. Si Mao Tse Toung...

 Déjà des pourparlers sont en cours à Genève entre son Gouvernement et celui d'Eisenhower. Ils n'ont rien donné mais le contact est établi et pour empêcher qu'il ait des conséquences désastreuses sur le plan stratégique -- nous n'en sommes pas encore là, tant s'en faut -- les Soviétiques devront se montrer à la hauteur de la situation.

 Je ne crois pas que les nouveaux accords commerciaux Est-Ouest en voie de passer dans le domaine de l'application, s'ils mettent l'économie soviétique à même d'aider efficacement les États du bloc arabo-asiatique dans leurs entreprises nationalistes révolutionnaires, lui permettront de devenir en sus le banquier de la Chine.

 Mais la stupide politique des Occidentaux à l'égard du bloc arabo-asiatique pourrait prolonger dans un sens défavorable à leurs intérêts les effets de la conférence de Bandung et faire qu'un courant d'échanges commerciaux s'établisse entre les États arabo-asiatiques constitués en bloc plus tôt qu'on ne le pense et le bloc russo-chinois ce qui, du même coup, préviendrait toute éventualité de rupture entre Pékin et Moscou.

 On l'espère bien à Moscou.

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 Telles me paraissent être les caractéristiques essentielles du climat de la détente.

 Cette analyse se voulait objective et n'avait d'autre but que de mettre l'accent sur sa précarité.


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