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Science et Conscience

 

par Paul Rassinier

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Défense de l'Homme, numéro 110, décembre 1957, p. 3-4.

 

 Lavoisier niait l'existence des aérolithes. La Cour et les salons étaient pour Lavoisier. Dans les milieux où l'on cherche des vérités, on s'étonnait qu'un si grand savant eût une attitude si peu scientifique.

 Mais il avait écrit: « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » et, ici, la situation était renversée. Ce « rien ne se crée » gênait considérablement la Cour et les salons étaient perplexes. Par contre, dans les milieux où l'on cherche des vérités, on l'avait pris très au sérieux.

 On était à la veille des jours tragiques de la Révolution française, le XVIIIe siècle avait surmonté le fâcheux état d'esprit qui, deux cents ans plus tôt, avait conduit Galilée devant les juges.

 De son côté, si Lavoisier niait l'existence des aérolithes, jamais il ne lui serait venu à l'idée de témoigner devant un tribunal contre quiconque aurait été arrêté pour avoir écrit ou vendu des livres traitant de la question ou de faire trancher par des juges un problème qui relevait de la science. Il avait sa vérité et il la défendait.

 Les autres aussi avaient la leur et ils la défendaient aussi.

 En ce temps-là, les choses n'allaient pas plus loin.

 C'est pourquoi nous savons aujourd'hui qu'il y a des aérolithes.

 Près d'un siècle plus tard, le même phénomène s'étant produit dans la même atmosphère à propos du sthétoscope de Laënnec, la médecine a pu faire d'étonnants progrès.

 On pourrait multiplier les exemples de ce savant qui, aux environs de 1830, prétendait que l'aviation était une impossibilité mathématique, aux thèses de Pasteur sur la génération spontanée et aux physiciens contemporains qui soutenaient encore, il n'y a pas si longtemps, qu'il ne serait jamais possible d'envoyer quoi que ce soit dans les espaces intersidéraux.

 Nous sommes en train de vivre le problème de la fragilité des certitudes.

∞∞∞∞∞∞∞∞

 

 Si j'ai évoqué l'exemple de Lavoisier, c'est parce qu'il marque une date historique dans la prise de conscience de cette fragilité des certitudes. A coup sûr, cette date fut le plus haut moment de cette prise de conscience.

 La discussion autour des aérolithes et de la véritable vraie nature de la matière était à peine commencée que quelqu'un déclarait avec une superbe assurance: « La Révolution n'a pas besoin de savants. »

 Lavoisier en mourut sur l'échafaud.

 Pour faire la mesure, on y envoya aussi le poète André Chénier et quelques autres dont l'histoire n'a qu'à peine retenu les noms.

 Depuis, la certitude a pris une figure des plus avantageuses, des plus intransigeantes et, tuant jusqu'aux scrupules les plus minces, nous a jetés dans la boue de certains procès retentissants et jusque dans l'affaire du Stanilon.

 Nous sommes à l'ère des savants qui n'hésitent plus à apporter aux juges la caution d'une science dont ils n'ont sans doute jamais su qu'elle était sans cesse en mouvement et que ses vérités ne pouvaient être que relatives.

 Comme au temps de Galilée, la science conduit à nouveau à l'échafaud.

 Il arrive même qu'elle conduise au cercueil sans procès, des braves gens qui ont tout naturellement eu confiance dans leur médecin ou dans leur pharmacien.

 Savants d'autrefois et savants d'aujourd'hui!

∞∞∞∞∞∞∞∞

 

 Un jour, une femme dont on n'avait pas pu ne pas remarquer qu'elle avait servi sous plusieurs maris, les uns et les autres morts d'étrange façon, se trouva dans le box des accusés.

 Elle était soupçonnée de les avoir empoisonnés.

 La rumeur publique était impitoyable pour elle: parmi ceux qui font la rumeur publique, il y a, en cette matière, tellement de femmes qui n'arrivent à servir sous aucun mari ou qui n'ont pas réussi à se débarrasser du leur!

 La justice, aussi, s'était montrée impitoyable: on l'avait emprisonnée sur ce simple soupçon.

 On fit appel à un savant.

 Il habitait Marseille où il était professeur à la faculté de médecine.

 A la barre, on s'attendait à voir arriver quelqu'un qui ressemblât d'assez près au Professeur Nimbus des bandes dessinées de nos journaux: on y vit arriver un homme que les journalistes ne purent s'empêcher de comparer à un joueur de rugby.

 Sans sourciller, il affirma que Marie Besnard -- c'est d'elle qu'il s'agit -- avait empoisonné son mari à l'arsenic. Les analyses auxquelles il avait procédé l'attestaient sans discussion possible.

 -- Vous êtes sûr que c'était de l'arsenic? lui demanda un petit avocat de qui, jusque-là, on n'avait jamais parlé.

- Impossible de s'y méprendre!

- Alors, voici deux tubes: dans l'un de l'antimoine, dans l'autre de l'arsenic...

 Avec une tranquille assurance, le savant de Marseille confondit l'antimoine et l'arsenic.

 En plein tribunal.

 S'il enseigne toujours, les esprits caustiques ont sûrement été convaincus que les étudiants en pharmacie de la Faculté de médecine de Marseille sont en de bonnes mains.

 Les autres, dont nous sommes, prolongeront leurs spéculations jusqu'au problème philosophique des certitudes, quand elles ne reculent pas devant la responsabilité de conduire à l'échafaud.

∞∞∞∞∞∞∞∞

 

 L'affaire du stanilon[1] est plus tragique encore.

 Ici, le manque de scrupule a pris des proportions dantesques.

 Un docteur en pharmacie invente un remède contre la furonculose. On n'a pas vérifié, mais il était peut-être un élève du savant professeur de Marseille expert en arsenic...

 Un ingénieur chimiste fabrique le remède.

 Un professeur agrégé du Val-de-Grâce l'expérimente directement sur des militaires hospitalisés. Aucun n'en étant mort, on prétend que le procédé n'a pas à être discuté.

 Plus sensibles, les souris sur lesquelles un autre professeur agrégé recommence l'expérience, ne lui résistent pas. Celui-ci est un fonctionnaire du ministère de la Santé et il est chargé d'autoriser ou de refuser la mise en vente: il autorise!

 Son autorisation n'étant cependant valable que si elle est sanctionnée par le comité technique des spécialités pharmaceutiques, celui-ci est appelé à se prononcer.

 Il se compose de: deux membres de l'Académie de médecine, deux professeurs de la Faculté de pharmacie, trois médecins, trois pharmaciens. Tous des savants!

 A son tour, ce comité autorise.

 Résultats: 105 morts, 150 rescapés mais à tout jamais invalides.

 Le tribunal devant lequel l'affaire se termina eut bien d'autres surprises encore, et notamment celle-ci: de l'inventeur du produit à ceux qui en ont autorisé la vente, en passant par le fabricant, tout le monde savait, paraît-il, que le produit était toxique!

 La certitude étant un manque de scrupule, il n'y a rien d'étonnant à ce qu'elle ait enfanté l'escroquerie et le crime.

 

∞∞∞∞∞∞∞∞

 

 Ma conclusion? Le grand philosophe qui décréta un jour que la Révolution n'a pas besoin de savants a sans doute et tout simplement oublié de préciser que c'était ces savants-là qu'il visait.

 


[1] Que tout le monde s'obstine à appeler stalinon.


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