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Ca va faire du joli!

par Paul Rassinier

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Je sens bien que je devrais consacrer cette chronique aux élections américaines: encore sous le coup du résultat, tout homme qui pense s'interroge avec angoisse et cherche dans ce qu'il lit des données lui permettant de se faire une opinion sur ce que peut être l'évolution ultérieure des événements quand un général prend sous son aile le destin du monde.

Je n'en ferai rien cependant: sur cette question, tout a été dit. Le parti démocrate paie aujourd'hui le comportement de Roosevelt dans les événements de 1939-45 et de Truman, depuis la fin de la guerre. Acculé à aligner sa politique générale sur celle du parti des soudards, il a dû accepter le combat électoral sur un problème de débouchés extérieurs proposé dans ces termes: l'Asie ou l'Europe? Contre Truman dont les préférences allaient à l'Europe -- quitte à accepter la guerre sur deux fronts à des milliers de kilomètres -- l'Amérique s'est prononcée pour l'Asie. Il reste seulement à savoir comment Eisenhower s'y prendra pour reconquérir le marché asiatique. Naturellement, il sera plutôt porté à résoudre le problème en militaire si ce n'est à la Mac Arthur et, sous cet angle, il y a tout à redouter. Mais, la politique de Truman elle-même, ne le condamnait-elle pas à réagir un jour en militaire?

Ceci étant dit, les petits problèmes de notre Europe occidentale et particulièrement ceux qui sont en débat devant l'opinion publique française, ont, à mes yeux, sinon plus d'importance, du moins un intérêt plus accessible.

Et comment les aborder autrement que par ce qui se passe au Parlement?


La politique financière

Au Parlement, on innove en matière de politique budgétaire. Le 7 juillet, les députés sont partis en vacances pour rentrer le 22 octobre. Par ce moyen, ils se sont dispensés de discuter le budget complémentaire de l'année en cours: on ne saura donc jamais le montant du déficit de l'expérience Pinay pour l'année 1952, si ce n'est dans quelques années sous la forme d'une avalisation par décret, de quelques dépassement de crédits, ou par des reports dissimulés adroitement dans l'exercice 1953 actuellement en discussion. Au début du mois, un personnage important de la commission des finances a lancé le chiffre de 656 milliards. A quoi M. Paul Reynaud a rétorqué que le déficit atteignait 800 milliards. En mars dernier, quand l'expérience Pinay prenait le départ, bien que nous en soyons pas dans le secret des Dieux, nous avions, nous, parlé de 700 à 900 milliards probables. Mais, comme on le sait et comme il se doit, nos supputations et notre opinion comptent peu: nous n'avons pas qualité pour discuter de ces choses!

Toujours est-il qu'étant partis en vacances pour trois mois et demi, les députés se trouvent aujourd'hui dans l'obligation de faire trois séances par jour pour examiner le budget de 1953 dans les délais impartis. Le règlement de la profession ne comportant que deux séances par jour - et encore: sans obligation aucune d'y assister - cela fait une séance supplémentaire. Or, chaque séance supplémentaire coûte la bagatelle de deux à trois millions: nous ne sommes donc pas très loin de la vérité si nous nous mettons à penser que nos députés partent en vacances pour pouvoir faire des heures supplémentaires, c'est-à-dire améliorer encore leur budget particulier au détriment de celui de la Nation. Si on tient compte, par ailleurs, qu'ils ne sont pas plus obligés d'assister aux séances supplémentaires qu'aux séances ordinaires, on est bien obligé de convenir qu'il s'agit, là, d'un argent facilement gagné. En général, la séance supplémentaire est l'alibi du député qui va rejoindre sa maîtresse - la séance ordinaire aussi, notez bien - ce pourquoi il est payé au tarif double. Et vive la République!

Le plus beau de l'histoire, c'est qu'à ce rythme et à ce prix, le budget ne sera quand même probablement pas voté le 31 décembre. Peut-être arrivera-t-on à définir les dépenses, mais il restera les ressources correspondantes à trouver. Le débat qui oppose les partisans de l'emprunt aux partisans de l'impôt n'est donc pas à la veille d'être clos.

A propos des dépenses où nous en sommes seulement, ça ne va déjà pas si bien: on parlait récemment de crise ministérielle, mais, qui veut prendre la succession?

C'est qu'elle n'est pas jolie, la succession!


La politique économique et sociale

J'avais pensé que M. Pinay ne pourrait pas échapper à un examen sérieux des résultats de son expérience, au moment du vote du budget de 1953, c'est-à-dire en novembre-décembre. J'étais un naif. Le métier de président du Conseil a des ressources diplomatiques dont le commun des mortel ne peut avoir aucune idée. C'est ainsi qu'à la rentrée parlementaire, les discussions ont été adroitement orientées vers les problèmes extérieurs et particulièrement vers le problème du réarmement allemand, ce qui a permis d'alimenter la presse avec ce qu'il a été convenu d'appeler "le cas Schumann". Or, le cas Schumann, c'est la bouteille à l'encre, on en peut discuter pendant des années sans épuiser le sujet. C'est d'ailleurs ce qui se passera: à la moindre alerte, au moindre signe qui permettra de penser que la situation économique et sociale de la nation risque de venir sur le tapis, M. Pinay fera poser par un complice "le cas Schumann" et, complaisamment, les 619 muets du sérail décideront que les problèmes extérieurs ont la priorité.

Et l'économie française, lentement mais sûrement, continuera d'évoluer dans les voies de l'asphyxie.

Mais, se poussant du col, M. Pinay pourra, lui, continuer à nous abreuver de ses rodomontades.

Un jour viendra sûrement où il faudra déchanter, mais quand?

Et dans quel marasme?

Pour l'instant, il n'est encore possible de trouver aucun crédit dans l'opinion, si on met en cause l'expérience Pinay. Il faut bien en convenir: l'homme trouve des échos favorables, jusque dans les sphères de la population où il en devrait trouver le moins. J'ai, pour ma part, entendu des syndicalistes, des socialistes et non des moindres, non pas vanter l'expérience Pinay, mais dire qu'il n'y avait pas autre chose à faire et qu'il en sortirait sûrement quelque chose...

Pourtant, comment ne pas se rendre à l'évidence?

Au risque de me répéter, l'expérience Pinay postulait l'équilibre du budget, le coup d'arrêt à l'inflation, la baisse des prix, le remplacement de l'impôt par l'emprunt.

L'équilibre du budget? M. Paul Reynaud, président de la commission des finances, nous dit qu'il y a 800 milliards de déficit.

L'arrêt de l'inflation? Quand M. Pinay a pris le pouvoir, 1864 milliards de billets étaient en circulation: nous approchons de 2100. Le rythme de l'augmentation est par conséquent le même que sous les gouvernements précédents.

La baisse des prix? Les locomotives baissent, les avions baissent, les tanks baissent, le papier baisse, les services n'augmentent pas, mais le pain ne baisse pas, la viande ne baisse pas, le vin ne baisse pas, le beurre monte, le lait monte, l'huile monte, etc., etc. L'indice général est calculé sur 213 articles dont 200 au moins n'entrent pas dans la composition du budget familial de l'ouvrier. Dans ce domaine, ce qui est sûr, c'est qu'il y a une baisse à peu près générale des prix de gros sur le marché mondial mais cette baisse n'arrive pas à descendre dans les prix de détail sur le marché national et la ménagère revient toujours du marché en récriminant à juste titre. Encore faut-il préciser que cette baisse des prix de gros sur le marché mondial n'est pas le fait de M. Pinay mais de la conjoncture.

Le remplacement de l'impôt par l'emprunt? On a vu ce qu'il en a été, péniblement, le gouvernement a trouvé 195 milliards quand il en escomptait 580. Il reste en outre qu'il est impossible, maintenant, de renouveler l'opération.

Par contre, l'indice de la production industrielle qui atteignit 153 par rapport à 1938 est aujourd'hui au-dessous de 140 et nous abordons une crise de chômage. Le maintien du pouvoir d'achat à un niveau excessivement bas en est la cause: la masse des consommateurs n'a cessé de réduire encore son maigre train de vie.

C'est clair:

Quand quelqu'un cesse d'acheter,

Quelqu'un cesse de vendre.

Quand quelqu'un cesse de vendre,

Quelqu'un cesse de produire.

Quand quelqu'un cesse de produire,

Quelqu'un cesse de travailler.

Quand quelqu'un cesse de travailler,

Quelqu'un cesse de gagner.

Quand quelqu'un cesse de gagner,

Quelqu'un cesse d'acheter.


Ainsi se ferme le cercle.

A continuer dans cette voie, on ne saurait manquer d'obtenir des résultats catastrophiques.

Si on tient compte que toutes les entreprises se mettant d'un seul coup à produire moins avec le même outillage et les mêmes frais, produisent par conséquent à un prix plus élevé, on conviendra que ceci n'arrange pas les choses. C'est ainsi qu'en un temps où tout baissait sur le marché mondial, les entreprises françaises n'ont pu suivre le mouvement: il en est résulté un ralentissement dans le rythme de nos exportations et un accroissement de notre déficit à la banque des règlements internationaux.

Ce déficit, il faudra bien un jour le prendre en compte, c'est-à-dire le faire entrer dans le budget de la nation. En même temps, il faudra aussi prendre en compte le chômage et les moins-values qui sont la conséquence de la mévente. Par l'emprunt, il ne peut en être question. Alors, par l'impôt et nous nous retrouverons au point de départ de l'expérience Pinay.

Pour le jour où nos députés prendront conscience de cela, on peut prédire une hausse des prix qui dépassera tout ce qu'on peut imaginer. Nous paierons d'un seul coup l'addition que les autres gouvernements avaient pris l'habitude de nous présenter à doses moindres mais répétées.

Ce qu'il y a de changé?

C'est précisément ce que je vous demande...


En attendant...

En attendant, les journalistes de talent dont, chaque matin la radio vante les mérites, en sont réduits aux ressources de leur imagination qui est ce qu'elle est. Le type du genre est M. Emile Servan-Schneider, des Echos, qui a ses grandes et ses petites entrées dans les conseils du gouvernement.

Voici donc ce qu'écrivait cet homme dont l'opinion compte:

 

Dans le même temps que M. Servan- Scheider écrivait ces choses, il y en avait un autre qui est ministre de la reconstruction et de l'urbanisme et qui en disait autant du logement: "Le Français ne consacre pas assez à son logement et toutes les raisons de la crise sont là."

Mon marchand de primeurs prétend que le Français consacre une trop petite part de son budget à l'achat de fruits et que c'est pour cette raison qu'il faut faire un alcool coûteux

Bientôt, le vigneron du midi protestera parce que la Français consacre une trop petite part de son budget à l'achat du vin!

Pauvre budget familial! En somme, l'ouvrier français y consacre une trop petite part à l'achat de tout. Mais M. Baumgartner, gouverneur de la Banque de France, prétend, lui, que les Français dépensent trop.

Allez vous y reconnaître!

Surtout si vous voulez bien penser que le budget familial de l'ouvrier français tourne autour d'une moyenne de 20.000 fr. par mois quand il n'y a pas de chômage.

Admirez donc avec moi les talents de cet ouvrier qui réussit à la fois à y faire entrer trop de choses selon les uns et pas assez selon les autres.


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