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LE DOIGT SUR LA DÉTENTE

 par Paul Rassinier

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Défense de l'Homme, numéro 80, juin 1955, p. 2-5 et 18-20. 

L'actualité diplomatique

  Qu'il n'y ait pas de différences fondamentales entre la C.E.D. et les accords de Paris, n'est, maintenant, plus contesté par personne : un même événement peut donc, selon les circonstances, mettre l'opinion en émoi ou la laisser indifférente, porter Mendès-France ou Edgar Faure au pouvoir.

 Tout est affaire de circonstance.

 Or, dans un pays où la presse est payée et n'existe que pour les fausser dans l'esprit du pauvre monde, les circonstances, on ne les connaît jamais qu'après coup.

 Encore n'a-t-on quelque chance d'arriver à les bien démêler, même longtemps après coup, qu'en commençant toujours par se demander qui paie la presse.

 C'est le fil d'Ariane mais un fil très difficile à suivre, en ce sens qu'il est souvent coupé car, si ce sont toujours les mêmes qui reçoivent, ce ne sont pas toujours les mêmes qui paient.

 Quand M. Pleven est au Pouvoir, cela signifie que les affaires des banques américaines vont mieux que celles des autres, qu'elles ont réussi à l'y installer et qu'elles « arrosent » pour que cela dure. Quand M. René Mayer y est, c'est le tour de Rothschild, un tandem Pleven-René Mayer signifiant une association Rothschild-Monnet sur le plan bancaire. Si M. Mendès-France « arrive », il faut le mettre au compte d'une combinaison Lazard-Gradis-Servan-Schreiber qui l'a emporté sur les autres dans les affaires et qui « arrose » à son tour. Dans un précédent numéro de cette revue, j'ai indiqué que M. Edgar Faure avait été porté au Pouvoir par une combinaison bancaire du type synarchique montée par les banques Worms, Lazard, Rothschild -- les banques américaines s'y étant ralliées.

 La politique du Pouvoir est donc, par l'intermédiaire de l'équipe qui l'assume, celle de la banque ou de la combinaison bancaire qui la soutient, la presse «  arrosée » ayant pour mission de lui gagner la faveur de l'opinion.

 Corollaire à ce théorème : pour bien connaître la nature et les desseins d'une équipe au Pouvoir, il est nécessaire de bien connaître la banque ou la composition du groupe bancaire qui la soutient et surtout ses intérêts du moment.

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  De ce qui précède, le lecteur aura sûrement déduit que, sur la définition marxiste du capitalisme, je fais les mêmes réserves que, voici quelques mois, Lyg fit ici même sur la définition marxiste du prolétariat. Au vingtième siècle on ne sait pas plus ce qu'est exactement le capitalisme qu'on ne sait exactement ce qu'est le prolétariat, la seule chose dont on soit sûr c'est qu'à leur propos l'Histoire a donné à Marx un démenti éclatant.

 C'est la Société anonyme qui a pris le Marxisme en défaut. Les couches les plus favorisées du prolétariat ont pu y placer leurs « économies » et devenir autre chose que des prolétaires tout en continuant à en revendiquer la qualité. Les autres couches s'y sont placées elles-mêmes à des salaires savamment hiérarchisés. Ainsi a changé la structure sociale de cette classe dans laquelle sont nées, au fur et à mesure, les oppositions d'intérêts les plus diverses qui en ont fait tout autre chose que ce qu'elle était à l'origine. Quant au capitalisme lui-même, la Société anonyme l'a orienté vers la structure bancaire par le canal du cartel, du trust, du consortium, etc. A la fabrique d'il y a cent ans, qui était entre les mains de son patron -- ou tout au moins d'un très petit nombre de patrons associés -- a succédé la grande usine dans la forme de la S.A. intégrée dans un cartel, un trust ou un consortium, dont une banque ou un groupe bancaire est, sinon toujours en droit, du moins toujours en fait, propriétaire par le jeu du crédit.

 Proudhon rêvait d'un monde matériel enserré dans une toile d'araignée de petites communautés autonomes fédérées entre elles: moins de cent ans après lui, c'est l'Humanité qui est enserrée dans une toile d'araignée de banques dont les relations entre elles sont ce que seraient celles de pêcheurs qui se disputeraient des bancs de poissons sur une mer déchaînée.

 Les grandes banques ont absorbé les petites et fini, après avoir conquis le pouvoir économique, par conquérir aussi le pouvoir politique à l'échelle d'un ou de plusieurs Etats.

 Ainsi s'explique la naissance et le développement des Blocs dont les intérêts se heurtent en définitive sur le plan bancaire.

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  A une époque qu'on peut situer vers le milieu de la première guerre mondiale (« Lafayette, nous voici ! ») les États-Unis se sont élancés à la conquête des marchés mondiaux : cette nécessité résultant de leur extraordinaire développement économique était devenue une nécessité bancaire. L'Union des banques américaines fit un premier faux-pas pour avoir été trop goulue (Investissements massifs en Allemagne vaincue, tâtonnements en Afrique noire, hésitations en Asie, franc Poincaré en France en 1926, etc.) et ce fut le krach de Wall Street en 1929. Elle en fit un second en 1939 : pour mieux garder la mainmise sur l'Europe, elle perdit l'Asie qu'elle négligea. Au lendemain de cette guerre, elle crut tout récupérer par les accords monétaires de Bretton Woods mais l'Asie, seul client profitable possible et par ailleurs fort disputé, manquant de plus en plus, le calcul s'avéra faux.

 Par ailleurs, malgré la perspicacité et l'adresse de M. Georges Monnet son représentant en Europe, elle se heurta aux intérêts de vieux groupes bancaires européens auxquels les tentatives d'absorption qu'elle esquissa contre eux n'échappèrent point. L'accession au Pouvoir de M. Mendès-France traduisit, c'est sûr, les oppositions d'intérêts des banquiers français entre eux mais aussi et surtout une hostilité des plus importants de ceux-ci à l'emprise croissante de l'Union des banques américaines, par lesquelles, en raison de leurs intérêts particuliers en Indochine, les Rothschild furent à peu près seuls à ne point se sentir offensés.

 La démission sensationnelle de M. Georges Monnet de la direction du Pool charbon-acier signifia clairement aux banquiers européens que s'ils s'engageaient dans cette voie, ils n'auraient plus à compter sur le crédit américain.

 Chose curieuse, c'est la banque Worms -- réprouvée, mise à l'index et tenue à l'écart du Pouvoir depuis la Libération en raison de son attitude sous l'occupation -- qui, la première, s'émut. Elle noua les contacts nécessaires. M. René Mayer se souvint des services qu'elle rendit aux Rothschild jusqu'en 1943 et M. Wilfrid Baumgartner, gendre de M. Mercier, de ses succès d'avant guerre dans le domaine de la synarchie. Forte elle-même de ses attaches en Angleterre, aux Pays-Bas et en Allemagne, des succès au Parlement de ses poulains réhabilités par de Gaulle et de sa prospérité que rien n'avait réussi à enrayer, elle n'eut point de peine à s'imposer. Elle en eut d'autant moins que la nature de la paix obtenue en Indochine et l'agitation croissante en Afrique du Nord disloquait lentement mais sûrement le groupe de banques dont M. Mendès-France avait un moment concrétisé les intérêts.

 L'entente se réalisa en politique intérieure sur le plan d'expansion économique (sic) de M. Edgar Faure, en politique extérieure sur le texte des Accords de Paris.

 Seuls refusèrent d'y entrer les Gradis et les Servan-Schreiber intéressés au Maroc, en Indochine et en Chine, donc décidés à faire des grâces à la Russie.

 M. Mendès-France ayant perdu sa majorité bancaire, sa majorité politique devait s'effriter à son tour.

 M. Edgar Faure le remplaça.

 M. Pflimlin remplaça M. Edgar Faure.

 Et M. Georges Monnet put offrir de reprendre sa place à la tête du Pool charbon acier, ce qui signifiait que le crédit américain était de nouveau acquis à la politique extérieure de l'Europe occidentale dont la France est le pivot. On lui préféra M. René Mayer qui vient de fonder à Paris une banque où les intérêts des Rothschild et des Lazard sont associés.

 L'entente n'en est que plus solide. En tout cas, les assauts de politesses que se sont faits MM. René Mayer et Georges Monnet prouvent surabondament qu'il ne s'agissait pas d'une compétition dans l'acception habituelle du terme. Et, si la direction du Pool charbon acier passe des banques américaines aux vieux groupes bancaires européens, il s'agit à coup sûr d'une concession que les Américains ont faite de très bonne grâce.

 Comme celles dont il est question plus loin.

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  C'est sur ce point qu'il faut insister : l'entente réalisée autour du texte des Accords de Paris est, en effet, beaucoup plus solide qu'elle ne l'eût jamais été autour du projet de C.E.D. Par les Worms y sont entrés des groupes financiers qui étaient dans l'autre camp pendant la dernière guerre (Belgique, Hollande, Allemagne) ou qui jouèrent « la victoire de l'Allemagne au comptant et sa défaite à terme » (Worms eux-mêmes et leurs sous-comptoirs français). Le récent voyage de M. Pinay en Allemagne a mis ces choses en évidence.

 Si l'esprit de Résistance et de Collaboration vit encore quoique singulièrement anémique chez les éternels jobards dont on fait de la chair à canon, on a, maintenant, à l'échelon de la finance, définitivement passé l'éponge : l'acuité qu'avait prise la lutte contre le bolchévisme et la nécessité de l'amener éventuellement, à se battre sur deux fronts obligeaient à ces réconciliations.

 Pris au dépourvu par l'affaire Mendès-France, les Américains ont eux-mêmes fait des concessions importantes aux vieux groupes bancaires européens : ils sont allés jusqu'à ne plus se déclarer offusqués par la politique pétrolifère française qui les agaçait en leur faisant concurrence sinon sur le plan industriel lui-même, du moins sur le plan boursier et c'est sans la moindre hésitation qu'ils ont consenti à ce que M. Edgar Faure découvre du pétrole un peu partout sur le sol français, renoncé à l'absorption d'Esso et à transformer en véritable krach le fléchissement boursier du 13 mai dernier qu'ils avaient justement provoqué à partir des valeurs pétrolières françaises.

 Qu'est-ce, en effet, qu'Esso en comparaison du marché asiatique ? Ils n'ont pas insisté.

∞∞∞∞∞∞∞∞∞

  A l'acharnement des occidentaux à se constituer en deuxième front a correspondu l'acharnement russe à les en empêcher après les y avoir acculés.

 Tels sont les impératifs de la politique de la force.

 Le bloc soviétique n'a pas moins que les États-Unis besoin du marché asiatique : il le dispute aujourd'hui aux Américains avec la même âpreté qu'il le disputait jadis aux Japonais.

 Par des procédés identiques.

 Comment ces procédés se traduisent sur le plan bancaire de l'autre côté du rideau de fer est un secret qu'il est pour longtemps encore impossible de percer. On sait cependant qu'il s'y traduit et la récente aventure du Consortium du Nord enfoncé comme un coin dans les services de propagande atlantique l'atteste.

 De part et d'autre, ce fut donc une épreuve de force et il faut reconnaître que, dans le cadre de cette épreuve, la signature des Accords de Paris a été le premier échec de la diplomatie russe depuis dix ans.

 Mais...

 Mais la diplomatie russe qui, depuis dix ans avait l'initiative et qui ne perdait pas de vue son objectif numéro 1 : les discussions en tête à tête avec les É.-U. pour le partage du Monde sur le thème de la coexistence pacifique, était tout de même encore assez riche de ressources pour ne pas rester sur cet échec, et ce furent successivement le Traité de Paix autrichien, la Conférence de Bandoeng et la reprise des relations avec Tito qui furent autant de succès incontestables et qui placèrent à nouveau la diplomatie occidentale en situation délicate.

 Ainsi est remonté au jour le dogme de la coexistence pacifique sur initiative soviétique dans le cadre de la politique de la force, ce qui n'est pas un paradoxe banal.

 Les Occidentaux ne pouvaient pas ne pas entrer dans le jeu : il est indiscutable que, dans leur clan, l'opinion publique croit dur comme fer à la possibilité d'une coexistence pacifique entre tous les États ou blocs d'États et, d'autre part, avec le Traité de Paix autrichien et la Conférence de Bandoeng, les Russes ont mis en marche des idées-forces, dont le développement est susceptible de transformer complètement la structure du Monde à leur détriment sur le plan stratégique.

 On parle donc d'une conférence à quatre, un cinquième étant dans l'antichambre.

 Et on prépare activement cette conférence.

 C'est la détente.

 Une détente sur laquelle, ainsi que le conseillent tous les règlements militaires, tout le monde a le doigt.

 Face à face.

 Et, sinon dans la position du tireur couché ou debout, dans celle du lanceur de bombes atomiques.

 

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L'ACTUALITE ECONOMIQUE ET SOCIALE

 

Production en baisse

 L'indice de la production industrielle qui avait atteint 171 en janvier dernier (contre 159 en janvier 1954) et y était resté jusqu'à fin mars est brusquement descendu à 169 en avril et a continué en mai, à tel point qu'on n'a pas encore osé le publier.

 Le plus quinaud dans cette histoire est M. Edgar Faure dont le programme d'expansion économique est dans les choux.

 C'était à prévoir, pourtant.

 L'optimisme des politiciens était né de la reprise inespérée de 1954. Or, en 1954, trois causes aujourd'hui à peu près annihilées étaient à l'origine de la reprise : les commandes « off shore », les constructions de logements et deux hausses de salaires.

 Les commandes « off shore » ont pratiquement cessé depuis six mois, la construction des logements d'habitation s'essouffle et quant aux hausses de salaires, celle du rendez-vous d'avril a été quasi-insignifiante.

 Nous sommes donc une fois de plus dans l'impasse à laquelle nous condamnent tous les six mois des structures périmées que personne ne veut changer, ni dans le clan patronal, ce qui se conçoit, ni dans le clan ouvrier où l'on continue à palabrer sur les mesquines questions d'ajustements des indices de salaires.

 

Soyons optimiste cependant...

 Le 14 juin dernier, M. Barseilhac, Directeur général, et M. Bret, Directeur des services financiers des charbonnages de France, ont tenu une conférence de presse.

 Voici ce qu'a dit le Directeur général :

« Il y a deux ans à pareille époque, lorsque pour la première fois j'ai eu le plaisir de vous accueillir à l'occasion du lancement de l'emprunt 1953, je vous citais -- comme indice et comme symbole des heureux effets de la politique de progrès et d'investissements menée dans les houillères françaises -- le chiffre du rendement fond pour le premier trimestre 1953 : 1.4000 kgs à comparer aux 1.227 kgs de 1938. Il y a un an, à l'ouverture de l'emprunt 1954, je vous annonçais 1.493 kgs. Pour le premier trimestre de l'année 1955, un chiffre qui marque la même continuité dans le progrès : 1.500 kgs. Cet accroissement magnifiquement régulier est confirmé mois après mois ; en mai le cap de 1.600 kgs a été franchi. Les houillères françaises, malgré le handicap d'un gisement difficile, occupent désormais la première place dans la compétition européenne. »

 Il est vrai qu'il s'agissait de lancer un nouvel emprunt et qu'en pareille occurence, pour « pomper » l'argent de l'épargne, il faut toujours être très optimiste.

 Mais nous aurions tout de même tort de ne pas utiliser les chiffres que produit la bourgeoisie.

 Ainsi donc, la productivité est passée de 1.400 kilogs par jour à la fin de 1953 à 1.600 kgs en mai 1955, soit une augmentation de 15 % en 18 mois.

 Question: la pouvoir d'achat des mineurs -- je ne parle pas des salaires, mais du pouvoir d'achat, c'est-à-dire des salaires comparés aux prix -- a-t-il été augmenté de 15 % pendant le même temps?

 A cette question, il est encore prématuré de vouloir répondre, aucune statistique sérieuse n'ayant encore été publiée. En temps voulu, nous n'y manquerons pas. Dès maintenant, bornons-nous à dire que les plus optimistes des économistes distingués et des politiciens pour discours dominicaux, parlent d'une augmentation de la masse salariale de l'ordre de 6 % pendant le même temps -- des salaires et non du pouvoir d'achat.

 

Et restons-le, surtout !

 A fin mai, l'indice des prix de gros est passé à 137 (base de 100 en 1949) contre 134,8 en avril, soit une hausse de 1,6 %.

 L'augmentation la plus sensible a porté sur les produits alimentaires (de 122 à 128,1 soit 5 %)

 Comme toujours.

 Sans commentaires : tout le monde sait bien que cette hausse des prix de gros se répercutera avec usure au détail.

 Et les salaires ? On n'en parle pas.

 On nous dit que les fonctionnaires s'émeuvent, qu'ils vont engager une action et que, peut-être, la classe ouvrière suivra.

 Bataille en ordre dispersé, comme toujours aussi, -- hélas !

 Réédition d'août 1953, au mieux.

La baisse des prix

 Sur les marchés mondiaux, le prix du café vert a baissé de 400 fr. par kg.

 On était donc en droit de s'attendre à ce qu'il baisse aussi sur le marché intérieur français.

 Las !

 Du coup notre ministre des Finances a décidé que la taxe qui était de 60 fr. par kg. serait portée à 120 fr.

 Et passez, muscade !

 

Un bon budget

 C'est le budget militaire.

 Il devait être déposé le 11 juin sur le bureau de l'Assemblée nationale (avec 6 mois de retard, déjà!) et, à notre connaissance, il ne l'a pas été.

 A quoi bon d'ailleurs ? Les députés étaient en vacances en raison des élections sénatoriales. Pour ce qui est de la date à la quelle il sera déposé, personne n'en sait rien.

 Ce qu'on sait, c'est qu'il sera rondelet : 996 milliards, soit 29 % du budget total, l'enseignement, la reconstruction, etc... devant se contenter d'un pourcentage oscillant entre 8 et 15 %.

 En novembre 1954, on avait prévu une augmentation de 60 milliards par rapport à celui de l'année en cours. Puis il y a eu l'Indochine et les événements d'Afrique du Nord, alors on a prévu 400 milliards supplémentaires.

 Le budget militaire de 1995, année de détente, sera donc en augmentation de 460 milliards sur celui de 1954, année de tension.

 

Explication

 Les actionnaires du Crédit Lyonnais se sont réunis au début de juin et la direction assez pessimiste sur l'évolution économique prévue par Edgar Faure, leu a donné les raisons de sa prudence en affaires :

« Si le classement des principaux pays d'après les progrès accomplis en 1954 donne à la France un rang très honorable, il n'en résulte qu'une atténuation modeste du retard accumulé depuis vingt-cinq ans par rapport aux autres nations industrielles. Nous ne dépassons guère que de 20 % le niveau de 1929, alors que depuis cette époque l'Angleterre a augmenté sa production d'environ 70 % et les Etats-Unis ont plus que doublé la leur. »

 Parbleu !

 En Angleterre et aux Etats-Unis -- même en Hollande ! -- le travail est fait par des machines.

 En France, la curetaille du M.R.P. a réussi à convaincre à peu près tous les partis politiques que la main-d'oeuvre était préférable à la machine.

 Alors, tandis que les autres pays se montent en machines, nous achetons des enfants -- au prix fort.

 

La convertibilité

 C'est le retour à la possibilité déchanger librement toutes les monnaies sur les marchés extérieurs. Naturellement, elle comporte automatiquement la libération des échanges, c'est-à-dire le retour à la libre concurrence.

 On en parle depuis 10 ans et, au cours de ces 10 années, on a réussi à libérer les échanges dans la proportion de 75 %, ce qui a fait que le déficit de notre balance commerciale a été, pour l'année 1954, de 81 milliards de francs dans la zone dollars et de 241 milliards dans la zone sterling.

 On explique ce phénomène en disant que les prix français ne sont pas compétitifs et que, s'ils ne le sont pas, il en faut rechercher la cause dans les charges sociales qui pèsent sur les salaires.

 On se garde bien de dire que la première raison de cet état de fait se trouve dans les accords de Bretton Woods (1945) qui ont fixé la valeur du franc à un niveau bien supérieur à sa valeur réelle (environ deux fois). Placés pour acheter, nous ne le sommes pas pour vendre et, le serions-nous que nous n'aurions rien à vendre, tous les pays du monde produisant chez eux, tout ce que la France pourrait leur vendre ou à peu près.

 Notre équipe dirigeante ne s'avance donc pas avec beaucoup de prudence en direction de la convertibilité des monnaies.

 L'Allemagne, par contre y est très favorable : sa balance commerciale lui laisse bon an mal an 200 milliards de francs d'excédents, elle dispose d'une réserve d'or d'environ 2 milliards 1/2 de dollars ; elle va participer aux commandes « off shore » pour le volume équivalent à ce que perd la France, enfin sa trésorerie intérieure va s'alléger des frais d'occupation qui étaient jusqu'ici de 600 milliards de francs par an.

 La Hollande dont le florin est une monnaie aussi forte que le mark est dans une disposition d'esprit analogue.

 L'Angleterre, qui a pris toutes dispositions utiles pour protéger la livre, aussi.

 Et même la Belgique.

 Nous allons être en belle posture lorsque, de toute l'Europe occidentale, nous serons les seuls à opposer nos frontières à la libre circulation des marchandises !

 En réalité, cette position ne sera pas longtemps tenable et, un jour ou l'autre, nous nous trouverons dans l'obligation de céder à la pression des autres qui ne voudront pas laisser circuler le peu que nous avons à vendre chez eux si nous ne leur rendons pas la politesse.

 Alors, dans tous les domaines, nous serons acculés à des opérations onéreuses comme celles que nous faisons déjà depuis un certain temps sur le vin, l'alcool, la viande, le sucre, etc.

 Le jour où nous ne pourrons pas éviter de la faire sur les produits industriels ce sera la débâcle.

 A moins qu'une guerre ne vienne à temps pour la troisième fois sauver la situation !

 

Beau travail !

 Selon Les Études sociales et syndicales (Directeur : Claude Harmet), de 1947, date de la reprise de l'action syndicale en France, à 1954, le nombre des grèves partielles est passé de 2.285 (englobant 6.561.000 grévistes) à 1.454 (englobant 1.308.000 grévistes)

 Même en 1953, année des célèbres grèves d'août qui firent un instant penser à la grève générale, il n'y eut que 1.785.000 grévistes pour 1.761 grèves.

 La combattivité ouvrière s'émousse.

 Telle est la vertu de la grève partielle dont on pouvait encore attendre des résultats substantiels avant la guerre de 1914 mais contre laquelle le Pouvoir a pris tant de précautions inscrites dans les lois qu'en 1955 il n'y a plus rien à attendre que de la grève générale.- P.R.

 

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Une conférence de militants syndicalistes

 

 Des militants syndicalistes de différentes centrales se sont réunis à Paris en se fixant pour mission :

 1° de faire le point de la situation sociale en France ;

 2° de faire l'inventaire des situations régionales et professionnelles, le bilan des forces, des faiblesses et des possibilités du mouvement syndical ;

 3° l'étude des problèmes essentiels :

      a) de la revendication à la participation ouvrière ;

      b) possibilités d'action des militants à la base ;

 4° la définition d'une politique syndicale ouvrière ;

 5° l'organisation du travail en commun entre les militants des différentes centrales.

 A l'issue des débats, une résolution a été adoptée à l'unanimité. Le moins qu'on en puisse dire, c'est que, par sa substance, elle ne répond pas aux prétentions de l'ordre du jour.

 Le dernier paragraphe est même d'une rare insuffisance dans la représentation qu'il donne de la destruction du mouvement ouvrier, et la terminologie marxiste qu'il emprunte pour caractériser l'évolution du capitalisme n'a rien de rassurant.

 L'esprit dans lequel cette conférence avait été conçue, est toutefois excellent.

 La multiplication des rencontres de ce genre est à encourager. Mais attention aux « vedettes » des mouvements déchus, qui ne manqueront pas de vouloir s'y infiltrer. -- P.R.


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